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Renault Portugal : leader des ventes au Portugal depuis 20 ans

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©Renault Portugal
Écrit par Marie Sobral
Publié le 26 juillet 2018, mis à jour le 26 juillet 2018

Le groupe français Renault, leader mondial de l’automobile dans le cadre de l’Alliance Renault Nissan Mitsubishi, est présent au Portugal depuis 1980, date de la création de la filiale Renault Portugal. Celle-ci depuis juillet 2017 a pour Directeur Général un français, de 47 ans, Fabrice Crevola. Suite à son portrait d´expatrié publié le 23 juillet 2018, il présente lors d´une interview qu´il a accordé au Lepetitjournal/Lisbonne la filiale Renault depuis sa création jusqu´à aujourd’hui en abordant les spécificités du marché de l´automobile au Portugal.


Lepetitjournal/Lisbonne : Quel a été le parcours de Renault au Portugal en 20 ans?

Fabrice Crevola : Historiquement, Renault c´était le leader absolu au Portugal. Juste Après La révolution en 1974, le gouvernement cherchait à développer l´économie et un des secteurs qui pouvait aider à développer l´économie c´était l´automobile. Suite à un appel d´offre international c´est Renault qui a été choisi pour venir s´installer au Portugal et développer un projet industriel et commercial. Le projet Renault avec la construction de  deux usines et la restructuration d´une troisième a poussé les fournisseurs locaux à se développer, le tissu de fournisseurs de Auto-Europa s´est créé avec Renault. Donc de 1980 à 1987 la marque a eu le statut de constructeur national et à ce titre n´avait pas de quota de ventes, contrairement aux autres marques, ce qui lui a permis d’avoir une part du marché très importante, plus de 35%. Avec l’entrée du Portugal dans l’Europe et la fin des droits de douane, la concurrence s’est fortement intensifiée mais Renault a reconquis la place de numéro 1 au Portugal en 1998 et ne l’a plus jamais perdue : Renault est la marque leader depuis 20 ans consécutifs et la part de marché du Groupe (marques Renault et Dacia) atteint plus de 17%. Un solide leadership qui a su se maintenir grâce à la qualité des équipes, au développement du réseau, au renouvellement de gammes depuis 2012...
Mais n’oublions pas que le Groupe Renault au Portugal, c’est aussi une filiale de distribution présente à Lisbonne et Porto (Renault Retail Group Portugal), une filiale de services financiers (RCI Bank and Services), et bien-sûr une usine de composants (boites de vitesses et pompes) à Cacia, qui emploie 1400 personnes, et qui a annoncé fin 2016 un investissement de 150M€ dans le cadre de l’industrialisation d’une boite de vitesses de nouvelle génération destinée à différents modèles de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. L’usine Renault de Cacia est la deuxième usine la plus importante du secteur automobile au Portugal en nombre d’employés.
Au total, le Groupe Renault emploie 2.000 personnes au Portugal, auxquels on peut ajouter les 2.000 emplois indirects de notre réseau de concessionnaires.

 

Comment Renault a-t-elle dépassé la crise du secteur automobile qui a démarrée en  2011 ?

Mieux que la concurrence ! En effet, avec la crise, beaucoup de concurrents ont fait le choix de recentrer leurs opérations en l’Espagne, avec des équipes portugaises extrêmement réduites, ce qui a causé une perte de proximité, au moment où le réseau de concessionnaires avait fortement besoin d’appui. Renault a gardé une équipe locale forte, une proximité avec le réseau pour l´aider à s´adapter et à faire face à la crise. L’entreprise a eu la force et l’intelligence de faire cela, ce que d´autres marques n´ont pas fait et elles ont presque disparu du pays. Nous on a minimisé les frais fixes, baissé les points morts, il y a eu évidement une restructuration, des concessionnaires ont disparu et il y a eu une vraie concentration. On a maintenant 22 concessionnaires.  C´est de cette façon que l´on a pu maintenir la marque et le leadership sur le marché portugais. Aujourd´hui Renault Portugal a environ 100 employés alors qu´il y a 20 ans ils étaient près de 400 ! La restructuration s´est faite petit à petit mais surtout au moment de la crise.

 

Comment voyez-vous le secteur de l’automobile au Portugal ?

