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Maxime Chaury, globe-trotteur et enfant de toutes les nations

De la France à l’Indonésie, en passant par le Pérou, l’Algérie, le Vietnam, la Malaisie, le Brésil et bien plus encore… à 30 ans il restait un seul continent que Maxime n'avait pas encore découvert : l’Océanie. Pour son trente-et-unième anniversaire, il s’est offert ce cinquième continent, en déménageant à Sydney pour créer l’entreprise Upworth en mai 2023.

Maxime Chaury dans la Baie de Mindelo, en vacances au Cap Vert en 2016Maxime Chaury dans la Baie de Mindelo, en vacances au Cap Vert en 2016
Maxime Chaury dans la Baie de Mindelo, au Cap Vert, en 2016
Écrit par Marie-Line Lussiana
Publié le 1 août 2024, mis à jour le 5 octobre 2024

 

Qui êtes-vous ?

Je suis un entrepreneur français à Sydney. J'ai grandi aux quatre coins de la France, puisque nous déménagions tous les trois ans car mon père travaillait pour EDF. Je suis né à Saint-Germain, à côté de Paris, mais j'ai habité enfant à Nantes, à Albi, à Nogent, à Dieppe et à Tulle. A la fois des grandes et des petites villes, des environnements très différents. Nous sommes quatre enfants, deux enfants biologiques et deux enfants adoptés, deux garçons et deux filles. 

“J'avais neuf ans quand ils sont arrivés d'Ethiopie. Avoir cette chance d'accueillir d'autres personnes dans la famille m'a beaucoup apporté et influencé.”

Depuis l’enfance j’étais fasciné par le Pérou et l'Amérique latine et voulais y voyager. Malheureusement mes parents trouvaient cela trop dangereux : j’ai donné des cours de soutien et décroché une bourse Zellidja pour financer mon voyage en échange d’un carnet de voyage et d’un rapport d'études. Je suis ainsi parti seul en Amazonie péruvienne pendant 2 mois en 2011, et ai rédigé un rapport sur la culture indigène dans la région de Madre de Dios (frontière sud-est avec la Bolivie et le Brésil) : un séjour dix fois plus enrichissant qu’un séjour touristique!

Maxime Chaury, Boursier Zellidja pour étudier la culture indigene en amazonie Péruvienne, en 2011
Maxime Chaury, Boursier Zellidja pour étudier la culture indigene en amazonie Péruvienne, en 2011

 

Quel est votre parcours ?

J’ai commencé par des études de sciences humaines à Sciences Po Paris (économie, histoire, droit, sociologie, sciences politiques…). C'était passionnant intellectuellement. J’ai eu la chance d’avoir des expériences en ambassade, etc., qui étaient très enrichissantes, mais 

“je ne me projetais pas dans cet environnement de travail très hiérarchique, et qui ne répondait pas à ma personnalité en termes de rapidité, d’expression d'une singularité, et de relation à l'autorité.”

Maxime Chaury Capitaine de l'équipe de basket de Sciences Po en 2015
Maxime Chaury Capitaine de l'équipe de basket de Sciences Po en 2015

 

J’ai également eu l’opportunité de réaliser une formation intensive d’officier de l'armée de terre à Saint Cyr, grâce  à un programme de quelques places offert aux étudiants de Sciences Po. Les entraînements militaires, tactiques, d’armements, de renseignement, et de droit humanitaire étaient passionnants, et apprendre à gérer des troupes sur le terrain lors de missions d’exercice m’ont beaucoup appris.

"La discipline, la rigueur et la résilience physique et psychique que l’on peut développer dans l'armée n'a pas d'égal."

Maxime Chaury, Lieutenant de l'armée de terre à Saint Cyr, 2013
Maxime Chaury, Lieutenant de l'armée de terre à Saint Cyr, 2013

 

J’ai donc pivoté sur une école de commerce, l'ESSEC, en 2015. J'ai commencé à m'intéresser au secteur privé, où je voyais que j'avais plus d'opportunités pour me développer. Mon premier master à Sciences Po, en affaires internationales, m'a permis d’avoir des expériences dans différents pays, et je me suis aperçu qu'en fait, c'est ça qui m'intéressait plus que de travailler dans des ambassades.

Je me suis dit que je pouvais très bien continuer ce contact avec différentes cultures, différents pays, différentes personnes, tout en ayant une carrière un peu plus dynamique.

 

 

Quelle expérience a amorcé un tournant dans votre carrière professionnelle ?

J'ai eu l'occasion de faire mon stage de fin d'études de Science Po dans une boite de Rocket Internet en Algérie, Jumia Food. C'était l'équivalent de Uber Eats, et ils sont maintenant dans 40 pays d’Afrique et listés au Nasdaq.

