Juliette Fisbein, cofondatrice et présidente de l’association Women4Women, revient pour Lepetitjournal.com New York sur les récents défis et les nouvelles initiatives que son organisation met en place pour accompagner les femmes ayant vécu des violences conjugales vers plus d’autonomie.


Depuis près de quatre ans, Women4Women accompagne des femmes victimes de violences conjugales et en situation de précarité à New York. Malgré un contexte social et politique de plus en plus difficile aux États-Unis, Juliette Fisbein et son équipe bénévole poursuivent inlassablement leur mission.

Juliette Fisbein, en 2021, vous évoquiez à la rédaction Lepetitjournal.com un objectif de 125.000 dollars à atteindre. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Depuis, notre objectif annuel est passé à 165.000 dollars. Cela reste modeste, mais c’est un choix. Nous ne cherchons pas à devenir une structure nationale géante. Notre objectif est d’avoir un impact réel sur chaque chemin que nous croisons, chaque femme que nous accompagnons au niveau local.
Juliette Fisbein, présidente de Women4Women : “Vous n’êtes pas seules”
Vous nous parlez d’un contexte politique et social difficile aux États-Unis. L’inflation a-t-elle un impact direct sur vos bénéficiaires ?
Évidemment. Le lait, le beurre, le logement… Tout a augmenté, et ce sont toujours les plus vulnérables qui en pâtissent. Nous avons donc organisé des séminaires sur la gestion des finances avec Bank of America, et bientôt avec Nasdaq sur la prévention de la fraude. Ces femmes n’ont souvent pas eu accès à la gestion de leurs propres ressources, alors il est fondamental de leur redonner du pouvoir et de l’autonomie.
Et sur l’immigration ? Vous semblez avoir développé un nouveau volet.
L’hiver dernier, les appels ont cessé. Nous avons compris que les femmes avaient peur, qu’elles craignaient d’être dénoncées. Alors nous avons lancé un réseau d’avocats spécialisés en immigration, ainsi que des ateliers « Know Your Rights » que nous déploierons pour l’automne. Les femmes pourront se connecter anonymement, poser leurs questions, reprendre confiance. Nous mettons tout en œuvre pour que l’aide soit accessible et humaine.

Avez-vous de nouveaux projets et espoirs pour Women4Women ?
Oui, plusieurs. Nous voulons continuer à engager notre communauté locale à travers des évènements, comme notre course caritative de 5 kilomètres « Run for her Future », sur Governor’s Island. Notre objectif est de collecter 16.000 dollars.

Nous souhaitons également renforcer notre impact sur tous les plans : logement, retour au travail, santé mentale, garde d’enfants, accompagnement juridique… Beaucoup de femmes ont besoin d’accompagnement pour un divorce ou une garde d’enfants. Nous travaillons avec Helene Carvallo, une avocate et médiatrice française exceptionnelle, qui nous a offert des centaines d’heures à titre bénévole.
Enfin, nous espérons développer nos actions de prévention destinées aux enfants et aux familles dans les écoles new-yorkaises. Le 21 juin 2025, Women4Women a mené un séminaire dans une école avec Alan Kahn, un pasteur et orateur très inspirant de la Brooklyn Church. Il sait parler aux enfants, les faire participer. Ils ont pu exprimer ce qu’est, pour eux, la violence. Nous envisageons d’organiser ce type d’atelier dans beaucoup d’autres écoles de New York. L’idée est de parler de la violence conjugale pour ensuite envisager des solutions pratiques.
En quoi l’aventure Women4Women vous a-t-elle transformée ?
Cette aventure m’a profondément transformée. Je m’y consacre avec passion, portée par le sens d’un travail important à effectuer en équipe pour maximiser notre impact.
Il y a une joie sincère à évoluer dans un écosystème solidaire, où l’on se soutient, où l’on partage les réussites, aussi modestes soient-elles. Voir une femme accéder à une formation, décrocher un emploi, trouver un logement, reprendre confiance… Tout cela procure un sentiment d’accomplissement bien plus puissant que n’importe quelle gratification matérielle.
Et puis, je ne m’attendais pas à autant recevoir. Ces femmes m’ont appris la force tranquille de la résilience, de la dignité dans l’épreuve, le courage discret. Leurs parcours m’ont rendue plus humble, plus attentive et reconnaissante de pouvoir cheminer à leurs côtés.
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