Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 1

La crise à Hong Kong s'exporte dans les universités australiennes

soutien Hong Kong universités Australiesoutien Hong Kong universités Australie
Écrit par Rim Bohle
Publié le 12 août 2019, mis à jour le 18 février 2021

La crise entre Hong Kong et le gouvernement chinois s'est exportée au sein des universités australiennes et tend à s'intensifier. Des étudiants participant à des manifestations pro-Hong Kong ont été filmés et agressés par des étudiants soutenant le gouvernement chinois. Un étudiant dans le Queensland rapporte que sa famille, restée en Chine, a été menacée après sa participation à l'une de ces manifestations.

 

Altercations dans une université en Tasmanie

La situation s’est enflammée mercredi dernier sur le campus de l'Université de Tasmanie, où des étudiants nationalistes chinois ont déchiré les panneaux accrochés par des étudiants soutenant Hong Kong. Jeudi, l'University of Tasmania Chinese Students and Scholars Association, une association regroupant des étudiants chinois, a appelé dans un communiqué les autorités de l’Université de Tasmanie à retirer des post-it soutenant Hong-Kong. "Notre association étudiante exprime officiellement son mécontentement auprès de l’université à la suite de cet incident qui humilie le peuple chinois et appelle l’université à créer un environnement d’enseignement pur et propre," écrit l’association dans un communiqué.  Un représentant de l'Université de Tasmanie a répondu :  "L’université est très claire. Le retrait de matériel appartenant à d’autres étudiants n’est pas acceptable."

 

Melbourne : des étudiants chinois nationalistes filment leurs opposants

Des étudiants à l’Université Monash à Melbourne disent avoir été filmés lors de manifestations pro-Hong Kong. Ces derniers ont installé un "mur Lennon", un panneau mobile sur lequel les étudiants sont invités à coller des messages de soutien anonymes. Un des organisateurs raconte au quotidien The Age :  "Un supporter du gouvernement chinois s’est approché pour filmer nos visages. Certains d’entre nous avons essayé d’enlever le mur Lennon pour cacher nos visages avec. Un deuxième étudiant a tenté de baisser le panneau pour filmer nos visages." Il ajoute : "L’un des nôtres a voulu l’arrêter et a essayé de l’éloigner. Ce dernier l’a violemment frappé dans le dos".

mur lennon queensland

 

La famille d'un étudiant chinois en Australie menacée

Les quotidiens The Age et Herald Sun rapportent que la famille d’un étudiant chinois vivant en Australie a reçu des menaces de la part des autorités chinoises après que ce dernier a participé à des manifestations à l‘Université du Queensland. "J’étais à une manifestation. Quand des personnes filmaient, j’ai fait de mon mieux pour cacher mon visage ou m’éloigner de la foule". Quelques jours plus tard, l’étudiant raconte qu'il reçoit un appel de sa mère vivant en Chine. Elle lui dit que sa famille a reçu la visite d’un représentant de l'État. Elle lui demande de ne plus participer à ces manifestations : "Nous voulons être sûrs que tu sois en sécurité et nous aussi".

Altercation à l'Université du Queensland lors d'une manifestation soutenant Hong Kong

 

Retour sur l'origine du conflit

La crise qui se transpose au sein des universités australiennes a démarré avec la proposition d'un projet de loi permettant des extraditions de Hong Kong vers la Chine continentale. Le texte a été suspendu mais depuis deux mois, le peuple hongkongais proteste plus largement contre le recul des libertés sur le territoire. Basé sur le principe "un pays, deux systèmes" à la suite de la rétrocession de ce territoire, ce dernier bénéficie jusqu'en 2047 de libertés dont ne jouissent pas les habitants de la Chine continentale.

Hong Kong manifestation extradition

 

L'Australie et les États-Unis unis face à l'influence régionale de la Chine

Les relations sino-australiennes se distendent aussi. Lors de la récente conférence annuelle Australia-United States Ministerial Consultation (AUSMIN) à Sydney, la ministre des affaires étrangères Marise Payne, la ministre de la défense Linda Reynolds ont rencontré leur homologue américain Mark Esper et Mike Pompeo. A la sortie de cette rencontre, ce dernier a déclaré que le "temps était venu" pour les États-Unis et l’Australie de joindre leurs efforts afin de faire face à l’influence de la Chine dans la région. M. Pompeo a comparé la situation actuelle à celle durant laquelle les deux nations se sont alliées contre l’ex-URSS pendant la Guerre Froide. Les États-Unis prévoient d’installer des missiles dans un endroit encore non-déterminé en Australie.

 

Polémique: un député compare la Chine à l'Allemagne nazie

Le parlementaire Andrew Hastie a crée la polémique en comparant la Chine à l'Allemagne Nazie. "L'occident a cru que la libéralisation économique entraînerait naturellement la démocratisation de la Chine," écrit M. Hastie dans un éditorial paru dans The Age. "C'était notre ligne Maginot. C'était censé nous protéger, de la même façon que les français pensaient que leurs forteresses les protégeraient contre l'avancée de l'Allemagne en 1940. Ils se sont trompés.[...] Comme les français, l'Australie n'a pas vu son voisin autoritaire devenir si actif".

"Ce raté intellectuel nous rend faible au niveau institutionnel. Si nous ne comprenons pas les défis à venir pour notre société civile, pour nos parlements, nos universités et nos entreprises, alors des choix vont être faits pour nous. Notre souveraineté, nos libertés seront réduites."

'Dommageable' répond l'ambassade Chine

L'Ambassade de Chine en Australie a répondu dans un communiqué, décriant un texte emprunt d'une "mentalité de guerre froide," qui est "dommageable" pour les relations entre les deux pays.

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024