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ZEMA - "Il n'y a pas assez de femmes qui peignent dans la rue"

Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 7 août 2014, mis à jour le 2 août 2014

ZEMA, face à son mural, sa bombe à la main dévoile son sentiment sur le street-art. Artiste québécoise, elle fait partie des trois femmes muralistes présentes lors du festival Mural 2014. Passionnée par le graffiti elle s'est fait connaître grâce à l'art urbain et expose maintenant ses oeuvres en galerie. 

 

Lepetitjournal.com/Montréal : Comment avez-vous débuté dans le street art ?

ZEMA : J'ai commencé dans le vandalisme pour ensuite me rendre un peu plus dans l'art. Je faisais beaucoup de taggs dans des stations de métro ou dans des lieux publics et puis je me suis faite arrêtée par la police. À partir de ce moment, il fallait un changement pour moi donc j'ai décidé de faire des murs plus tranquilles, avec des motifs plus artistiques. À coté de ça je faisais de la peinture sur toile et des expositions donc je me suis fait connaître et puis j'ai joint les deux disciplines pour peindre des murales avec des personnages, plus safe !

Sur quels supports et avec quel matériel peignez-vous ?

Présentement je peins sur un mur avec une bombe montana 94. C'est ce que j'utilise tout le temps, c'est de la peinture basse pression, très précise.

En général savez-vous ce que vous allez peindre lorsque vous débutez une oeuvre ?

Je suis plus du genre à improviser, je m'inspire surtout du spot, c'est à dire de l'endroit ou je peins. Maintenant pour le festival mural c'est sûr que c'est planifié d'avance, j'ai présenté une esquisse aux propriétaires des murs. J'ai préparé toutes les couleurs, surtout pour un mur de ce format !

Lorsque vous improvisez une pièce, est ce qu'il est difficile pour vous de déterminer qu'elle est terminée ? 

Non car lorsque j'arrive sur une pièce je détermine plus ou moins un temps de travail en fonction notamment du coucher du soleil. Je me dis que j'ai 4 ou 5 heures pour terminer l'oeuvre. Je m'épargne des détails lorsque je fais un mur pour mon plaisir, je sais que je peux moins détailler, aller plus vite.

Comment décrire votre style ?

J'essaie de faire passer de l'émotion, c'est un univers fantastique, cartoon, avec des personnages extravagants et très peu d'écriture. Ce style, je l'ai aussi parce que depuis 2004 je fais partie du collectif de graffiti et street-art appelé La Paria.

Y- a-t-il une forme d'activisme dans vos oeuvres ?

Non pas vraiment, c'est sûr que si il se passe quelque chose dans l'actualité et que j'ai le goût de le représenter sur le mur, je vais le faire mais mon travail n'est vraiment pas basé sur une revendication particulière. Je n'ai pas de message, ce sont plus des émotions que j'essaie de faire vivre à travers mes peintures.

Quels artistes ont pu vous influencer ?

Mon travail de tatoueuse chez tatouage royal fait que je suis plus influencée par des artistes tatoueurs que par d'autres graffeurs. Sinon je dirais que ce sont simplement mes amis et les artistes montréalais qui m'influencent beaucoup.

Vous avez participé au festival mural lors de la première édition l'an dernier, quels sont les changements, l'évolution pour vous cette année ?

L'an passé, j'étais avec mon crew, La Paria et nous étions cinq sur un mur. On a eu pas mal de problèmes techniques car il y avait pas mal de fenêtres, des escaliers et pas beaucoup d'espace sur le trottoir pour mettre des échafaudages.Cette année c'est parfait, j'ai un gros carré vide pour moi toute seule et beaucoup de place pour mettre mon matériel et pour pouvoir circuler !

De toutes vos créations murales, quelle est votre pièce favorite ?

Je dirais celle qui est sur le site de Mural, c'est un oiseau avec un coeur en feu sauf que quelqu'un est passé par dessus donc elle n'existe plus ! Sinon c'est un mur que j'ai fait pendant l'hiver il y a deux ans, c'est au croisement St Getique-Chateaubriant et c'est encore deux oiseaux qui sont représentés.

Comment percevez-vous la place des femmes dans le monde de l'art urbain et lors du festival Mural ? 

Pour le festival Mural, je trouve que les femmes sont bien représentées mais sinon je trouve qu'il n'y a pas assez de femmes qui peignent dans la rue. Personnellement je n'ai jamais eu de problème en tant que femme dans le milieu du graffiti. Je ne comprends pas pourquoi les filles ne sont pas plus attirées par cette discipline. Peux être qu'il y a un côté intimidant car il y a beaucoup d'hommes dans les crews mais moi je travaille dans un milieu masculin, le tatouage, donc je n'ai jamais eu ce sentiment.

Est ce que vous avez réalisé des oeuvres de rue en France ? Si oui, qu'est ce que vous pensez du street art en France ?

J'ai fait pas mal de graffitis en France notamment à Marseille où je suis restée un mois. J'ai aussi visité Paris et il y a une grosse différence entre le graffiti à Marseille et à Paris. À Marseille, j'ai vu beaucoup de taggs, des gros lettrages chromes, partout, dans le centre ville autant que dans des coins un peu plus reculés. À Paris, je trouvais que ça ressemblait plus à Montréal dans le sens ou il y avait aussi beaucoup de murales.

Que pensez-vous de l'Urban Hacking soit la modification de publicités ou de panneaux ?

Je ne pratique pas mais je trouve ça intéressant dans le sens ou quand tu te fais imposer des images par la publicité, ce genre d'art te pousse à regarder différemment, à réfléchir et à avoir une opinion dessus. Après j'aime voir ça mais comme je travaille parfois pour la publicité, je vois aussi un intérêt et le travail en amont. Je ne suis pas contre la pub, j'ai juste un oeil critique.

Quels sont vos futurs projets ?

Mon projet c'est de voyager, aller travailler dans d'autres pays grâce aux tatouages ou au street art. Faire mon trip ailleurs ! 

 

MURAL : Création d'oeuvres d'envergure et transformation durable du paysage urbain

La seconde édition du festival d'art public Mural s'est déroulée du 12 au 15 juin 2014 sur le boulevard St Laurent. Durant quatre jours, les festivités visaient à célébrer la créativité et démocratiser l'art de rue. Sur un site piéton et gratuit tous les arts de rue s'entremêlaient : expositions, installations et lives musicaux. Vingt nouvelles murales ont été crées pour l'occasion et se sont ajoutées à celles de 2013, amenant à près de quarante le nombre d'oeuvres présentent sur le plateau Mont-Royal. 


Murales réalisées lors de l'édition 2014 du festival Mural.

En plus des murales réalisées en direct, les festivaliers ont pu assister cette année à des concerts gratuits d'artistes comme High Klassified, Da-P, Kyle Hall, The Underachievers ... Dans un style plutôt hip-hop les "block-party" ont rassemblé et fait danser les festivaliers jusqu'au coucher du soleil. On regrettera cette année les lives interrompus par la pluie des deux premiers jours mais heureusement on pouvait toujours se réfugier juste en face au cinéma Excentris et profiter de la riche programmation. Les documentaires projetés au cinéma permettaient d'enrichir l'expérience culturelle et d'explorer l'univers du graffiti, du graphisme ou encore de la photographie de rue dans le monde. On pouvait notamment voir le célèbre documentaire du graffeur Banksy : "exit through the gift shop".

 

Adeline Huar (www.lepetijournal.com/montréal) Vendredi 8 août 2014

 

logofbmontreal
Publié le 7 août 2014, mis à jour le 2 août 2014

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