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DISCRIMINATION À L’EMBAUCHE AU QUÉBEC - Le Canada, un eldorado pour l’emploi ?

Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 1 avril 2015, mis à jour le 2 avril 2015

 

Le Canada un eldorado pour l'emploi ? Cela était peut être vrai il y a quelques années. Oui  le pays à une économie plus dynamique que celle de la France, mais est-ce pour autant facile de trouver un job à la hauteur de ses compétences ?

Qu'en est-il réellement de l'intégration des immigrants sur le marché du travail au Québec ?


En préparant votre immigration vous avez certainement dû lire articles, témoignages, conseils vous disant qu'il est possible de trouver un travail rapidement au Québec. Mais si vous allez plus loin, vous avez dû voir également que ces propos étaient nuancés. Un travail oui, mais pour retrouver l'équivalent de ce que vous aviez en France, mieux vaut patienter quelques années ?

Ça c'est la réalité du marché québécois. Vous êtes employable, mais à des conditions que vous n'aviez pas forcément imaginées.

En novembre 2012, l'IRIS (Institut de Recherche et d'Informations Socio-économiques), a publié une étude sur l'intégration des immigrants au Québec. Je vous recommande fortement de la lire : cliquez ici

Qu'est-ce que cette étude démontre ?
A vrai dire un état pas très flatteur de l'embauche des immigrants au Québec. Pour vous résumer le tout, les immigrants ont un meilleur niveau d'étude que les Québécois mais rencontrent plus de difficultés à trouver un travail. Les immigrants occidentaux seront moins discriminés que les immigrants racisés. Ils obtiendront des résultats économiques similaires aux natifs plus rapidement (même si ça prend quelques années). C'est là où le Québec diffère des autres provinces. En Ontario par exemple, les immigrants racisés ont un meilleur taux d'intégration que les immigrants occidentaux.

Ce qui fait peur c'est que le taux de chômage des personnes faisant parties des « minorités visibles » et ayant des diplômes universitaires, reste encore élevé après 10 à 15 ans sur le territoire. Ils rencontrent un taux de chômage jusqu'à trois fois supérieur à celui des natifs avec le même niveau d'étude. Vous retrouverez l'ensemble des chiffres dans l'étude.

La discrimination à l'embauche est donc une réalité au Québec, au même titre qu'en France d'ailleurs.

A compétences et expériences égales, le québécois sera embauché. Une certaine préférence nationale. Ca vous rappelle quelque chose ? Est-ce anormal ? N'avons-nous pas la même attitude en France, voire pire en discriminant nos propres citoyens et pas seulement les immigrants.

Si certains d'entre vous ont eu la chance de n'être jamais discriminés en France, en arrivant ici ça peut faire tout drôle. Il faut du temps pour que les Québécois s'ouvrent à vous. Et ce n'est pas si bizarre parce que bon dans le fond vous n'êtes que leur cousin éloigné à qui ils parlent rapidement tous les 10 ans.

Ce qui pose problème c'est que bien souvent les immigrants sont extrêmement qualifiés. Ils rencontrent ici les problèmes d'équivalence de diplômes et de non reconnaissance d'expérience en dehors du territoire québécois.

Peut-on demander à un médecin de reprendre l'intégralité de ses études lorsque cette fonction est en pénurie ici même ?

Peut-on balayer d'un revers de main 15 ans d'expérience d'un ingénieur sous prétexte qu'il n'a jamais travaillé au Québec ?

Il y a à mon sens un fossé trop important entre les critères de choix des immigrants et la réalité de l'intégration de ces derniers sur le marché du travail.

Souvent les premiers emplois sont bien en-dessous des compétences réelles. Le salaire aussi est souvent bien en-dessous de ce qu'il devrait être. Cela maintien une partie de la population immigrante dans une certaine paupérisation.

Certains (employeurs) vous diront que ces difficultés sont normales, parce que vous comprenez, vous là, vous autres immigrants, vous êtes incompatibles face à leur culture. En gros, votre différence ne vous aide pas. Ils ne voient pas le potentiel qu'offre la diversité. Si vous les croisez, passez votre chemin.

Mais comment peut-on lutter contre cette discrimination ? Quels sont les moyens que nous avons à notre niveau?

Au Québec il y a des notions qui chez nous nous échappent un peu, notamment le réseautage.

Je pense réellement que c'est le maître mot de votre vie professionnelle. Il n'y a rien de mieux que d'être recommandé par une personne qui va vanter vos compétences et réalisations. Vos contacts sont vos ambassadeurs, ils vous vendent, ils vous donnent l'info avant qu'elle ne sorte. Réseautage et professionnalisme vous mèneront loin.

Il ne faut pas que vous voyez la discrimination comme un obstacle insurmontable mais il faut savoir qu'elle existe. A vous de trouvez des moyens de la contourner même si c'est long et parfois clairement révoltant.  

Cela vous prendra du temps, de l'énergie, des échecs mais aussi de belles victoires. Voyez cela comme un challenge. Ne soyez pas trop impatient et trop gourmand. Sachez encaisser, apprendre, vous faire discret et sortez vos cartes au bon moment. Chaque expérience vous apportera une connaissance, des contacts et vous aidera pour la suite.

L'intégration sur le marché du travail québécois est laborieuse. Mais quelle immigration ne l'est pas ? Avec le temps vous rencontrerez des personnes conscientes des efforts que vous avez fourni pour mener à bien votre projet. Ce sont sur ces personnes qu'il faut compter, ce sont elles qu'il faut écouter. Ne retenez pas les messages négatifs, ils ne vous mèneront nulle part.
 
Vous êtes en Amérique, un jour ou l'autre votre travail payera.

Elisa Desparon, (Lepetitjournal.com/Montréal) Jeudi 2 avril 2015
 

 

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Publié le 1 avril 2015, mis à jour le 2 avril 2015

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