Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Sergio Coronado, candidat du Nouveau Front Populaire pour la 2ème circonscription (Amérique centrale et du sud), a répondu à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Sergio Coronado, écologiste, candidat soutenu par le Nouveau Front Populaire. Je suis né au Chili, en 1970. Ma famille a été forcée à l'exil, après le coup d'Etat du général Pinochet. Nous avons avec mon frère Ricardo grandi en Argentine, à Bariloche avant de partir en France. Je suis diplômé d'histoire et de science politique. J'ai été porte-parole du parti écologiste (les Verts), aux côtés de Cécile Duflot. J'ai ensuite vécu en Colombie, grâce à l'obtention d'un bourse de recherche, et suis devenu le premier député des Français établis en Amérique Latine et dans les Caraïbes. J'ai sillonné la circonscription à la rencontre de mes compatriotes, me suis mobilisé pour garantir l'accès universel à l'éducation, ai accompagné les entrepreneurs et les Français en difficulté, parfois dans des situations de prévention de liberté. Je connais les conditions de vie de mes compatriotes sur la circonscription et je suis aujourd'hui en campagne avec Louise Guibrunet, ma suppléante, résidente au Mexique.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
D'abord parce que je suis profondément et intimement attaché à cette circonscription. Je suis candidat aussi parce que l'ensemble des forces progressistes du continent, le réseau des élus des Français de l'étranger et les écologistes de la circonscription m'ont sollicité pour être leur candidat. Je suis candidat enfin parce que je ne puis me résoudre que la France qui m'a tout donné, qui accueillit ma famille et nous permit de vivre en sécurité, en liberté et en démocratie, tombe dans les mains de l'extrême-droite. C'est malheureusement la possibilité ouverte par la décision cynique prise par le résident Emmanuel Macron. Le Nouveau Front Populaire est la seule alternative à ce risque, car nous proposons une option de gouvernement responsable qui place la justice sociale, le renforcement des services publics et l'écologie au coeur de l'action de l'état. Dans notre circonscription, il est temps de stopper l'affaiblissement du réseau consulaire, de donner des moyens supplémentaires à l'éducation et aux bourses, d'accompagner les initiatives et l'innovation et de ne plus se limiter aux grandes entreprises. Il est temps aussi que l'Amérique latine et les Caraïbes reviennent dans l'agenda diplomatique de la France.
Quel est votre rapport avec cette circonscription ?
J'y suis né, j'y ai grandi, j'y ai vécu adulte. J'ai participé lors de mon séjour en Colombie à l'animation de la section locale de l'association Français du Monde, où nous informions nos compatriotes sur les dossiers de bourse, les certificats de vie et les retraites, où nous les conseillons lors de leur installation. J'ai un lien étroit avec la circonscription car je continue à travailler sur les réalité continentales, les situations politiques ou la crise écologique. Je publie régulièrement dans la presse des articles sur les évolutions des pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Je suis préoccupé par les dérives autoritaires de certains pays du continent, qui affectent la vie des Français du continent. J'interviens dans un diplôme universitaire sur les processus de justice transitionnelle qui ont vu le jour sur le continent. Je suis en contact avec les conseillers des Français de l'étranger, les élus écologistes et de gauche qui me soutiennent, mais aussi au-delà de ma famille politique. Quand on a été le premier député d'une circonscription, on y conserve des liens étroits de collaboration et d'amitié, et même des relations avec le corps diplomatique en poste sur le continent.
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français·es de l'étranger ?
J'ai été un Français de l'étranger en Colombie après avoir été un étranger en France. Je suis devenu Français en 1994 après avoir bénéficié de la Convention de Genève. Je sais les difficultés de protection sociale que nous rencontrons, c'est pourquoi il faut continuer à lutter pour rendre accessible la Caisse des Française de l'Étranger, et qu'il faut développer les accords bilatéraux de protection sociale et de retraite, qui sont trop peu nombreux. Mon expérience est souvent sollicité par des institutions. L'agence française de développement (AFD) m'a sollicité pour une intervention en clôture de l'un de ses séminaires. Je suis particulièrement les questions d'éducation. Même après mon mandat, il m'est arrivé d'intervenir pour dénoncer la contradiction entre les objectifs affichés (doubler le nombre d'élèves dans le réseau d'ici 2030) et le manque de moyens alloués. Les Français de la circonscription et les élus des Français de l'étranger peuvent compter sur mon engagement. Je n'ai jamais failli.
