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Hélène Dunlop : pour une réforme des repas scolaires

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Écrit par Rim Bohle
Publié le 19 janvier 2020, mis à jour le 2 décembre 2020

Nutritioniste, cette maman a été quelque peu sidérée en découvrant le systéme des repas scolaires lorsque son fils est  entré en primaire à Melbourne. Dans leur salle de classe, parfois à même le sol, les enfants ont entre 5 à 10 minutes pour engloutir en silence le contenu de leur lunch box. Soutenue par un Ministre de l'Etat du Victoria, Hélène Dunlop s'est lancée dans le projet de réformer ce sytéme, en adoptant une approche progressive, respectueuse de la culture australienne en la matière. Elle milite dans un premier temps pour un allongement du temps de repas, pris sur les heures de cours et non plus sur l'heure de pause de l'instituteur.

Le Petit Journal Melbourne : Bonjour Hélène, pouvez-vous nous raconter un peu votre parcours ?

Hélène Dunlop : Mon parcours est plutôt atypique. A Paris, j’étais comédienne dans une compagnie de théâtre. Lorsque j’ai rencontré mon mari, nous sommes partis vivre à Sydney pendant quatre ans. Nous avons ensuite vécu en Inde pendant quatre ans. Nous sommes revenus à Sydney pour 10 mois. Nous avons ensuite posé nos valises aux Philippines cinq ans. Maintenant nous sommes de retour à Melbourne. Entre temps, ma carrière a changé. Lors de notre expatriation aux Philippines, je terminais mes études de nutritionniste. J’ai intégré trois écoles locales avec la mission de transformer le système des cantines, en suivant une approche éducative pour les enfants mais aussi pour l’école et les parents.

 

nutritioniste philipines

 

LPJ-Melbourne : Comment votre projet de réforme des déjeuner à l'école a-t-il muri?

Arrivée ici, j’étais un peu sidérée par le système. Je vois qu’il y a beaucoup d’enfants obèses. En tant que nutritionniste, lorsque l’on accompagne des personnes de 20-25 ans avec des problèmes hormonaux, des suites d'une mauvaise nutrition, on a envie de prendre le problème à la source. Mes enfants sont dans le système australien. A priori il y a beaucoup de choses intéressantes dans le système éducatif australien mais en termes d’alimentation c’est assez sidérant. Un processus singulier selon lequel il faut vite manger pour être nourri. Une approche de la nourriture qui est très négative. Mon fils s’est fait embêter pour ses lunch box. Lorsque quelqu’un à quelque chose d’un peu différent, ils se moquent. Ils se sont faits embêtés car ils emmenaient des boites avec des lentilles. On leur disait que cela sentait mauvais. Ce n’est pas grave. Cela arrive partout. Je me suis rendu compte que les parents qui essayaient d’implémenter de bonnes habitudes alimentaires recevaient peu de soutien de l’institution.

 

Je me suis rendu compte que les parents qui essayaient d’implementer de bonnes habitudes alimentaires recevaient peu de soutien de l’institution

 

LPJ-Melbourne : Quelles démarches avez-vous engagé?

Au début, je m’étais dit que nous allions tout changer. Je suis allée voir le directeur de mon école, il y a un an et un an et demi, en lui parlant de biochimie, de l’importance pour toutes les cultures de se retrouver.  Ce monsieur m’a arrêté net en me faisant comprendre que rien ne pourrait être changé.

 

demarche biochimie

 

J’ai fait mes recherches. Je me suis aperçue qu’il ne fallait pas que je parle de la nourriture elle-même mais de l’approche qu’ils en avaient. La première problématique est d’avoir un temps suffisant pour manger. A travers mes recherches, j’ai réalisé que les horaires sont très contraignants et stricts. Sur le peu d’heures qu’ils sont à l’école, soit 25 heures par semaine. Il faut que le prof ait aussi ses pauses. C’est la loi. Sur le reste rien n’est légiféré. J’ai écrit au ministère de l’éducation et au ministère de la santé qui m’ont répondu en se renvoyant la responsabilité. A un moment, j’ai perdu confiance dans la possibilité  de pouvoir changer quoique cela soit.

 

La première problématique est d’avoir un temps suffisant pour manger.

 

LPJ-Melbourne : Finalement votre plus grand soutien est venu de la Ministre des Transports du Victoria?

En effet, J'ai rencontré par hasard Jacinta Allan. Elle m’a invité à venir discuter avec elle. Quand je lui ai parlé concrètement du problème, elle a été extrêmement étonnée de la situation actuelle. De nombreux australiens pensent que l'heure dédiée au déjeuner signifie une heure pour s’alimenter. En fait, les enfants n'ont que 5 à 10 minutes pour se restaurer, souvent assis par terre, toujours en silence. Elle a ensuite fait ses recherches. Elle est revenue vers moi en me disant qu’elle était prête à m’aider.  Elle m’a conseillé de candidater pour un fond du gouvernement du Victoria. Pour cela, il faut que je crée une association.

 

Nous souhaitons avoir suffisamment de poids pour faire changer les choses.

 

Le truc est que nous ne voulons pas avoir de l’argent.  Nous souhaitons avoir suffisamment de poids pour faire changer les choses. Je suis retournée voir le principal de l'école de mes fils qui m'a accueilli plus cordialement sachant que j'avais des fonds. Première grande victoire, il a accepté d'autoriser les enfants à déjeuner pendant 20 minutes.

 

Jacinta Allan

 

 

Pour suivre les avancées de ce projet, Hélène Dunlop vous donne rendez-vous sur la page Facebook Better Canteen

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