Édition internationale

Pourquoi les Français sont surpris par les PDA aux USA ?

Vivre à New York en tant que Française et thérapeute de couple me permet d’observer au quotidien un choc culturel qui m’amuse souvent : les PDA (Public Display of Affection), ou gestes d’affection en public. Ce qui est naturel et spontané en France peut surprendre, voire déconcerter, aux États-Unis.

photo d'un couple à new york photo d'un couple à new york
Crédit : Hector Falcon (unsplash)
Écrit par Cyrielle Augier
Publié le 12 septembre 2025, mis à jour le 24 septembre 2025

Un peu d’histoire : d’où viennent les PDA ?

Le concept de PDA est lié à l’évolution des normes sociales. Aux États-Unis, l’héritage puritain et victorien a longtemps imposé une grande réserve dans les démonstrations d’affection publiques, afin de préserver la décence et la distance sociale. Même aujourd’hui, selon une étude de Pew Research Center, près de 45 % des Américains considèrent qu’un baiser prolongé dans la rue est inapproprié, alors qu’en France, moins de 10 % des adultes partagent cette opinion.

À l’inverse, les pays dits “latins”, comme la France, l’Espagne ou l’Italie, ont une culture du toucher très présente : bises, câlins, contacts physiques dans la rue ou lors de salutations sont courants et vus comme des signes de chaleur humaine.

 

Les Français : un peu “trop” tactiles pour New York

En France, il est normal de se tenir par la main, de faire la bise à l’arrivée ou au départ, ou d’embrasser son partenaire spontanément dans un café. À New York, ce côté “latin” et tactile peut sembler excessif. Un hug rapide ou une poignée de main reste la norme, et les démonstrations d’affection intimes sont souvent réservées à l’intimité.

 

Les codes sociaux à New York

Dans la rue et les transports
À New York, on croise des couples main dans la main, mais les démonstrations d’affection plus appuyées restent rares. Le baiser volé au coin d’une rue passe encore, mais le baiser passionné façon cinéma français attire vite les regards,  pas forcément choqués, mais intrigués. Dans le métro, où l’espace est déjà saturé, la “bulle personnelle” est sacrée : s’enlacer longuement peut être perçu comme un envahissement. En revanche, les gestes de proximité neutres (poser la main sur l’épaule, une tape amicale dans le dos) sont socialement mieux acceptés.

 

Au travail
C’est probablement le terrain où la différence est la plus flagrante. En France, il n’est pas rare que collègues et partenaires professionnels se fassent la bise pour se saler, surtout dans les environnements créatifs ou informels. À New York, la règle est claire : pas de bise. Le hug rapide est parfois accepté entre collègues proches, mais reste une marque d’amitié plus que de routine professionnelle. Dans les environnements corporate, la poignée de main reste la norme, et toute forme de contact corporel peut être mal interprétée (voire considérée comme inappropriée). Cela illustre une logique plus large : aux États-Unis, le corps au travail doit rester neutre pour éviter les ambiguïtés.

 

Dans les relations amoureuses
La ville cosmopolite oblige les couples à jongler avec des sensibilités différentes. Les couples français amènent souvent leur spontanéité : un bras autour de l’autre dans un café, un baiser tendre en sortant d’un taxi. Les Américains, eux, se montrent plus réservés, surtout en public. Le compromis se construit souvent : certains couples choisissent de limiter les démonstrations affectives en extérieur mais de renforcer les moments d’intimité privée. 

 

Les PDA dans les couples binationaux

Pour les couples franco-américains, ces différences culturelles créent parfois des malentendus ou des situations cocasses. Un Français pourra vouloir s’asseoir contre son partenaire dans un parc, tandis que l’Américain prendra un peu de distance pour se sentir à l’aise. Mais cette confrontation est aussi une opportunité d’apprendre et d’adapter son langage affectif.

 

Impact psychologique dans les couples

En consultation, je vois souvent ces écarts de codes affectifs générer des tensions :

  • Le/la partenaire français(e) peut interpréter la réserve américaine comme un manque d’amour ou de désir.
  • L’Américain(ne), à l’inverse, peut se sentir envahi ou mal à l’aise face à la tactile “latine” des Français, perçue comme “trop”.

Ce n’est pas une question de manque ou d’excès d’affection, mais de langage de l’intimité. Ce qui est naturel pour l’un demande un effort pour l’autre.

 

Conseils pratiques :

  1. Observer et comprendre les codes locaux : certains quartiers ou situations acceptent plus de liberté que d’autres.

  2. Communiquer avec votre partenaire : parler de vos besoins affectifs et de vos habitudes naturelles.

  3. Respecter la distance sociale : surtout dans les lieux publics et professionnels, pour éviter les malentendus.

  4. Transformer la différence en richesse : découvrir de nouvelles manières de se rapprocher tout en respectant l’espace de l’autre.

 

En résumé :

Les PDA (Public Displays of Affection) sont bien plus qu’une question de bisous ou de câlins en public : ils reflètent en profondeur l’identité culturelle d’un pays. En France, héritière d’une culture latine et tactile, la démonstration affective est une manière naturelle d’exprimer son lien à l’autre, qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié. La bise au bureau, les accolades amicales ou encore les couples qui s’embrassent sans retenue à la terrasse d’un café ne choquent personne.

Aux États-Unis, et particulièrement à New York, le rapport au corps et à l’espace est très différent. Le poids du puritanisme, la valorisation de la sphère privée et la codification sociale ont façonné une culture où le respect de la bulle de l’autre prime. Résultat : le hug remplace la bise, les gestes amoureux en public sont mesurés, et au travail, le contact physique est réduit au strict minimum.

Pour les couples binationaux, ces différences ne sont pas seulement des anecdotes amusantes : elles influencent la façon dont chacun exprime son amour, son désir, son attachement. Un excès de retenue peut être perçu comme un manque de passion, alors qu’une spontanéité tactile peut être vécue comme une intrusion. Mais dans cette danse interculturelle, il y a aussi un formidable terrain d’apprentissage : découvrir d’autres manières d’aimer, élargir son langage corporel, inventer un équilibre propre au couple.

Finalement, les PDA sont un miroir de nos cultures : ils nous rappellent qu’aimer ne se traduit pas de la même façon partout, et que derrière chaque geste – une main tenue, un baiser volé, un simple hug – se cache un univers de codes, d’histoires et de sensibilités. Pour les Français à New York, c’est l’occasion de rire de ces petits décalages… et de comprendre qu’au fond, le plus important reste moins la forme du geste que l’intention d’amour qu’il porte.

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