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Théorie et pratique, les secrets de l’alternance en Allemagne

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© Pixabay
Écrit par Chloé Ferrante
Publié le 4 janvier 2021, mis à jour le 4 janvier 2021

Acquérir des bases théoriques et en même temps commencer la pratique, c’est la base de l’alternance qui séduit toujours plus. Cette filière d’excellence, valorisée en Allemagne n’est pas perçue de la même façon en France même si celle-ci essaie de vanter les mérites de ce modèle depuis quelques temps. Si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure, voici une présentation de ce système de formation.

 

L’alternance c’est quoi ?

La formation en alternance (duale Ausbildung) est une forme de formation professionnelle courante et très appréciée des jeunes en Allemagne. En effet, selon Destatis, il y avait fin 2019 un total de 1,329 million de personnes en alternance. Mais comment fonctionne ce système de formation ?

L’alternance désigne la formation professionnelle, qui est suivie en parallèle dans une entreprise et une école professionnelle. C’est-à-dire, que la formation est dispensée sous forme théorique à l’école et pratique en entreprise. Elle s’adresse à tous, indépendamment de l’âge. D’un point de vue juridique, pour commencer l’alternance, aucun diplôme de fin d’études spécifique n’est requis. En effet, selon le BBiG (Berufsbildungsgesetz), toute personne peut suivre une formation en alternance indépendamment de ses diplômes. Néanmoins, les entreprises peuvent fixer leurs propres règles et décider qu’un certain diplôme est nécessaire pour accéder à la formation. En général, il faut au moins un diplôme de fin d’études du secondaire. Et pour démarrer un apprentissage, il faut être en possession d’un contrat de formation professionnelle avec une entreprise. C’est-à-dire que tant que vous n’avez pas trouvé d’entreprise, vous ne pouvez pas entamer votre formation à l’école.

 

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Les métiers offrant la possibilité de se former en alternance peuvent être affectés à cinq domaines de formation. Voici quelques exemples de professions (liste non exhaustive) :

  • Artisanat : opticien, boulanger, photographe, coiffeur, peintre…
  • Service public : assistant de notaire, assistant judiciaire, assistant fiscal, assistant administratif…
  • Industrie et commerce : employé de banque, employé de bureau, informaticien, mécanicien industriel, cuisinier, vendeur…
  • Agriculture : forestier, jardinier, agriculteur…
  • Professions libérales : employé médical, employé vétérinaire, employé dentaire…

L’alternance offre un avantage intéressant car la réglementation est uniforme. Etant régie par le BBiG, les mêmes règles s’appliquent à l’échelle nationale. Les conditions de la formation, comme les droits et obligations des stagiaires et des formateurs ou le contenu de la formation, y sont fixées. Cela garantit à chaque métier d’acquérir les mêmes connaissances et compétences et donc de posséder au final la même qualification. 

 

Comment se passe la formation ?

La formation dure en général entre 2 et 3 ans. Vous alternez, soit entre 2 jours d’école et 3 jours d’entreprise, soit 2 semaines d’école et 3 semaines d’entreprise. L’accent est donc mis sur la formation pratique, point clé de l’alternance. La durée apparaît dans le contrat de formation mais peut varier. La formation peut être raccourcie, si par exemple l’on a déjà une expérience professionnelle, un diplôme… Mais elle peut aussi être prolongée, si l’on rate par exemple l’examen final.
 

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Autre avantage de l’alternance, la rémunération, qui permet par exemple à certaines personnes de subvenir à leurs besoins même pendant leurs études. Cela est souvent un stress en moins, car si à l’université certains doivent prendre un job étudiant en plus et sont de ce fait débordés, l’alternance permet d’amortir les frais et d’étudier sereinement. Ce salaire varie selon la profession et l’entreprise qui dispense la formation. A cela, s’ajoute un possible soutien financier. La Berufsausbildungsbeihilfe (BAB), versée par l’Agence fédérale pour l’emploi, aide certaines personnes en leur versant une allocation mensuelle. Il y a des critères à respecter, comme avoir son propre logement dans le cas où le domicile familial est éloigné, avoir plus de 18 ans et être marié ou vivre avec son/sa partenaire, avoir au moins un enfant et ne pas vivre chez ses parents… Une demande en ligne (https://anmeldung.arbeitsagentur.de/portal) peut être faite, afin de savoir si sa demande pourrait être acceptée.

 

Et pour l’école ?

