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POLITIQUE - Des regards contrastés sur la question des droits de l'Homme

Écrit par Lepetitjournal.com aux Philippines
Publié le 29 mars 2017, mis à jour le 29 mars 2017

Alors que les relations continuent de se tendre entre les Philippines, l'Union européenne et les Nations Unies autour de la question des droits de l'Homme, la population philippine réaffirme, dans un récent sondage, sa confiance en son président, Rodrigo Duterte. Premiers éléments d'analyse.

Des relations tendues sur la question des droits de l'Homme

Alors que plusieurs élus et représentants de l'Union européenne et des Nations Unies continuent de critiquer très fermement la politique du gouvernement Duterte au regard des droits de l'Homme (meurtres extrajudiciaires dans le cadre de sa "guerre contre la drogue", gestion des prisons, projet de restauration de la peine de mort, arrestation "préoccupante" de la sénatrice Leila de Lima - l'une des grandes figures de l'opposition philippine et ancienne présidente de la commission des droits de l'Homme), les réponses de l'Etat philippin ont fait preuve, durant les derniers jours, de la même fermeté.

Ainsi, plusieurs déclarations récentes témoignent des prises de positions nettement opposées, voire conflictuelles, entre les Philippines et l'Union européenne.

Le président Duterte vient en effet de rejeter violemment une proposition alternative de l'Union européenne sur la question des drogues illégales. Il a qualifié d' "idiote" cette proposition qui, dans une perspective de santé publique, aurait permis l'aménagement d'accès spécifiques légaux à certaines drogues, pour certains consommateurs, dans des cadres précis et sous certaines conditions (sevrage et désintoxication, par exemple, dans des hôpitaux, sous prescription et accompagnement médical). Considérant cette proposition comme un nouvel acte d'ingérence, le président philippin a renversé la question des meurtres dans le cadre de sa "guerre contre la drogue", opposant aux "meurtres extrajudiciaires" tant critiqués les "meurtres commis par des personnes sous l'influence de la drogue", dont souffrirait davantage la population philippine, et dont la communauté internationale aurait, selon lui, avec de telles propositions, à assumer la responsabilité.

Le président Rodrigo Duterte a, dans la même perspective, menacé de "suspendre" les représentants de l'Union européenne aux Philippines pour leur prise de position contre le projet de restauration de la peine de mort.

Convoqué par le service d'action extérieure de l'Union européenne à la suite de ces déclarations, le chargé d'affaires philippin, Alan Deniega, a néanmoins nuancé le positionnement de l'Etat philippin et a même évoqué un projet de mise en place de "cliniques et de maisons de soins et de repos "où les drogués pourraient être sevrés et soignés.

De telles tensions sont également sensibles avec les Nations Unies.

Ainsi, Marta Santos-Pais, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de la question de la violence à l'encontre des enfants, a récemment pris fermement position contre le projet de loi abaissant l'âge de responsabilité pénale aux Philippines de 15 à 9 ans. Dans un courrier adressé aux présidents du sénat et de la chambre des représentants philippins, Aquilino Pimentel III et Pantaleon Alvaraez, elle les a sommés de retirer leur soutien au projet, appuyant son argumentation sur des études scientifiques qui permettent d'envisager les conséquences désastreuses d'une telle décision : augmentation du recours aux très jeunes enfants dans le cadre d'activités criminelles, entrave à l'éducation, exposition aux violences des prisons et stigmatisation de ces enfants. Le bureau de l'UNICEF aux Philippines, des juristes et des élus philippins ont relayé ces mises en garde et les propositions associées d'une action politique concertée de prévention et d'accompagnement spécifique des enfants criminels et de leurs familles.

Dans le même temps, les prises de positions des Philippines aux Nations Unies marquent un profond clivage avec leurs homologues sur cette même question des droits de l'Homme. Ainsi, lors du dernier vote au conseil des Nations unies pour les droits de l'Homme, les Philippines, sans aucune explication, se sont abstenues et non pas voté la résolution qui prévoyait d'étendre le mandat de la commission d'enquête sur les affaires de violations des droits de l'Homme en Syrie.

Après avoir apporté leur soutien au Myanmar pour les efforts de démocratisation entrepris, les Philippines se sont également abstenues du vote prévoyant l'envoi d'une mission d'enquête internationale sur de présumées violations des droits de l'Homme à l'encontre de minorités religieuses du Myanmar.

Droits de l'Homme et sécurité : le positionnement net des Philippins de Metro Manila

Un sondage réalisé par Pulse Asia entre le 6 et le 11 décembre 2016 révèle en effet que 82% des Philippins résidant à Metro Manila ont un sentiment de sécurité accrue dans les rues de la capitale du fait de la "guerre contre les drogues illégales" menée par le gouvernement Duterte.

Le porte-parole de la présidence, Ernesto Abella, s'est félicité de ses résultats qui représentent, selon ses déclarations, un soutien massif de la population à la politique du gouvernement Duterte contre les drogues.

Les chiffres communiqués par le Bureau régional de la police nationale (NCRPO) font état de 57.000 arrestations de suspects et de 1.180.000 redditions volontaires depuis le début des opérations antidrogues en juillet 2016.

Les chiffres fournis par la Police nationale Philippine mettent en valeur une baisse de 32% de la criminalité globale mais une augmentation de 50% des cas de meurtres.

Le président Rodrigo Duterte a d'ailleurs défendu une nouvelle fois, le week-end dernier, le meurtre de suspects de crimes en lien avec la drogue qui résisteraient à l'arrestation dans le cadre d'opérations de la police nationale philippine. Il a dénoncé l'argument de la pauvreté "brandi pour justifier" la consommation ou la vente de drogues illégales (refusant toute explication de ce type pour ceux qui ont été tués dans le cadre de sa "guerre contre la drogue") et s'est dédouané de toute responsabilité dans le meurtre des innocents tombés dans les feux croisés de cette "guerre" (qu'il n'a dit n'avoir jamais ordonné).

Un dossier à suivre?

La rédaction (www.lepetitjournal.com/manille) jeudi 30 mars 2017

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Publié le 29 mars 2017, mis à jour le 29 mars 2017

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