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SOCIÉTÉ - Franquisme, porté disparu

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 10 septembre 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

En demandant à plusieurs institutions le recensement de toutes les victimes du régime de Franco, le célèbre juge Garzón a déclenché une vive polémique autour d'un sujet encore tabou en Espagne : la dictature franquiste

Exhumation à Olmedillo de Roa (photo ARMH)

Quand en juillet, le célèbre magistrat Baltasar Garzón, connu pour son mandat d'arrêt lancé contre Pinochet, prend l'initiative d'étudier les plaintes déposées par des familles et des associations de victimes de la dictature, en vue d'une ouverture d'enquête, l'affaire ne fait pas grand cas. On y voit une suite logique à la Loi sur la Mémoire Historique votée en 2007, qui avait alors provoqué des affrontements entre la gauche et la droite.
Mais les querelles politiques ont réapparu depuis l'annonce de la nouvelle entreprise du juge.
Baltasar Garzón a demandé à plusieurs institutions espagnoles le recensement de toutes les victimes du régime de Franco. Appuyé dans sa démarche par le gouvernement espagnol, le magistrat a réveillé l'amertume de l'opposition. Pour Mariano Rajoy, leader du Parti Populaire (PP), il n'est pas bon de "rouvrir les plaies du passé", l'Espagne doit se tourner vers le futur.

Devoir de mémoire
Pour Emilio Silva, président de l'association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH), "après 30 ans de démocratie il n'est pas trop tôt pour enquêter sur ce sujet. Aujourd'hui, ce que veulent les familles des victimes, c'est connaître la vérité et savoir où sont enterrés leurs parents et grands parents." 
Si la nouvelle initiative de Garzón apparaît comme une avancée dans le processus de mémoire historique que s'est imposé le gouvernement espagnol, elle n'en reste pas moins difficile, longue et minutieuse.
D'après les historiens, il s'agirait de plus de 30.000 personnes portées disparues, suite à des exécutions sommaires, finissant ainsi dans des fosses communes, sans laisser aucune trace.
Jusqu'ici, la loi d'amnistie votée en 1977 durant la transition démocratique, empêchait toutes poursuites liées aux crimes de la guerre civile et du franquisme.
70 ans après les faits, il y aura sûrement prescription et personne ne pourra venir s'asseoir sur le banc des accusés, mais cela permettra peut-être à l'Espagne d'assumer une période sombre de son histoire.
Rodolphe d'ARAGON. (www.lepetitjournal.com - Madrid) mercredi 10 septembre 2008

En savoir plus
- Courrier international :
Combien de morts sous le régime de Franco ?
- Lepetitjournal.com :
JUSTICE - Les oubliés de la dictature  

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Publié le 10 septembre 2008, mis à jour le 9 janvier 2018