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Jean Hugues Feray : une vie en mouvement, de Caen à Palm Beach

Jean Hugues Feray, passionné depuis toujours par les arts du spectacle, entre à l'Opéra de Paris à seulement 10 ans. Sa formation de jeune danseur marque le début d'une carrière exceptionnelle, jalonnée de tournées internationales, de rencontres avec les plus grands noms de la danse, et de l'ouverture de sa propre école en Floride, Paris Ballet & Dance.

Jean Hugues Feray sur scèneJean Hugues Feray sur scène
Jean Hugues Feray sur scène
Écrit par Liz Fredon
Publié le 27 octobre 2024

 

Jean Hugues Feray n’est qu’un enfant de neuf ans lorsqu’il fait ses premiers pas dans le monde de la danse à Caen, dans sa Normandie natale. Alors qu’il assiste au gala de danse de sa meilleure amie aux côtés de ses parents, Jean Hugues Feray a une révélation. La scène, les costumes, la mélodie se mêlant aux mouvements harmonieux des danseurs lui semblent subitement incarner son destin. Très tôt, il développe une fascination pour la scène. « J’avais installé un rideau de scène dans ma chambre pour organiser des spectacles lors des fêtes d’anniversaire et pour les invités », se souvient-il. Ce goût pour le spectacle, combiné à ce gala magique auquel il assiste, l’amènent à demander à ses parents de l’inscrire dans une école de danse locale.

À peine un an plus tard et appuyé par sa professeure, il passe une audition pour entrer à l’école de danse de l’Opéra de Paris, une institution qui a formé les plus grands talents du ballet français. Jean Hugues est l'un des six garçons retenus parmi 300 garçons, une sélection rude qui confirme alors son potentiel. « C’était une époque où voir un garçon dans une classe de danse était encore rare », raconte-t-il, tout en se remémorant le soutien de ses parents et de toute sa famille, malgré les sacrifices que cette nouvelle vie imposait. Quitter Caen, sa maison et ses repères pour la capitale à un si jeune âge fait acte de foi. Une foi en la danse, en cette carrière qui l’appelle déjà, puisqu’il décide à tout juste 10 ans d’en faire son métier.

 

Jean Hugues Feray sur scène

 

La scène française : entre labeur et succès

Son talent et sa détermination l’amènent rapidement à évoluer au sein des plus prestigieuses compagnies françaises. Après une période de formation intense, ponctuée de doutes, il intègre à 14 ans le Conservatoire national supérieur de Paris, où il obtient à 16 ans un premier prix à l’unanimité du jury. Très vite, les opportunités s’enchaînent : il est invité à rejoindre le Scottish Ballet ou le Ballet National de Marseille sous la direction de Roland Petit, mais c’est au Ballet National de Nancy, dirigé par Patrick Dupont et ensuite Pierre Lacote, qu’il va marquer les esprits.

Durant sept ans, il parcourt le monde avec cette troupe d’élite. De la Russie aux États-Unis, en passant par le Japon, il danse sur les scènes les plus prestigieuses, comme celle du Bolchoï. « Lorsque j’ai dansé en soliste au Bolchoï, j’avais une vingtaine d'années, et je me souviens m’être demandé si c’était bien réel », confie-t-il avec émotion. Jean Hugues achève sa carrière française à Marseille sous la direction de Marie-Claude Pietragala qui l’a embauché au Ballet National de Marseille au début des années 2000.

Ce moment, aux côtés de chorégraphes tels que Maurice Béjart et Marie-Claude Pietragala, fait partie des souvenirs qui le marquent profondément. « Je suis parti en tournée à ses côtés, travaillé avec elle, des noms importants du monde de la chorégraphie étaient invités comme Brumachon, Preljocaj, Maurice Béjart, c’était superbe », raconte-t-il avec exaltation.

Mais après des années de succès sur la scène française, une nouvelle aventure l’attendait de l’autre côté de l’Atlantique.

