Étudier le nu est la base de l’enseignement et de la pratique dans les écoles d’art. Il a fallu attendre le 18ème siècle pour que les artistes femmes aient le droit d’accéder à l’étude des corps dans leur plus simple appareil. 3 siècles plus tard, les inégalités ne sont plus dans la formation des artistes, mais dans leur représentation et leur rémunération. Et elles sont flagrantes.
Des inégalités toujours très marquées
Aux États-Unis, 51 % des artistes sont des femmes. Elles gagnent 81 centimes pendant que leurs homologues hommes gagnent 1 dollar. En 2018, sur les 100 artistes les plus influents dans le monde de l’art contemporain, 40 sont des femmes. Sous-représentées, elles sont donc moins influentes que les hommes.
Et cette sous-représentation des femmes dans l’art est palpable tant dans les musées que dans les expositions. En effet, sur les 18 musées les plus importants des États-Unis, 87 % des artistes représentés sont des hommes et 85 % d’entre eux sont blancs. Ces chiffres dressant le profil des artistes en vogue.
Du côté des expositions publiques ou commerciales, sur les 820 000 dénombrées au pays de l’Oncle Sam en 2018, seulement un tiers d’entre elles mettent des femmes artistes en avant.
De même, sur les 3050 galeries d’art répertoriées par Artsy, 10 % d’entre elles ne représentent pas du tout de femmes artistes et seulement 8 % d’entre elles représentent plus de femmes que d’hommes. 48 % de ces galeries représentent 25 % ou moins de femmes.
Les galeries commerciales américaines mettent en avant 30 % de femmes artistes, contre 40 % en Australie, 25 % en Chine et 22 % à Hong Kong. En Allemagne, moins de 20 % de femmes artistes sont représentées en galerie d’art.
Des inégalités du côté des salariés
Si du côté des salariés dans le monde de l’art, les femmes sont sur-représentées, elles accèdent toutefois moins à des postes de direction que les hommes. Et quand elles y arrivent, on note des inégalités de salaires.
En effet, à la tête d’un musée, une femme gagne 25 % de moins qu’un homme, pour le même poste et les mêmes responsabilités.
Les inégalités flagrantes sur la côte des artistes
En 2014, s’est vendue l’œuvre la plus chère créée par une femme. Jimson Weed/White Flower de Georgia O’Keeffe a été vendue pour 44.4 millions de dollars, battant ainsi tous les records, pour une artiste femme.
Du côté des hommes, le record a été atteint en 2017 avec la vente d’une oeuvre de Léonard de Vinci, Salvator Mundi. Les enchères s’étaient envolées et la pièce adjugée pour 450.3 millions de dollars, pulvérisant le record jusqu’alors détenu par la vente d’un Picasso pour un montant de 170.4 millions de dollars.
Pour les artistes vivants, l’écart est tout aussi visible et criant. En 2018, Jenny Saville est devenue l’artiste femme ayant vendu la pièce la plus chère de son vivant pour un montant de 12.4 millions de dollars, lors d’une vente aux enchères. La même année, David Hockney avait vu une de ses œuvres s’envoler pour 90.3 millions de dollars. Une différence de presque 80 millions de dollars entre deux artistes de sexe opposé.
Chez les architectes, les hommes là aussi règnent en maître. Seulement 7% d’architectes femmes se sont vues décerner le fameux Pritzker Price. De même, seulement 3 % de femmes ont reçu la « médaille d’or » du célèbre American Institute of Architects.
Quel que soit le champ artistique, en 2019, les hommes ont toujours des opportunités plus marquées que les femmes d’exposer leurs oeuvres, voir leur côte s’envoler, et de fait, être reconnus. Le mouvement #WomenInCulture est là pour rappeler ces inégalités et pour encourager les femmes à s’inscrire encore et toujours dans le monde de la culture.
Source : National Museum Of Women In The Arts