“J'étais vraiment au début de l'aventure en 2015, et c'était passionnant, cette énergie, il y avait des gens qui venaient d’un peu partout, on était tous dans une grande villa, c'était le bureau, le logement, le HQ. Enfin bon, c'était assez chaotique et super fun, et ça se développait très vite.”

J'étais le bras droit du directeur de la boîte pour le pays. Et du coup, j'étais exposé à tous les aspects opérationnels, marketing, finance, RH, etc. Et donc de la théorie à la gestion, très pratique, d’une équipe de livreurs à Alger. 

Maxime Chaury avec l'equipe de Jumia Food a Alger en 2015
Maxime Chaury avec l'equipe de Jumia Food à Alger en 2015

 

En quoi cette expérience a-t-elle influencé la suite de vos études ?

“J'ai réalisé que les directeurs de ces entreprises avaient souvent un background en capital investissement ou conseil en stratégie.”

Entre l'ESSEC à Singapour et Seoul National University en Corée, j'ai décidé d'avoir ces expériences-là. Et donc, j'ai fait du capital investissement dans un fonds lancé par l'ancien directeur de l'AFD. C’etait à Abidjan, en Côte d'Ivoire, et on faisait du mid-cap, c'est-à- dire des investissements dans des entreprises de taille moyenne en Afrique de l'Ouest. Une fois diplômé, j'ai travaillé pour des boîtes de conseil en stratégie - le leader européen, Roland Berger, et Strategy&, qui est l’ancien Booz & Company racheté par PwC. Là, j'ai fait des missions d'accompagnement de grosses boîtes et de gouvernements dans des plans stratégiques. On a notamment réalisé la stratégie à 5 ans d'Algérie Post. C'était très intéressant, mais mon objectif, c'était de revenir en start-up!

 

 

Vous êtes un véritable globe-trotteur ! Pourriez vous s’il vous plaît résumer vos diverses expériences d’expatriation au cours de vos études ?

Ma première expérience en ambassade était en 2013 au consulat de France au Cap, qui était génial. Le consul était vraiment incroyable. C'était mon expérience dans le public. 

Ensuite j’ai eu envie de faire une transition en 2014 en faisant une année de césure de Sciences Po pour travailler à l'ambassade de France d’Hanoï dans la section commerciale, donc Ubifrance, maintenant appelée Business France : j'ai rédigé le guide des affaires pour le Vietnam, travaillais pour introduire des hommes d’affaires français avec des entrepreneurs vietnamiens, en organisant des événements, des conférences, des rencontres B2B. 

Maxime Chaury, Analyste a Business France à Hanoï en 2014
Maxime Chaury, Analyste a Business France à Hanoï en 2014

J’étais par conséquent en contact avec beaucoup d'entrepreneurs français, et avais notamment le guide des chambres de commerce européennes au Vietnam, me permettant d’envoyer mon CV et mes lettres de motivation à un grand nombre d’entreprises : j’ai postulé pour travailler dans 300 entreprises européennes au Vietnam, fait 30 entretiens, ai eu 10 propositions, et j'en ai choisi une, que j'aimais vraiment. Je suis passé du côté commercial avec Geodis, une filiale de la SNCF. Je faisais du business development pour l'import-export à Ho Chi Minh City, dans le sud. 

“Un de mes principes de base, c'est qu'il n'y a aucune raison que les gens s'intéressent particulièrement à moi, donc mieux vaut parler à suffisamment de personnes, il y en aura statistiquement qui auront envie d'échanger, et autant passer mon temps, plutôt, avec ceux-là. C'était l'approche.”

Ensuite je suis revenu à Sciences Po pour finir mon Master en 2015 jusqu'à l'été, puis j'ai fait mon stage de fin d'études 2015 à Alger. 

Je suis rentré à l'ESSEC en septembre 2015. Là, j'ai commencé 3 mois à Paris, puis 6 mois à Singapour, suivis de 6 mois dans un fond de Private Equity à Abidjan fin 2016. En 2017, j'ai fait la deuxième partie de mon diplôme à l'Université nationale de Séoul en Corée. Je suis diplômé de l’ESSEC depuis 2017.

Maxime Chaury avec l'equipe de Seoul National University en Hanbok (Tenue traditionelle Coreenne)
Maxime Chaury avec l'equipe de Seoul National University en Hanbok (Tenue traditionelle Coréenne)

 

 

Pourriez vous s’il vous plaît nous parler de vos premières expériences professionnelles ?