 

Jean Hugues Feray succombe à l’appel de l’Amérique

 

“Après ces années d'expérience en tant que danseur professionnel, on fait tellement de tournées, on est tellement amenés à voyager en faisant ce qu’on aime que l’on devient beaucoup plus ouvert à l'étranger”, confie le danseur.

Jean Hugues Feray franchit le pas et décide de quitter la France pour tenter sa chance aux États-Unis. Une danseuse américaine, rencontrée au Ballet National de Nancy, l’invite à passer des auditions en Floride. En quelques jours à peine, il reçoit des offres de deux compagnies dont Miami City Ballet et choisit finalement le Ballet de Floride pour son répertoire éclectique. Il retourne en France pour organiser son départ, et dès août 2001, il est déjà installé en Floride avec un visa d’artiste, facilitant ainsi son intégration professionnelle.

« Les compagnies s’occupent des démarches d’immigration, ce qui rend le processus un peu plus simple », explique-t-il. Malgré tout, obtenir la carte verte reste un défi. Jean Hugues doit prouver qu’il ne prend pas la place d’un Américain en soumettant un dossier béton, appuyé par des lettres de recommandation des écoles et des compagnies prestigieuses avec lesquelles il a travaillé en France. Il s’installe à Palm Beach, où il découvre une culture différente et un nouveau défi : s’intégrer dans un pays où tout est à réapprendre, des codes culturels à la langue. 

Cependant, Jean Hugues est accueilli avec un enthousiasme débordant. « J’ai reçu un accueil si chaleureux que je me demandais presque si quelque chose n’allait pas », plaisante-t-il. La reconnaissance de ses racines françaises et de son parcours prestigieux en Europe lui ouvre les portes d’une carrière brillante aux États-Unis. Finalement, de son expatriation, l’artiste n’est jamais rentré. Après quelques années en tant que danseur, le moment est venu pour lui de transmettre cette passion qui l’a guidé tout au long de sa vie. 

 

Jean Hugues Feray sur scène

 

Transmettre la passion : l’école Paris Ballet & Dance

En 2009, il ouvre Paris Ballet & Dance, une école qui incarne à la fois son parcours artistique et ses racines françaises. « On peut enlever la personne de la France, mais on ne peut pas enlever la France de la personne », dit-il. Sa méthode d’enseignement s’inspire directement de l’école française de ballet, et il s’attache à transmettre à ses élèves non seulement l’amour de la danse, mais aussi les valeurs qui l’accompagnent : rigueur, discipline et respect.

Pour lui, l’enseignement est bien plus qu’un métier, c’est une vocation. « J’ai toujours su que je voulais enseigner un jour, partager ce qu’on m’a donné », affirme le danseur. Depuis la création de son école, il a formé des centaines d’élèves, certains devenus danseurs professionnels dans des compagnies internationales. Mais ce qu’il retient surtout, c’est la transformation des jeunes qu’il accompagne. « Les voir grandir, devenir des personnes extraordinaires, même s’ils ne deviennent pas tous danseurs, c’est ce qui compte le plus pour moi », confie-t-il.


 

Paris Ballet group

 

Une vision toujours en mouvement

Aujourd’hui, Jean Hugues Feray ne cesse de nourrir de nouveaux projets. Invité à enseigner dans des institutions prestigieuses comme la Joffrey Ballet School à New York ou lors de stages internationaux, il demeure un artiste en constante ébullition. « J’ai toujours des idées de spectacles, des collaborations en tête », dit-il, les yeux emplis de passion.

À 51 ans, après une carrière internationale remarquable et une vie consacrée à la danse, Jean Hugues Feray continue d’inspirer les jeunes générations, tout montrant que la danse française traverse les frontières avec éclat. Ainsi se déploie le portrait d’un homme qui a su faire du mouvement sa plus belle expression.

“Gardons la passion. Gardons l'art et la passion vivants. J'encourage tous les jeunes qui ont des ambitions artistiques de ne pas hésiter.”

 

Jean Hugues Feray sur scène



 

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