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Inégalités homme-femme au Canada : la parité, une douce utopie ?

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Justin Trudeau. CP : AFP
Écrit par Adrien Filoche
Publié le 9 mai 2018, mis à jour le 13 mai 2018

Au Canada, l’écart salarial entre les hommes et les femmes est de plus de 25%.  Sur la question de la parité, le pays à la feuille d’érable s’est montré, au cours de ces dernières années, déterminé à défaire les inégalités existantes entre les deux sexes. Pour y parvenir, le pays espère compter sur son Premier ministre Justin Trudeau. 

 

En 2017, le Global Gender Gap, un indice chargé de mesurer l’égalité entre les hommes et les femmes classe le Canada au 16e rang mondial, derrière la France, 11e. Bien que cette place ne soit pas honteuse, elle est loin d’être en accord avec l’objectif que s’est fixé le pays : être meneur en matière de droit des femmes. En 2006, le Canada était mieux positionné, avec une 14e place. Aujourd’hui, l’écart salarial entre les hommes et les femmes est de plus de 25 % selon Statistique Canada. En moyenne, les femmes gagnent 87 cents pour chaque dollar gagné par les hommes dans les secteurs sous réglementation fédérale. Du côté de la France, l’INSEE estime que l’écart de rémunération entre homme et femme atteint 23,7 %. 

Assumant la présidence du G7 jusqu'au 1er juillet, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a marqué le coup en créant un conseil consultatif sur l'égalité des sexes pour le sommet, prévu fin juin à Charlevoix (Québec). Ce n’est pas la première fois que le Premier ministre canadien s’érige en chantre de l’égalité homme-femme. Depuis son élection en 2015, le chef de gouvernement n’a cessé d’affirmer sa volonté de découdre les inégalités homme-femme, sans forcément y arriver pleinement. 

 

Le changement, c’est maintenant ? 

Pour l’année 2018, les signaux sont au vert. En janvier dernier, lors du forum économique de Davos, le « Kennedy » canadien a tenu un discours séduisant, prônant le droit des femmes, notamment dans le secteur du travail. ‘’L’embauche, la promotion et le maintien des femmes au sein de l’entreprise sont des choses que nous pouvons proposer aujourd’hui. […] Avoir plus de femmes dans des positions de pouvoir ne participera pas seulement à notre croissance économique, mais cela sera aussi une source d’innovation et de changements.’’

Outre les beaux mots de Trudeau, le gouvernement canadien a aussi mis la question de la parité des sexes sur un piédestal. En février, l’un des principaux thèmes du budget 2018-2019 était justement celui de l'égalité homme-femme. Comme un mantra, le mot « femme » a été répété près de 700 fois dans le budget.

Quand les femmes ont l’appui dont elles ont besoin et les occasions de contribuer pleinement à l’économie canadienne, toute l’économie se porte mieux à court et à long terme, détaille le texte.

Côté mesure, Maryam Monsef, ministre de la Condition féminine, a annoncé que 10 millions de dollars seront affectés pour la sécurité économique des femmes. Parmi les principaux objectifs du plan, on perçoit une nette volonté de promouvoir l’équité et la transparence salariale, mais aussi de retrouver plus de femmes dans les hautes sphères politiques et économiques. Fin janvier, la Banque du développement du Canada (BDC) avait notamment prêté 912 millions de dollars à plus de 1.600 entreprises détenues par des femmes. En outre, dans ce contexte mondial de violences faites aux femmes et de libération de la parole, le gouvernement canadien prévoit aussi de débloquer 86 millions de dollars sur cinq ans afin de lutter contre le harcèlement sexuel. 

 

Faciliter l’accessibilité au marché du travail pour les femmes

‘’Seulement 61 % des femmes participent à l’économie, comparativement à 70 % des hommes’’, peut-on lire dans le texte du budget 2018/2019. Afin de remédier aux déséquilibres, Ottawa compte se glisser dans le sillage du Québec en créant un congé de paternité de cinq semaines. Pour le moment, seule la Belle Province offre cette modalité. ‘’L’écart salarial entre les hommes et les femmes au Canada persiste depuis toujours, en partie dû au fait que les tâches liées à la garde et aux soins des enfants ont toujours incombé le plus souvent les femmes. Favoriser un meilleur équilibre du rôle parental n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est la chose intelligente à faire’’, a déclaré Patty Hajdu, ministre de l’Emploi, du Développement de la main d’œuvre et du Travail. Au Canada, une femme dispose de 18 semaines de congés, comparativement aux 16 minimum en France. Par ailleurs, l’Hexagone offre seulement 11 jours de congé de paternité. 

En facilitant aux femmes l’accessibilité au marché du travail, Ottawa compte aussi accomplir autre chose : corriger les problèmes de pénurie de main d’œuvre et de vieillissement de la population qui touchent le pays.

 

Le progrès, ce long chemin ardu 

Nombreux sont les signes qui montrent une meilleure équité entre les sexes. En novembre dernier, les habitants de Montréal ont élu Valérie Plante, toute première mairesse de la ville. Par ailleurs, le nouveau budget 2018 est aussi plein de bonnes intentions. Souvent prise comme exemple, la région québécoise a de son côté annoncé une augmentation de 96 millions de dollars d’ici 2022-2023 des ressources consacrées à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, dont 61 millions de dollars afin de lutter contre la violence conjugale. Pour autant, le pays à la feuille d’érable, loué aux quatre coins de la planète pour sa qualité de vie, ne parvient pas à se défaire de ses vieux démons.

Le Canada, imparfait, montre toutefois une ligne directrice à suivre, celle de détricoter une fois pour toute les inégalités homme-femme. Le chemin reste parsemé d’embûches. Comme un avertissement, le rapport annuel 2017 du Forum économique mondial (WEF) a annoncé qu’au niveau global, les inégalités entre les hommes et les femmes dans le domaine du travail ne devraient pas disparaître avant… 2234.
 

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