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Rémi Bezançon : une enquête littéraire à la "Festa do Cinema Francês"

Remy Besançon - Cinéma Français au PortugalRemy Besançon - Cinéma Français au Portugal
© Lucie Etchebers-Sola
Écrit par Lucie Etchebers-Sola
Publié le 18 octobre 2019, mis à jour le 18 octobre 2019

Le réalisateur français Rémi Bezançon a présenté son dernier film à la Festa do Cinema Francês, « Le mystère Henry Pick », un polar sur les traces d’un chef d’œuvre littéraire à la paternité douteuse. Il sort en salle au Portugal le 17 octobre. Lepetitjournal a été à sa rencontre.

la Festa do Cinema Francês s´est terminée à Lisbonne hier, le 13 octobre, avec la projection du film de Nicolas Bedos, « La Belle époque ». Le festival se poursuit désormais dans d´autres villes de province : Coimbra, Porto, Leiria, Portimão et Beja. La Festa a connu, une fois de plus, un beau succès à Lisbonne en attirant un public nombreux et attaché au cinéma français.
 

« Le mystère Henry Pick » c’est l’histoire de  quelques personnes qui sont enrôlées dans une  drôle de croisade en quête de vérité. Dans une étrange bibliothèque au fin fond du Finistère, une jeune éditrice (Alice Isaaz) découvre un manuscrit extraordinaire qu'elle décide aussitôt de publier. Le roman est un triomphe littéraire, mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n'aurait selon sa veuve jamais ouvert un livre ni écrit une ligne de sa vie. Persuadé qu'il s'agit d'une imposture, le célèbre critique littéraire Jean-Michel Rouche (Fabrice Luchini) décide de mener l'enquête, avec l'aide inattendue de la fille de l'énigmatique Henri Pick (Camille Cottin). Rémi Bezançon, auteur du notoire « Le premier jour du reste de ta vie » (2008), signe une comédie poétique portée sans effort par le duo de choc Luchini-Cottin, aussi cinglant que comique.


Lepetitjournal : « Le mystère Henry Pick » est votre 6ème long métrage et votre deuxième adaptation d’un livre au cinéma. Qu’est-ce que ça change dans le processus d’écriture de partir d’une trame qui appartient à quelqu’un d’autre ?
Rémi Bezançon :
J’avais déjà travaillé à partir d’un livre pour mon film « Un heureux événement » (2011) adapté d’un livre d’Eliette Abécassis. Il y a toujours une adaptation à faire entre un film et un livre qui sont deux objets très différents, mais on part quand même d’une base solide. En l’occurrence, sur le livre de Foenkinos, mon adaptation est très libre. C’est un « livre chorale » où il y a beaucoup de personnages qui gravitent autour de ce manuscrit. Moi, j’ai focalisé sur ce personnage de critique littéraire qui va mener l’enquête et la fille d’Henry Pick et à partir de là j’ai écrit une autre histoire en me servant de la sienne. A la base, je suis scénariste et j’ai toujours besoin d’écrire mes histoires. J’ai fait beaucoup de changements, j’ai enlevé beaucoup de personnages. Quand David a vu le film il m’a dit que c’était une « variation » de son livre plutôt qu’une adaptation.
 

C’est un polar littéraire sur fond d’une histoire d’amitié entre Jean-Michel Rouche  et Joséphine Pick. Le duo entre Luchini et Camille Cottin marche très bien. C’est un couple auquel vous avez pensez tout de suite ?
Quand j’ai lu le livre de David et que j’ai découvert son personnage de critique littéraire j’ai tout de suite pensé à Fabrice Luchini. Déjà c’est quelqu’un avec qui j’avais envie de travailler depuis longtemps et que j’aime beaucoup, c’est une sorte de génie pour moi. J’ai écrit le rôle pour lui, je lui  ai envoyé le scénario et il a dit oui fort heureusement, sinon j’aurais pu ne jamais faire le film. Je n’avais pas de plan B ! Luchini est tellement littéraire c’est un amoureux des mots, il a improvisé des scènes qui étaient relatives à la littérature que peu d’autres comédiens auraient su faire. C’était un film sur mesure pour lui, il l’a compris et il m’a dit oui. Quant à Camille Cottin, c’est une idée de lui. Ils s’étaient rencontrés sur la série « Dix pour cent » et je ne voulais pas lui imposer quelqu’un donc je lui ai demandé avec qui il voudrait tourner.  J´avais fait mon film d’avant « Nos Futurs » avec elle, et je trouvais que les deux ensemble, cela fonctionnait, c’était évident.

 
Comment travaille-t-on avec Luchini ?
Fabrice est un stradivarius. Quand on vous donne un instrument comme ça,  c’est incroyable, il faut juste apprendre à s’en servir. C’est très compliqué de travailler avec lui, il  a beaucoup de caractère, mais il est très attachant. A la fin du tournage il m’a demandé à quel moment je pensais faire mon prochain film et quand un acteur comme lui vous propose cela, il ne  faut pas passer à côté. Actuellement, je suis dans l´écriture d´un autre rôle pour lui, c´est  un film qui sortira au printemps.
 

« Le mystère Henry Pick » est aussi un film sur la difficulté d´être publié. C’est arrivé à des mastodontes de la littérature française. Est-ce que cela se veut un message d’encouragement pour tous les jeunes écrivains ?
C’est dur en tant qu’écrivain de vivre de sa passion, il y en a très peu en fait qui y arrive. Ils doivent être une cinquantaine en France. La plupart ont d’autres boulots à côté. Moi je serai incapable d’écrire un livre, je ne me suis jamais attelé à la chose, je suis très admiratif des écrivains. Je préfère écrire des scénarios mais c’est très différent. Un scénario c’est très factuel, c’est un outil de travail en fait, ce n’est pas vraiment fait pour être lu,  bizarrement. Je préfère mon travail plutôt que celui d’écrivain, sans aucun doute.
 

Il y a t-il un livre qui ait eu un impact aussi important dans votre vie que celui d’Henry Pick pour les personnages de ce film ? ou un film peut être ?
Des films il y en a eu plein. A dix ans j’ai vu « Il était une fois dans l’Ouest » (1968) de Sergio Leone au cinéma avec mes grand frères. Ce film m’a donné envie de faire du cinéma. En littérature j’ai beaucoup lu Victor Hugo plus jeune, qui je pense a façonné mon imaginaire. Des livres comme « Les Contemplations », « La Légende des siècles » qui sont très lyriques, très puissants, ont eu une grande importance pour moi. D’ailleurs,  je trouve que l’idée d’une bibliothèque des livres refusés au fond du Finistère est très poétique. C’est un endroit très sauvage, très beau et tragique.

« Le mystère Henry Pick » sera  également projeté à Leira le 3 novembre prochain et sortira dans les salles portugaises, cette semaine, à partir du  17 octobre.


En savoir plus :  http://festadocinemafrances.com/


Bande annonce

 

Publié le 18 octobre 2019, mis à jour le 18 octobre 2019

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