Cela fait maintenant 3 ans que le marché augmente au Portugal, on retrouve le niveau d’avant crise. Nous avons noté une forte croissance liée au tourisme avec de plus en plus de voitures de location de courte durée,  des "Rent a car". Le marché portugais est un marché essentiellement de flottes de société ou de location. L´accès aux véhicules neufs pour les particuliers est très compliqué face à des salaires faibles et à une fiscalité sur l´automobile très élevée.  Pour un particulier portugais, acheter une voiture neuve représente un gros effort financier, peut-être le plus important en Europe. A titre d’exemple, une Clio coûte plus cher qu’en France, où les salaires sont deux fois plus élevés.

 

Quels sont les projets en terme d´avenir pour la marque Renault ?

On est dans une période où dans chaque industrie on entend dire qu´il va y avoir plus de changements dans les 10 prochaines années qu´il n´y en a eu dans les 50 dernières et l´automobile fait clairement partie de ces secteurs là : il y a une vraie révolution en marche dans l’automobile, avec l’arrivée de l’électrique, mais pas seulement il y a aussi  les nouvelles normes environnementales, et le mode d’utilisation des véhicules. Les véhicules vont devenir de plus en plus autonomes, c´est la tendance des prochaines années, la science fiction qui est rattrapée par le présent. Il s’agit d’un vrai challenge pour développer ces nouveaux moyens de transports tout en gardant notre différenciation qui sera déterminante dans le choix du client. Il faut éviter de banaliser le produit automobile qui aujourd´hui est l’un des produits les plus marqueurs du point de vue social.

La tendance sera d´associer les nouvelles technologies à la voiture, d´avoir des "robots taxis" mais aussi de continuer à offrir des voitures d´utilisation individuelle.
Nous allons avoir une fragmentation du marché donc ce sont à la fois des défis technologiques énormes et des défis dans la capacité à inventer l’avenir. L’avantage de Renault c´est qu’elle fait partie de l’Alliance qui est numéro 1 mondial (qui a vendu le plus de véhicule en 2017). Si on vend le plus ça veut dire qu´on a le plus gros potentiel pour développer les technologies de l´avenir et il n´y aura pas beaucoup de place à l´avenir pour des petits constructeurs parce qu´il y a une course tellement effrénée à la technologie d´une part et des normes environnementales de plus en plus contraignantes d´autre part. Tout cela oblige à des investissements considérables que seuls les grands constructeurs ont les moyens de faire. C´est un atout fondamental de Renault pour l´avenir cette capacité que le groupe a eu dans le temps à se rapprocher de Nissan, de Mitsubishi, à racheter Dacia et à prendre le contrôle de Lada. C´est aujourd´hui le groupe nº1 au niveau mondial grâce à cela.
Au Portugal, notre objectif est de continuer à nous développer, rester un acteur majeur, avec un réseau de concessionnaires rentables car la rentabilité est un moyen de préparer l’avenir.

Et parce que le Portugal est un pays important pour le Groupe Renault, nous venons de créer une Fondation, la Fondation Groupe Renault Portugal, qui interviendra dans tous les domaines de responsabilité sociale du Groupe, comme par exemple la sécurité routière, l’éducation, l’égalité, ou la mobilité durable.
Nous avons eu la chance de lancer la Fondation en présence du 1er Ministre le 19 juillet et nous avons à cette occasion offert 2 véhicules aux casernes de pompiers d’Aveiro.


Quel est le positionnement environnemental de Renault ?

L’électrique va fortement se développer et Renault est le précurseur du 100% électrique.  Le marché a doublé au Portugal l´année dernière et va encore doubler cette année. L’Etat portugais donne l’exemple, en développant sa flotte de véhicules électriques, et beaucoup de collectivités locales et de grandes entreprises adhèrent à cette technologie qui représente l’avenir. Et chose nouvelle au Portugal, les clients particuliers  sont de plus ne plus nombreux à passer à l’électrique.
Renault est le leader de ce marché de l’électrique, avec près de 50% de part de marché en 2017. Zoé est le modèle électrique le plus vendu au Portugal, et est aussi la voiture électrique avec la meilleure autonomie réelle dans sa catégorie : 300km.
Renault est la seule marque proposant une gamme complète de véhicules électriques, de Twizy à Zoé, en passant par les utilitaires Kangoo et Master.
Et les projets ne manquent pas. D’ici à 2022, 60% de la gamme Renault sera électrifiée.


Considérez-vous que les ressources-humaines au Portugal aient des caractéristiques spécifiques ?  

