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EXPATRIATION – Les enfants de la "troisième culture"

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Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 28 juin 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

Depuis quelques années de nombreuses études se sont penchées sur le développement de l'enfant expatrié et la spécificité de son identité. La problématique posée s'énonce ainsi : quels repères culturels et identitaires l'enfant expatrié peut-il se construire en grandissant en dehors de la patrie de ses parents ? Dernière chronique de notre psychologue, Adélaïde Lefèvre, avant les congés estivaux.

L'enfant expatrié va en fait construire une "troisième culture". Les Anglo-saxons parlent de "Third Culture Kids" (TCK). Cette troisième culture qui n'est ni celle des parents, ni celle du pays d'accueil, prend pour l'enfant une définition spécifique très personnelle. En tant que parents, il n'est pas toujours facile de comprendre ce que vivent nos petits "citoyens du monde".

Voici quelques points de repères qui permettront de mieux décoder nos enfants !

La question des origines : les origines en question

Vous aurez sans doute observé que face à la question "d'où viens-tu ?", l'enfant expatrié semble un peu perdu. Il va successivement répondre son pays de naissance, sa nationalité, le pays de sa précédente expatriation ou d'autres réponses en lien avec son cheminement et qui feront donc sens pour lui. En d'autres mots, le sentiment d'appartenance de l'enfant expatrié est complexe. Par exemple, sa langue peut être le français, il peut être né aux Philippines, avoir une double nationalité,  n'avoir jamais habité en France, ou avoir habité dans 3 ou 4 pays différents. En bref, il a lui-même une identité et une culture multi-facettes.

Références et valeurs culturelles : le terreau d'une nouvelle culture riche et personnelle
 
Une expatriation "réussie" est reconnue par notre capacité à mixer notre culture d'origine avec la culture d'accueil sans en rejeter une au profit de l'autre. Voilà pourquoi les adultes aussi doivent réaménager leurs codes culturels quand ils arrivent dans un nouveau pays. Mais cela se fait sur une base culturelle solide, construite pendant l'enfance. Nos enfants eux construisent leur base culturelle à partir de toutes ces cultures et multi-cultures.

En tant que parent, nous pouvons aider nos enfants à développer leur propre culture et à renforcer leur sentiment d'appartenance en leur transmettant nos valeurs culturelles  et les valeurs de la culture qui nous accueillent à travers les habitudes de vie, les codes culturels, le développement du savoir et de la curiosité culturelle. L'enfant ensuite construira son propre système de valeurs culturelles qui ne ressemblera ni totalement aux nôtres, ni totalement à celui de la culture d'accueil.

Un rapport particulier au temps : vivre au présent, conscient de sa mobilité

D'autre part, cet enfant multiculturel va grandir au gré des expatriations avec l'expérience du changement et la transition.  Combien de temps va-t-on rester ? Ou va-t-on aller après ?

Inconsciemment, l'enfant se prépare au changement, il sait qu'il va vivre dans un pays de manière transitoire, en des termes définies mais susceptibles d'être modifiés de manière imprévisible. Son rapport au temps est donc spécifique face à un environnement plus instable.

Ces changements géographiques et culturels impactent toute sa personnalité et la façonnent de manière particulière. Adultes et enfants peuvent développer ensemble leur capacité d'être au présent afin de vivre pleinement l'expérience vécue.

Une riche personnalité sociale : ouverture et curiosité

De plus, l'identité de l'enfant expatrié est une identité sociale. Il va construire son identité en fonction des multiples rencontres qu'il va vivre au cours de ces déménagements. L'enfant va développer une richesse sociale et de communication en apprenant également plusieurs langues.

Cette spécificité du lien social laisse une empreinte chez l'enfant et son ouverture et sa curiosité sociales sont un atout pour lui. Il est facilement adaptable à différents environnements.

Comment accompagner au mieux son enfant ? Rester à l'écoute…

Paradoxalement, les études montrent que la période adolescente est « retardée » du fait des phases de régression que l'adolescent va expérimenter lors d'un changement de pays. Donc si vous voyez votre adolescent qui a des difficultés à s'autonomiser, cela peut être l'une des conséquences de l'expatriation.

Etre à l'écoute de son ressenti, de ses questionnements, de sa frustration ou de ses incompréhensions, de son choc culturel ou de la tristesse de la séparation est un outil pour les aider à garder confiance et à se développer sereinement avec flexibilité et adaptabilité.

Pour développer cette question des enfants de troisième culture, je vous conseille la lecture du livre Les enfants expatriés, enfants de la troisième culture de Cécile Gylbert aux Editions du Net. Une bonne lecture de vacances en France !

Bonnes vacances à tous !

Adélaïde Lefèvre (www.lepetitjournal.com/manille) mercredi 29 juin 2016
Psychologue

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Publié le 28 juin 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

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