Édition internationale

À New York, Rose Barbantan mène la danse

Ses pas l’ont menée bien loin de la Provence. À 24 ans, Rose Barbantan danse son rêve américain à New York, entre spectacles, tournées et transmission.

Rose BarbantanRose Barbantan
Crédit : Richard Pelchat
Écrit par Sherilyn Soekatma
Publié le 12 août 2025, mis à jour le 2 septembre 2025

 

Partie de la maison à 14 ans pour suivre sa vocation, Rose Barbantan a dansé sur les scènes d’Europe avant de s’envoler pour la Grosse Pomme. Aujourd’hui professionnelle et membre de trois compagnies, elle jongle entre répétitions, spectacles et enseignement.

 

Un parcours bâti sur des hasards

Rose Barbantan aime raconter que son histoire est faite de « hasards » saisis au bon moment. Originaire de Provence, elle débute par le ballet, le jazz et la danse contemporaine au Conservatoire d’Avignon. À 7 ans, elle rêve déjà grand : « Je me voyais déjà sur Broadway, en train de vivre le rêve américain »

À seulement 14 ans, Rose Barbantan quitte sa famille pour intégrer le Conservatoire Annarella au Portugal. Hasard ou destinée, les rencontres et les auditions s’enchaînent. L’une d’elle, passée à Paris, l’emmène à 17 ans à New York pour un stage d’été à l’école Alvin Ailey.

 

Rose Barbantan danse à New York
Crédit : Sarah Gheeraert

 

Mais le rêve a un prix : 15.000 dollars par an pour étudier à Alvin Ailey. Des frais annuels qui ferment la porte à de nombreux candidats. Pour Rose Barbantan, la clé est venue d’à côté, littéralement. Ses voisins en France, artistes et mécènes, lui offrent leur soutien via la fondation suisse ABPi : « Ils me connaissent et me suivent depuis mon plus jeune âge, confie-t-elle, grâce à eux j’ai pu financer mes trois années d’études »

En septembre 2024, après près d’une décennie à l’étranger, Rose Barbantan revient sur les planches françaises. Invitée par le chorégraphe Richard Bonosalté, elle se produit au Théâtre Antique d’Arles devant un public qui lui est cher : « C’était la première fois depuis mon départ que je retrouvais ma famille et mes amis dans le public… une émotion énorme ». Quelques jours plus tard, la danseuse reprenait la route pour New York, prête à enchaîner de nouveaux projets.

 

Rose Barbantan s'est produite au Théâtre Antique d'Arles, le 21 septembre 2024, après dix ans à l'étranger.

 

Danser New York

Pour Rose Barbantan, la scène américaine se distingue par son ouverture : « On peut danser avec des gens de 20 comme de 40 ans, en surpoids… et ils sont incroyables ». En quelques stations de métro, elle passe d’une compagnie classique à un projet contemporain, un luxe rare comparé à la France, où les distances et le coût des déplacements freinent souvent les artistes. 

En France, dit-elle, la difficulté réside plutôt dans l’accès à l’intermittence, « aussi compliquée à obtenir qu’un visa aux États-Unis ». Car si le rêve américain est grisant, pour la danseuse, il s’est accompagné d’épreuves. La pandémie de Covid-19, d’abord, la ramène brutalement en Provence, où elle termine ses cours… dans son jardin, en visioconférence avec ses professeurs new-yorkais. Puis vient la montagne du visa artiste : un dossier colossal de soixante articles à obtenir en quatre mois.

Aujourd’hui, Rose Barbantan évolue au sein de trois compagnies rémunérées — Jamel Gaines Creative Outlet, CRDANCE et SHIFT, Dance. Arts. and Media — alternant répétitions, spectacles et enseignements dans des écoles publiques new-yorkaises. Cette vie intense lui offre aussi l’occasion de vivre ses rêves d’enfant : en 2024, elle participe à sa première tournée internationale au Nigeria : « Voyager et danser en même temps, c’est exactement ce que je voulais ».

 

Tournée internationale au Nigeria

 

« Rester fidèle à sa passion » 

Si la jeune danseuse enchaîne les projets, elle garde une priorité : protéger la flamme qui l’anime depuis l’enfance. « Il faut s’accrocher et rester fidèle à sa passion », dit-elle. Elle sait que la danse est exigeante physiquement et mentalement, mais refuse de se laisser décourager par les obstacles administratifs et financiers. Pour elle, chaque épreuve surmontée est une preuve de sa vocation.

Aujourd’hui, Rose Barbantan envisage l’avenir avec ambition : chorégraphier, créer une école, peut-être, mais surtout « continuer à vivre pleinement ce rêve ».
 

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