Dans l´ensemble les formations au Portugal ont un bon niveau, Il y a des écoles qui se situent dans les tops de classement mondiaux. Par conséquent les jeunes professionnels sont compétents et ont une bonne capacité d´adaptation. Il y a  une vraie dynamique autour de la formation avec la volonté de retenir les jeunes qui avec la crise ont été contraints de partir à l´étranger.
Le Portugal revient sur le devant la scène avec la capacité à attirer et retenir les talents, il y a un développement de l´économie, une vraie sortie de crise qui en trois ans s´est faite très vite par rapport à L`Espagne et à  la Grèce, globalement le pays respire à nouveau et il y a une capacité considérable à repartir.
Au sein de l´entreprise on a des gens fiers de travailler chez Renault, au Portugal on a des gens plus engagés qu´ailleurs, avec une forte responsabilisation, et une forte capacité de travailler en transversal, on sent ici une mentalité à vouloir réussir malgré les difficultés.


Quel bilan faites-vous de la situation depuis votre prise de fonction comme Directeur Général ?

Le bilan jusqu´à présent est très positif ! Je suis ravi d’être revenu au Portugal, c´est la première fois que je suis Directeur Général d´une filiale donc j’apprends encore et je m´appuie sur l´ensemble des équipes et de leur feedback pour progresser et le tout dans un contexte professionnel et personnel positif. Il y a une bonne dynamique qu´il faut entretenir !


Quelle est la place de la langue portugaise comme langue de travail dans l´entreprise ?

J´ai appris le portugais il y a plus de 20 ans et je l´ai un peu oublié. En revenant, j’espérais ne pas avoir trop de mal à réapprendre le portugais puisque ça reste une langue latine. Passés les 6 premiers mois, mon objectif était de fonctionner à 100% en portugais, et c’est ce que j’ai fait depuis janvier. C’est important pour moi de m’adapter au pays dans lequel je suis. Donc toutes les réunions sont en portugais. Pour moi c’est un besoin de parler la langue du pays. En Pologne, c’était frustrant de ne pas parler la langue, mais c´était difficile d´apprendre le polonais. J’ai pris pour habitude de lire des romans des pays dans lesquels je vis, je suis donc en quête de romans portugais pour progresser !


En tant que conseiller du commerce extérieur de la France, quel est votre rôle ?

C’est un rôle que je découvre pour la première fois ici. Les Conseillers du Commerce Extérieur au Portugal ont pour objectif de favoriser le commerce extérieur de la France, en apportant leur soutien aux entreprises françaises désireuses de développer leurs exportations au Portugal ou de s’implanter au Portugal et en favorisant le développement des relations et des échanges entre la France et le Portugal. La plupart des secteurs d’activité sont représentés, et les CCEF au Portugal sont présidés par M. Pierre Debourdeau.

Nos initiatives sont nombreuses, comme par exemple le "Français langue d’opportunité" qui vise à développer l’apprentissage du français dans les universités portugaises.
Il y a, en effet, de plus en plus de groupes français au Portugal qui cherchent à recruter des jeunes diplômés portugais avec une connaissance de la langue française. C´est un projet que nous développons depuis 3 ans dans tout le pays, nous avons cette année plus de 300 étudiants portugais bénéficiant de cours de français, grâce à un partenariat avec l’Alliance Française.

Nous organisons également chaque année une conférence économique. Cette année, elle aura lieu le 9 octobre à la Fondation Gulbenkian, en présence du Premier Ministre portugais, M. António Costa, et le thème sera la digitalisation de l’économie et comment les entreprises françaises y contribuent.

 

Le groupe Renault au Portugal en quelques chiffres

Groupe Renault au Portugal :
Renault Portugal, Renault Cacia, Renault Retail Group et RCI Bank and Services Portugal

1980 : année de création de la filiale

2017 :
•    Année historique avec le meilleur résultat depuis 1989
•    20 ans consécutifs comme leader des ventes au Portugal
•    Chiffre d’affaires : 1.4 milliard d´Euros
•    Environ 45.000 véhicules vendus sur l’année
•    Pour la 5ème année consécutive la Clio a été le modèle le plus vendu au Portugal
•    17.14% de part de marché (Renault et Dacia)
•    Figure dans le TOP 15 des meilleures exportations nationales
•    Usine de boîtes de vitesses à Cacia : plus de 700.000 boites produites en 2017 (un record), 1400 employés.
•    2000 employés directs + 2000 dans le réseau de concessionnaires
•    Alliance Renault Nissan Mitsubishi Numéro 1 mondial de l’automobile en 2017


 

maria sobral, édition de Lisbonne du site lepetitjournal.com
Publié le 26 juillet 2018, mis à jour le 26 juillet 2018

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