

Pas toujours facile de comprendre les subtilités de la vie quotidienne en Espagne, notamment lorsque l'on ne connait pas le vocabulaire spécifique des domaines concernés. Et c'est d'autant plus vrai si cela fait peu de temps que vous êtes dans le pays. Voici une liste de 10 mots qui vous donneront un petit coup de pouce dans vos aventures quotidiennes.
Les Français qui s'installent en Espagne, voisine proche et appréciée de l'Hexagone, découvrent la vie dans un pays aux institutions différentes de leur bonne vieille République. Il y a en Espagne un roi (rey) mais aussi un président du gouvernement, qui n'est d'ailleurs toujours pas en poste depuis les dernières élections... Car ce ne sont pas les électeurs qui le désignent mais des députés, qui en l'occurence peinent à s'accorder. Comment y comprendre quelque chose ? Voici un lexique basique pour vous guider dans votre approche de la politique espagnole.
L'Espagne est une monarquía parlamentaria. Le Roi est le plus haut représentant de l'État mais son rôle est limité et encadré par la constitución. Il a pour mission d'arbitrer et de contrôler le bon fonctionnement des institutions. Il représente le pays à l'extérieur et il est le chef de l'armée. C'est le Roi qui peut convoquer des élections. La constitution espagnole protège le Roi de toute sanction pénale avec un principe de inviolabilidad, irresponsabilidad et refrendo (inviolabilité, d'irresponsabilité et contreseing).
En contrepartie, le Roi n'a pas le pouvoir exécutif qui est entre les mains du presidente del gobierno. Son rôle est semblable à celui du Premier Ministre en France : il est le jefe del ejecutivo (le chef du pouvoir exécutif), en charge de la gestion et de l'exécution des politiques générales de l'État. Le Roi réside au Palacio de Zarzuela et le président du gouvernement réside au Palacio de la Moncloa, à Madrid.
Le pouvoir législatif dépend du parlement, en espagnol las cortes generales : elles sont constituées de deux chambres : el senado (le sénat), appelé cámara alta et el congreso de diputados, appelé cámara baja (la chambre des députés). Les deux organes se réunissent lors de plenos ou de comisiones afin d'approuver les lois et de contrôler et débattre l'action du gouvernement.
Le tribunal constitucional exerce la fonction d'interprète de la constitution. Ce tribunal est indépendant et il est le seul garant du bon respect de la constitution de 1978, en charge de condamner les violations qui peuvent être commises. Sa composition dépend majoritairement du gouvernement au pouvoir puisque parmi ses douze membres, quatre sont élus par le congreso, quatre par le senado, deux autres par le gobierno et enfin les deux derniers par un organe indépendant, le consejo general del poder judicial. Dernièrement, le tribunal constitucional a été régulièrement sollicité pour statuer sur la constitutionnalité de nombreuses mesures prises par le parlement catalan, notamment en vue d'une future indépendance.
Le président du gouvernement est élu au suffrage indirect, les électeurs votant pour désigner les grupos parlamentarios (groupes parlementaires) du congreso de diputados. C'est le Roi qui a le pouvoir de convocar o disolver (convoquer ou dissoudre) las cortes generales (le parlement), et de convoquer des elecciones generales pour définir un nouveau président du gouvernement.
Après les élections, et une fois les groupes parlementaires nommés, le Roi va réaliser une ronda de consultas (tournée de consultations) auprès des groupes parlementaires de la chambre basse afin de les interroger sur le nom d'un futur président, comme ce fut le cas le mois dernier suite aux élections générales du 20 décembre 2015. C'est lui qui proposera ensuite le nom d'un candidat dont l'investidura sera votée devant le congrès des députés. Si le candidat obtient la mayoría absoluta, il devient président du gouvernement, sinon le vote est répété 48 heures après, et l'obtention d'une mayoría simple est alors suffisante.
Si les députés n'arrivent pas à se mettre d'accord pour nommer un président depuis les élections, c'est parce que l'Espagne connaît actuellement une regeneración de sa politique. Le traditionnel bipartidismo qui permettait aux partis PSOE et PP de se succéder alternativement au pouvoir a pris fin cette année avec l'apparition de nouveaux partis politiques qui obtiennent de nombreux escaños (sièges parlementaires) leur donnant du poids pour choisir le nouveau président du gouvernement.
Dans la presse espagnole, on retrouve les partis principaux sous des noms plus désobligeants fournis par les partis d'opposition. La droite espagnole surnomme podemitas les représentants de Podemos et naranjitas ceux de Ciudadanos (en référence à la couleur orange symbolisant la formation), les diminutifs en "ita" rappelant le jeune âge de leurs groupes respectifs. Les partis traditionnels ne sont pas en reste puisque les partisans du Partido Popular (PP) sont surnommés par la gauche les peperos et les socialistes du PSOE sont les sociatas.
Cette transformation vécue par le paysage politique espagnol, appelée cambio, prend sa source auprès de revendications populaires et de mouvements sociaux qui se sont multipliés ces dernières années. Les Espagnols voulaient du changement, et ils l'ont fait savoir. Le movimiento 15-M, également appelé movimiento de los indignados, illustre bien ce ras-le-bol citoyen. Des milliers d'Espagnols s'étaient rassemblés en masse le 15 mai 2011 pour protester contre le bipartisme PP-PSOE qui régnait depuis des années, la corrupción des politiques et revendiquer une défense des droits sociaux.
Le gouvernement du PP, avec Mariano Rajoy à sa tête, est depuis le 20 décembre 2015 le gobierno en funciones. La constitution espagnole et la loi du gouvernement 50/1997 prévoient que le gouvernement étant au pouvoir juste avant des élections générales reste le gouvernement qui assure la transición après les élections jusqu'à nomination du nouveau président. Ce gouvernement "en funciones" doit faciliter le bon déroulement du processus de formation du nouveau gouvernement et son passage de pouvoirs. Sa gestion est réduite au bureau ordinaire des affaires publiques, il ne peut adopter aucune nouvelle mesure sauf cas de force majeure.
Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Vendredi 12 février 2016
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