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La designer franco-mexicaine de Cihuah rêve de New York

Vanessa GuckelVanessa Guckel
La designer Vanessa Guckel
Écrit par JC Agid
Publié le 9 décembre 2019, mis à jour le 9 décembre 2019

C’est l’histoire d’une française aux cheveux bouclés et blonds qui s’installe il y a plus de dix ans au Mexique où les femmes ont davantage les cheveux foncés et droits. C’est l’histoire d’une entrepreneuse, un temps architecte, devenue styliste de mode. C’est l’histoire d’un rêve que Vanessa Guckel, fondatrice de la marque Cihuah, vient raconter cette semaine à New York, à l’invitation de la créatrice des sacs Ingrid Bruha.

 

« Mon souhait était de faire partager avec mes clients et amis une de mes nombreuses rencontres au Mexique, où j’avais été invitée à participer à l’édition 2019 de LuxuryLab » explique Bruha. « Le travail de Vanessa m’a tellement séduite que je lui ai proposé de venir présenter quelques pièces de sa collection dans mon atelier de Chelsea et de partager avec nous une histoire qui se façonne au gré de ses voyages, ses rencontres, ses inspirations et son regard engagé sur notre environnement. »

 

L’histoire de Guckel est d’abord celle d’un dos fragile frappé d’une cyphose et d’une scoliose qui ne lui laissent d’autres choix que celui d’une lourde chirurgie à l’âge de 16 ans. « On a placé sur ma colonne vertébrale des pièces en titanium et acier inoxydable pour corriger ma posture. J’ai d’abord vécu cela comme un handicap mais très vite j’ai appris à m’adapter à cette différence » explique-t-elle. « Cette expérience a été pour moi une leçon de vie, la source d’une force intérieure et le point de départ de ma vie de femme. »

Jeune architecte formée à Strasbourg, Guckel décide de s’offrir un long voyage du Mexique au Brésil. Elle ne verra jamais le Brésil car la première étape est un coup de foudre. A Mexico City, elle travaille avec des architectes parmi les plus reconnus au monde : Tatiana Bilbao - dont certains projets sont aujourd’hui conservés par le Centre Pompidou à Paris - et Fernando Romero à qui l’on doit, notamment, la structure futuriste du Museo Soumaya.

Le désir d’horizons sans cesse renouvelés entraine Guckel vers le monde de la mode. « Je cherchais à changer d’échelle, à travailler un produit et non plus un espace, tout en pouvant appliquer mes outils de conception architecturale » explique la styliste. « Surtout, je voulais continuer à travailler avec le corps humain mais avec une approche différente. Comme disait Gabrielle Chanel, ‘La mode est architecture, c'est une question de proportions. »

Guckel créé alors en 2013 la marque Cihuah dont le mot indigène signifie Femmes en Nahuatl. « Ce sont les femmes fortes et ambitieuses, celles qui transforment leurs rêves en réalité, qui m’inspirent » raconte Guckel. Elle dessine ses vêtements avec à l’esprit des ‘Cihuah’ « indépendantes, créatrices, innovantes et actrices de l’évolution de nos sociétés. » Ses créations rendent aussi hommage à l’artisanat de femmes autochtones d’Amérique Latine. Si les coupes reprennent la géométrie des vêtements traditionnels mexicains, les broderies multi-couleurs ont disparu laissant place à une vision contemporaine que seuls le noir ou le blanc symbolisent.

Vanessa Guckel

 

Le respect de l’environnement s’inscrit également au cœur de la démarche de Guckel qui décrit avec malice son activisme pour la nature. « Lorsque mes amis me rendent visite, ils ne disent pas ‘c’est beau’ ; ils disent, ‘c’est bio. » La lutte contre le plastique est une de ses obsessions. Une autre est la recherche constante de tissus écologiques. Guckel travaille avec des cotons, du polyester et du fil recyclés ; elle fait aussi attention à la provenance de ses tissus et matières premières, « notamment sur l’absence d’utilisation de pesticides » pour les produire.

Récemment, avec un ami chef - Axel Vazquez - Guckel s’est donné le défi d’inventer une nouvelle matière, entièrement biologique : le ‘bioartex’. « Nous avons développé ensemble un bio-matériel à base de produits vivants : des algues, des bactéries, de la levure, des champignons et du charbon de coco ». Le produit, expliquent les ingénieurs amateurs, présente des qualités étonnantes de résistance, de souplesse et est même hypoallergénique.

Vanessa Guckel

 

Guckel dessine alors le prototype d’un ensemble deux pièces. « La matière est organique, donc change de forme en fonction de la chaleur et de l’humidité » précise-t-elle. Placée dans l’eau, elle disparaitrait en sept jours. Pas l’idéal en cas de pluie mais efficace pour la planète car elle peut aussi être recyclée en compost. « Si on achète et on jette, autant le faire de façon consciente » ajoute Guckel, amusée. « Mais on va améliorer sa résistance et son imperméabilité tout en conservant sa qualité biodégradable ».

Déterminée et résolument inscrite dans la différence, Guckel ne cesse de transformer son histoire et ses rêves. Elle porte autour de son cou un collier de quatre vis gigantesques ornées de diamants. Ce sont les mêmes vis que les chirurgiens avaient utilisés pour redresser son dos. Guckel a ainsi créé une collection de bijoux inspirés par cette expérience, sa façon « de sublimer une douleur ou de la rendre éternelle », peut-être même un clin d’œil à l’impact sur la mode d’une autre ‘Cihuah’ devenue célèbre dans le monde entier, aujourd’hui symbole mexicain de la féminité et de la résilience : Frida Kahlo.

 

Pop-Up et rencontre avec Vanessa Guckel et Ingrid Bruha le 12 Décembre de 10 à 19 heures - 139 West 17th Street - pour plus de renseignements, écrire à : mailto:press@thirtyseveneast.com

 

Une portion des ventes de CIHUAH, des bijoux de la marque CARA LARGA et des sacs d’INGRID BRUHA sera reversée à la fondation mexicaine Reinserta qui vient en aide aux enfants qui naissent et grandissent dans les prisons mexicaines.