En 2018 j'ai travaillé au Maroc en conseil en stratégie. Après Noël, je suis parti à Kuala Lumpur, en Malaisie, pour travailler deux ans avec Zen Rooms jusqu'à fin décembre 2020. Directeur de cette boite d'Hospitality Tech, j'ai développé le business, puis nous avons malheureusement eu les salutations du Covid, qui, du jour au lendemain a fait chuter les revenus à presque 0…

Maxime Chaury, Directeur de Zen Rooms Malaysia, 2019
Maxime Chaury, Directeur de Zen Rooms Malaysia, 2019

 

J'ai rebondi en partant trois mois en voyage à la fin de mon contrat afin d’apprendre le portugais au Brésil. Ensuite j'ai commencé un nouvel emploi en avril 2021 à Jakarta, jusqu'en mai 2023, donc un peu plus de 2 ans, pour une autre entreprise de Rocket, Flash Coffee. 

Maxime Chaury, Directeur de Flash Coffee Indonesia, 2022
Maxime Chaury, Directeur de Flash Coffee Indonesia, 2022

 

Vous avez appris toutes les ficelles lors de vos deux expériences à Kuala Lumpur et Jakarta. Cela a dû beaucoup vous apporter. 

“Oui, tout à fait. En tant que directeur, on est chargé de la structure dans son ensemble. Il y a cet aspect “Jack of all trades”, avec à la fois les dimensions marketing, finance, RH, business development, opération…etc”

C'est assez complet. Ça permet d'être exposé à tout. La différence, c'est qu'il y a beaucoup plus de soutien, de support avec des équipes, etc., parce que j'étais dans des boîtes plus matures. Quand on est early stage, ce qui est intéressant et aussi un challenge, c'est que tout doit être fait en petits comités avec des moyens encore plus restreints. Mais c'est aussi passionnant!

 

Depuis quand et pourquoi avez-vous déménagé en Australie?

J'ai rejoint Alex, l'un des deux autres co-fondateurs, à Sydney pour créer l’entreprise Upworth en mai 2023. J'ai tellement de choses à dire sur Upworth, et l'interview est déjà assez long : pour en savoir plus sur Upworth, suite au prochain épisode, dans un deuxième interview, qui sera publié le vendredi 9 août 2024.

 

Comment votre famille a-t-elle vécu votre déménagement en Australie ?

C'est le bout du monde. 

Justement, mon père m'a dit, "Quand tu étais en Indonésie, je pensais que c'était le plus loin possible. Mais non, en réalité, il y avait bien un endroit plus lointain."

Il y a quand même la Nouvelle-Zélande qui est un peu plus loin ! Mais ils vont venir, ils vont passer me voir. Et puis il faut relativiser: on est quand même dans une époque totalement différente de celles qui nous ont précédées.

Je parlais avec mon grand-père, qui est de Marseille. Il avait fait un stage en Suisse à la fin de ses études d'ingénieur. Il venait quelques fois revoir sa mère à Marseille. A l'époque, les week-ends, c'était juste le samedi après-midi et le dimanche. Et bien sûr, il n'avait quasiment jamais de vacances. Ainsi, quand il revenait voir sa mère, peut-être une fois tous les six mois, entre Baden et Marseille, il prenait le train de nuit, plus un autre train.

"Il partait le samedi midi après le travail de Baden. Il arrivait le dimanche matin à Marseille. Et il repartait le dimanche soir de Marseille en train pour travailler le lendemain matin. Il arrivait un peu tard pour le boulot, mais exceptionnellement, c'était OK."

Il était à quelques centaines de kilomètres de Marseille. On a vraiment assisté à une révolution des moyens de transport. Même si la France est loin, au final, c'est moins d'une journée pour faire un Sydney-Paris.

Il y a aussi toute la flexibilité que nous a apporté le COVID, de travailler dans différents endroits, qui est beaucoup plus courante que ça ne l'était avant. Même en étant à Sydney, je suis plus proche et je peux revoir ma famille au moins aussi souvent que quand mon grand-père faisait son stage en Suisse... Je reviens deux fois par an en général.

 

Avez-vous été surpris par certaines choses à votre arrivée en Australie ?

Je venais de Jakarta, la plus grande ville du monde avec 30 millions d'habitants soit plus que toute l'Australie. 

“Quand je suis arrivé, je me suis dit, mais attends, je pensais que c'était une grande ville, Sydney? C’est en réalité plusieurs villages contigus.  J’étais choqué par la différence de densité, ayant été habitué aux grandes villes asiatiques.”

Même le CBD de Sydney est top, mais ce n'est pas particulièrement impressionnant. J’ai réalisé que c'est un mode d'organisation urbain différent, où il y a plein de petits villages qui sont regroupés ensemble. Il n'y a pas cette dimension grande ville qu'on peut sentir en Asie.

Je suis à Chippendale, du coup, très proche du CBD de Sydney. 7 minutes en vélo, 25 minutes à pied, c'est génial. Quand tu bosses beaucoup, ça te permet de faire une pause, de faire un peu de sport, c’est énergisant!

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