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La liberté d’expression des jeunes Américains devant la Cour suprême

Une adolescente américaine privée de liberté d’expressionUne adolescente américaine privée de liberté d’expression
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 29 avril 2021, mis à jour le 29 avril 2021

Le dossier pourrait avoir l’air totalement anodin : une jeune Pom Pom girl qui poste un message incendiaire sur Snapchat après avoir été refusée dans l’équipe d’élite de son lycée. Et pourtant, les 9 neufs juges de la Cour américaine vont juger jusqu’où s’étend la liberté d’expression aux États-Unis. Un dossier de taille entre liberté d’expression et harcèlement en ligne.

 

 

Les limites de la liberté d’expression

Doigt d’honneur, langage châtier, le tout furieusement publié sur un réseau social particulièrement apprécié des jeunes. Jusque-là, tout pourrait paraître insignifiant dans le monde parfois colérique des adolescents. Sauf que le message de la jeune Brandi Levy, une lycéenne de Pennsylvanie, a été repéré par son école qui en a, semble-t-il, fait une affaire personnelle.

Sous ses airs insignifiants, ce dossier est d'importance pour la liberté d'expression des jeunes Américains, mais aussi pour la lutte contre le harcèlement en ligne. En effet, au-delà du dossier de l'adolescente, les neuf juges - à majorité conservateurs - de la haute cour devront en effet dire si les responsables des écoles publiques ont le droit de sanctionner leurs élèves pour des propos tenus en dehors de leur établissement.

La jeune fille se défend : « j'avais postulé pour être pom-pom girl de l'équipe d'élite et n'avais pas été prise, ça m'avait mise en colère ». C’est la puissante association de défense des droits civiques ACLU, qui représente la jeune Brandi en justice.

De son côté, les autorités de Mahanoy, ville où était scolarisée la jeune fille au moment des faits avancent « les écoles ont le droit de réguler les conduites qui ont lieu en dehors de leurs limites mais ont des effets à l'intérieur ». Et de souligner que « les téléphones portables et l'enseignement à distance pendant la pandémie ont rendu cette frontière artificielle. »

 

« Fuck à tout »

Où s’arrête, ou plutôt, où commence la liberté d’expression pour les jeunes ? Sont-ils supposés toujours représenter leur école même en dehors des murs de celle-ci, même en dehors des horaires scolaires ? Les parents de Brandi Levy avaient saisi la justice au nom du premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression et ont obtenu raison en première instance et en appel.

Par ailleurs, l’administration Biden a apporté son soutien à la jeune fille. Pour le Parti démocrate interdire catégoriquement de sanctionner des propos tenus hors des écoles affaiblirait les efforts de lutte contre le harcèlement en ligne, un fléau croissant et ravageur. Parce que le combat est aussi là : le harcèlement en ligne, poison véritable qui se répand dans les écoles, même dans le petites classes.

En attendant, la jeune fille a reçu une énorme sanction, être privée de terrain pendant un an. Le message de Brandi « Fuck l'école, Fuck les pom-pom girls, Fuck le softball, Fuck à tout ! » Quel adolescent n’a finalement jamais tenu des propos similaires ?