Comprendre ce que l’on met dans son assiette ou sur son corps, un enjeu de santé publique pris à bras le corps par Yuka, l’application aux 43 millions d’utilisateurs dans 12 pays. Après de grandes batailles remportées en France, Julie Chapon et ses associés ont décidé de développer leur notoriété aux Etats-Unis en s’installant à New York. « Nous avons réussi à peser dans le débat en France et souhaitons en faire de même dans des pays comme les Etats-Unis. », nous explique Julie Chapon qui remporte le Trophée Entrepreneur des Trophées des Français des Etats-Unis, remis par Edhec Business School.
Qui ne s’est jamais demandé ce qui composait les produits que nous consommons ? Certainement pas Julie Chapon ! Co-fondatrice de Yuka en 2017, l’application qui scanne sa consommation pour connaître son impact sur la santé, est devenue incontournable pour 43 millions d’utilisateurs dans 12 pays du monde. Après avoir franchi le cap du million d’utilisateurs début 2018, l’aventure entrepreneuriale devient internationale en 2019. Mais pas question de se lancer à l’aveugle : « Quand Yuka se lance sur un nouveau marché, il y a plusieurs facteurs clefs à prendre en compte. La langue puisqu’il faut traduire toute l’application (…) mais aussi les spécificités qu’il va y avoir, notamment à l’affichage de la valeur nutritionnelle. Aux Etats-Unis, on fonctionne par portion par exemple et les réglementations sont différentes en fonction des États. » explique la CEO.
Une année pour faire la différence aux Etats-Unis
En 2020, en plein confinement, Julie Chapon, François et Benoit Martin, fondateurs de Yuka, lancent l’application aux États-Unis. En 2022, suite à une vidéo sur TikTok, les téléchargements s’accélèrent au point d’atteindre 500.000 nouveaux utilisateurs américains chaque mois. « Du jour au lendemain, il y a eu un pic de croissance énorme que nous avons mis quelques heures à analyser. Une vidéo TikTok est devenue virale et cela a eu un effet boule de neige », se réjouit Julie. L’intérêt ne cesse de croître dans un marché clé pour l’entrepreneure et ses deux associés.
En septembre 2023, la décision est donc prise : ils s’installent à New York pour y accélérer le développement de Yuka. Et pour cause, 10 millions d’utilisateurs américains utilisent aujourd’hui l’application pour découvrir la composition de milliers de produits du quotidien, dont les trois quarts sont des produits d’hygiène et cosmétiques, une spécificité du marché outre-Atlantique. « Nous nous donnons un an pour voir si notre présence peut nous permettre d’accélérer davantage notre croissance, notamment en intervenant auprès des médias américains. En France, nous avons décollé grâce à deux leviers : le bouche-à-oreilles et les retombées médias ». S’attaquer aux Etats-Unis ne se fait pas à la légère, notamment lorsque les lobbys sont aussi puissants. « Nous nous sommes dimensionnés en conséquence. Cette installation aux Etats-Unis représente un véritable investissement pour l’entreprise », explique la startupeuse, qui s’est entourée d’avocats mais aussi d’une agence de relation presse pour maîtriser les spécificités américaines.
Yuka, des combats et de belles réussites
En parallèle, Julie Chapon et ses co-associés n’en oublient pas leurs actions pour la santé, comme la pétition demandant l'interdiction des nitrites avec la Ligue contre le cancer et foodwatch. Plus de 500.000 personnes ont signé le texte, ce qui a conduit à des mesures du gouvernement français. « Nous avons réussi à peser dans le débat en France et souhaitons en faire de même dans des pays comme les Etats-Unis. » espère Julie Chapon, qui n’est pourtant pas prête à se lancer dans une autre grande bataille juridique après trois années de procédures en France. « Notre enjeu ici est de développer notre notoriété. 10 millions d’utilisateurs est un bon début, mais cela reste peu à l’échelle des Etats-Unis ».
L’alumni Edhec Business School est en tout cas déjà ravie de cette première reconnaissance outre-Atlantique : le Trophée Entrepreneur des Trophées des Français des Etats-Unis. Un prix qui récompense le dur labeur de toute une équipe : « Je suis honorée de recevoir ce trophée. Je suis fière d'avoir développé un projet international comptant autant d'utilisateurs et ayant autant d'impacts, tout cela avec une petite équipe de 12 personnes ». La co-fondatrice est particulièrement fière d’avoir propulsé ce projet français sur la scène mondiale sans avoir été rachetée. Elle nous confie : « Nous voulons faire de Yuka une référence internationale. »