Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), s'est rendu pour la première fois à la Maison Blanche pour rencontrer le président américain, Donald Trump, dans le cadre de la signature du T-MEC.
Les positions tranchées de Donald Trump sur le Mexique et ses habitants n'ont pas empêché le président Andrés Manuel López Obrador de se rendre à Washington pour célébrer l'entrée en vigueur du nouveau traité de libre-échange signé avec les Etats-Unis et le Canada, qui remplace l'ALENA.
Une rencontre controversée des deux côtés
Alors qu'en 2016, Donald Trump qualifiait les migrants mexicains de « violeurs » et promettait de faire payer la construction de son mur frontalier par le Mexique, son discours a bien changé cette semaine.
Druggies, drug dealers, rapists and killers are coming across the southern border. When will the U.S. get smart and stop this travesty?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 20, 2015
En quatre ans, le Mexique n'a pas versé un dollar. Mais, depuis son arrivée à la présidence du pays, Andrés Manuel López Obrador a su passer entre les tweets assassins de Donald Trump en acceptant, sous la menace, de déployer 15 000 soldats le long de la frontière afin d'empêcher le passage illégal de migrants aux Etats-Unis.
En conférence de presse conjointe à la roseraie de la Maison-Blanche, Donald Trump a qualifié son homologue mexicain de « grand ami ». « Nous avons une relation extraordinaire », a déclaré Donald Trump. « Nous sommes vraiment touchés, Monsieur le Président, que vous ayez choisi d'être avec nous à la Maison-Blanche pour votre première visite à l'étranger depuis votre belle victoire. Les Etats-Unis et le Mexique n'ont jamais été aussi proches. Notre coopération est fondée sur la confiance et le respect mutuel ».
De son côté, le président mexicain a déclaré : « Je suis ici pour dire aux Américains que leur président nous a traité avec gentillesse et respect. Nous sommes amis et resterons amis », se félicitant d'avoir déjoué les pronostics de son opposition qui leur promettait une relation tendue.
« Au lieu de prendre nos distances, nous avons choisi de travailler ensemble, en mettant de côté les différences avec le dialogue et le respect mutuel. Nous avons eu des désaccords et il y a des griefs qui ne sont pas oubliés, mais nous avons également pu conclure des accords de coopérations tacites et explicites ».
Alors que leurs idéologies respectives sont considérablement opposées, le président mexicain a fait le rapprochement entre la relation du républicain Abraham Lincoln et Benito Juárez, qu'il qualifie continuellement de meilleur président de l'histoire du Mexique, pour établir un parallèle avec la relation qu'ils vivent.
« Certains pensaient que nos divergences idéologiques devaient nous conduire à la confrontation, heureusement ce mauvais présage ne s'est pas réalisé », a déclaré Andrés Manuel López Obrador.
Le président mexicain s'est notamment rendu au mémorial de Benito Juarez où il a été accueilli par de nombreux sympathisants.
Les deux président ont célébré l'entrée en vigueur du nouvel accord commercial entre les deux pays et le Canada, même si le premier ministre Justin Trudeau n'a pas fait le déplacement pour assister à la réunion.
« Le potentiel futur des Etats-Unis et du Mexique est illimité », a déclaré Donald Trump, qui a aussi remercié les 36 millions d'Américains d'origine mexicain vivant dans le pays. « Ces gens sont incroyables et travaillent dur », a-t-il dit. Un discours bien loin des attaques qu'il a maintes et maintes fois menées contre les Mexicains et les Centraméricains.
Concernant l'immigration il n'en a fait qu'une petite référence : « Nous travaillons pour lutter contre le trafic de drogue et créer de nouvelles lois sur l'immigration ».
Alors qu'il est en route pour rentrer au Mexique, le président AMLO a déclaré : « Je considère que c'était une visite très importante pour les trois pays d'Amérique du Nord, car le nouvel accord commercial a été mis en place et cela signifie des investissements pour la région, pour les entreprises et pour le bien-être de nos peuples ».
Cette rencontre a été critiquée par l'opposition du président mexicain car en période de pandémie, et par les démocrates qui y voient une tentative de séduction de l'électorat latino.
Un des accords les plus importants au monde
Le T-MEC (AEUMC), nouvel accord commercial entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, remplace l'ALENA, en vigueur depuis 1994 et jugé obsolète par ses pays membres, pays qui représentent plus de 500 millions d'habitants et 27% du PIB mondial.
Le président américain Donald Trump en avait fait une priorité dès sa campagne présidentielle de 2016, le rendant responsable de la destruction de milliers d'emplois dans le secteur de l'automobile. 25 ans après son entrée en vigueur, le nouveau traité a finalement été ratifié à la fin de l'année 2018.
L'accord consiste à moderniser le libre-échange dans la zone. « L'une des caractéristiques intéressantes de cet accord, qui le différencie de l'ALENA, est son champ d'application qui va au-delà de l'aspect commercial pour s'appliquer aussi à un volet social », explique Vincent Vicard, économiste au Cepii, le pirncipal centre français d'étude et de recherche en économie internationale.
En plus des règles commerciales, il intègre donc un volet social, encourageant une meilleure protection des travailleurs ou encore l'augmentation des salaires au Mexique.
Cependant, certains désaccords persistent. Le Canada craint pour ses exportations d'aluminium vers les Etats-Unis, mais aussi le retour d'un conflit laitier, litige de plusieurs années entre les deux pays. Pour le Mexique, l'amélioration du statut des travailleurs dépend désormais de l'adaptation, ou non, du droit mexicain.
Les discussions entre les deux pays ont également porté sur la situation sanitaire et sur des questions de sécurité, chères à Donald Trump.