A côté de la pratique enseignée en entreprise, la Berufschule est l’école professionnelle, qui vous apportera la théorie. Sa fréquentation est obligatoire. Mais, comme déjà expliqué, l’inscription n’est possible qu’après avoir trouvé un apprentissage. La pratique ne fait pas tout, cette école apporte donc des enseignements théoriques fondamentaux. Vous y trouverez des matières générales, telles que l’anglais, les mathématiques, l’allemand… essentielles pour votre futur. Et bien sûr, les matières spécifiques à votre formation pour enrichir la pratique. Ce programme est aussi défini au niveau fédéral, conclu par les ministres de l’Education et des Affaires culturelles et les sénateurs des Länder.
 

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Concernant les examens, un premier appelé « intermédiaire » doit être passé au milieu de la formation afin de montrer que l’on progresse. Le second est l’examen final, qui permet d’obtenir son diplôme. Vous serez évidemment soumis à de la pratique et de la théorie. Si vous réussissez, vous recevrez trois diplômes : un de l’entreprise, un de l’école et un de l’autorité compétente selon votre formation. Plusieurs possibilités s’offrent à vous, une fois la formation terminée : se lancer dans la vie active, une formation complémentaire, une deuxième formation ou continuer ses études.

 

Ai-je l’occasion de commencer l’alternance plus tard dans ma vie ?

Que vous souhaitiez commencer l’alternance à 16, 25 ou 40 ans, pas de problème ! Aucun âge maximum n’est fixé pour démarrer une formation. Il n'est donc pas nécessaire d'être jeune pour obtenir une place d'apprenti. Mais il faut un peu de bon sens et ne pas se dire qu’à 50 ans, l’on veut devenir policier. D’ailleurs, des limites d’âges existent. Par exemple, selon le Land où vous habitez, la limite d’âge pour un programme en alternance dans la fonction publique se situe entre 35 et 50 ans. Il convient donc de se renseigner selon son lieu d’habitation. Mais, recommencer une formation après sa vie professionnelle signifie gagner moins qu’avant pendant son apprentissage. C’est pour cela que la BAB et aussi une allocation de formation professionnelle comme le BaföG, sont envisageables. De plus, il existe d’autres possibilités, comme le prêt à l’éducation, l’allocation logement ou le chèque éducation. Pour des informations précises, le mieux est d’en parler avec un conseiller de l’Agence fédérale pour l’emploi, qui vous conseillera sur les aides financières adaptées à votre situation.
 

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L’alternance en France : une filière secondaire ?

Dans l’idée, l’alternance en France fonctionne de la même manière qu’en Allemagne, avec forcément des spécificités. Une différence importante est, que cette formation s’adresse presque exclusivement aux personnes âgées entre 15 et 30 ans. Néanmoins, certains publics peuvent entrer en apprentissage plus tard : les apprentis en contrat de professionnalisation préparant un diplôme supérieur à celui déjà obtenu, les travailleurs en situation de handicap, les personnes ayant un projet de création ou de reprise d’entreprise et les sportifs de haut niveau. Cela reste donc plus limité. L’école professionnelle se nomme ici, Centre de Formation des Apprentis (CFA). Elle a la même fonction que la Berufschule.
 

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Concernant la popularité de l’alternance, le mardi 4 février 2020, Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, a présenté les chiffres de l’apprentissage en 2019 : 491 000 apprentis en France fin 2019, soit une hausse de 16% par rapport à 2018. Ces chiffres nous rappellent la réalité vécue : l’alternance est dénigrée dans ce pays élitiste. Certes, la hausse montre que la situation change, mais cette formation est encore trop vue comme une filière secondaire. Un parcours que l’on propose à ceux, qui « n’aiment pas l’école » et donne ainsi le sentiment d’avoir raté quelque chose. Néanmoins, on essaie depuis quelques années de faire changer le regard sur l’apprentissage car on se rend compte de tout ce qu’il apporte. Ce qu’il faut, c’est sensibiliser les jeunes car ils n’ont que trop peu d’informations. C’est l’objectif par exemple, de la campagne #DémarreTaStory, qui donne la parole sur YouTube aux apprentis avec pour but de faire changer le regard des jeunes et des parents sur l’apprentissage.

Avec trois fois moins d’apprentis qu’en Allemagne, la France ne semble pas encore avoir pris pleinement conscience des enjeux et des atouts de l’apprentissage. Pourtant, les apprentis ayant un savoir aussi bien théorique que pratique ont des garantis beaucoup plus élevées quant aux débouchés professionnels. Ils sont de réels atouts pour le marché du travail !

 

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