Comment voyez-vous le mandat de député ?
Je vois ce mandat comme un antidote aux tentations funestes de ce pays. Nous, les Français de la circonscription, sommes bi-nationaux, ouverts sur le monde, nous sommes en fait celles et ceux qui représentons la France au quotidien. Nous sommes le vrai barrage aux idées extrémistes, racistes. D'ailleurs il n'est pas surprenant que l'extrême-droite veuille s'en prendre à nous en attaquant la binationalité et en rendant plus difficile la transmission de la nationalité comme si nous étions des citoyens de seconde zone. J'entends conduire le mandat de député au plus près de mes compatriotes. Avec ma suppléante Louise Guibrunet, nous allons mettre en place un parlement « France en Amérique latine et les Caraïbes », avec un collège d'élu.e.s, des associations, des entrepreneurs et des citoyen.ne.s français tiré.e.s au sort de manière paritaire et de manière proportionnée aux poids des communautés. Il s'agit de créer un espace démocratique de participation citoyenne. Un mandat de député, ce n'est pas un chèque en blanc. Il faut être capable de rendre des comptes et d'assumer ses choix et ses votes. La situation politique provoquée par la décision solitaire et dangereuse prise par Emmanuel Macron est périlleuse pour le pays. Il est indispensable de respecter le peuple français, de le faire participer aux choix de décisions qui le concernent et qui ont des conséquences sur sa vie quotidienne.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre circonscription ?
Notre circonscription a été négligée depuis sept ans, date de l'élection d'Emmanuel Macron. Il s'y est peu déplacé, et n'a jamais intégré le continent dans son agenda diplomatique. La conséquence de ce désintérêt est un réseau consulaire affaibli, il y a des pays dans notre circonscription sans services consulaires: nos compatriotes se retrouvent ainsi dans des situations de grandes difficultés. Il faut réarmer le réseau, en créant des postes d'agent car la numérisation de nos services consulaires sans moyens humains laisse une partie de nos compatriotes de côté. Le réseau éducatif doit être renforcé. Il est temps de faire de l'éducation une priorité. Il faut donc augmenter le budget de l'Agence de l'Enseignement du Français à l'Étranger (AEFE) et le budget des bourses. Sans ce volontarisme, le réseau est condamné au déclin et à une augmentation des frais de scolarité insupportable pour les familles. La présence française au travers du réseau culturel doit être renforcé. De même, l'action de l'agence française du développement (AFD) doit être plus clairement affirmé en direction du développement durable, d'un aménagement urbain pouvant faire face à la crise climatique et aux défis environnementaux. Il faut relancer les accords bilatéraux de retraite et de sécurité sociale.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
J'ai la chance d'avoir une équipe de campagne présente dans tous les pays de la circonscription, et de compter sur le soutien du réseau d'élus des Français de l'étranger. Je suis aussi soutenu par l'ensemble des parlementaires du Nouveau Front Populaire et des sénateurs écologistes. Nous allons sillonner la circonscription avec Louise Guibrunet, ma suppléante, pour rencontrer les enseignants, les parents d'élèves, les entrepreneurs, les agents du réseau consulaire, et culturel. Nous allons organiser des réunions publiques dans de nombreux pays de la circonscription et tenir des webinaires. Nous faisons une campagne de terrain avec énergie et engagement.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?
Le premier axe de travail sera l'investissement dans les services publics, et en particulier les services consulaires, pour permettre l'embauche de nouveaux agents consulaires. Le deuxième axe de travail sera la défense du réseau éducatif a l'étranger pour garantir l'accès universel a l'éducation et pour stopper l'augmentation des frais de scolarité pour les familles établies sur le continent. Enfin, je travaillerai à sanctuariser la binationalité en inscrivant sa protection dans la constitution française.