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EUROPEENNES : Rencontre avec la référente de LaREM au Portugal

Josyane-DUPUIS LREM Josyane-DUPUIS LREM
Josyane Dupuis
Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 12 mai 2019, mis à jour le 16 mai 2019

Lepetitjournal.com/Lisbonne a invité les représentants des trois partis politiques français officiellement présents au Portugal à s'exprimer sur les enjeux liés aux prochaines élections européennes. Celles-ci auront lieu entre le 23 et le 26 mai dans l’ensemble de l´UE et permettront d'élire 751 députés. 

Les représentants de LaREM, des Républicains et du parti Socialiste présents au Portugal ont accepté de répondre aux questions identiques que nous leur avons posées. Nous publierons les autres interviews cette semaine.

Josyane Dupuis est la référente pour la République en Marche (LaREM) au Portugal et, par ailleurs, sur l'ensemble de la 5ème circonscription des Français établis hors de France. La 5ème circonscription comprenant Andorre, l´Espagne, Monaco et le Portugal. 


Lepetitjournal.com/Lisbonne : Quelle est, selon vous et votre famille politique, l'importance des élections européennes 2019 ?
 
Josyane Dupuis : Ces élections européennes 2019 sont cruciales pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, parce que la France et l'ensemble des pays européens doivent faire face à un certain nombre de défis très importants, urgents et qui ne peuvent être traités efficacement qu'au niveau européen. L'urgence climatique et la transition écologique, les effets sur nos économies et nos sociétés de la révolution numérique (la plus grande révolution industrielle que l'humanité ait connue) qui plaident pour une politique industrielle à l'échelle européenne, une meilleure coordination économique et une plus grande convergence fiscale et sociale entre les Etats membres de l'UE, les questions migratoires qui nécessitent une politique migratoire et d'asile commune ainsi qu'un renforcement des frontières extérieures de l'UE, la sécurité du monde enfin, dans un contexte d'évolution des grands équilibres géopolitiques... Pour ne citer que quelques exemples.
 
Le paradoxe est donc que l'UE n'a jamais été aussi nécessaire pour affronter les défis auxquels nous devons faire face, mais qu'elle n'a jamais été autant en danger face au développement des nationalismes et des populismes, d'extrême droite comme d'extrême gauche, qui minent la cohésion de nos sociétés et l'unité de notre continent.
 
 

Quelles sont les grandes lignes du programme que défend LaREM et ses implications au niveau de la politique européenne ?
 
Fidèle à notre ADN participatif, le programme de la liste Renaissance qui rassemble LaREM, le Modem, Agir - la droite constructive, et le Mouvement radical, social et libéral, s'appuie notamment sur les retours aux différentes consultations citoyennes qui se sont tenues en France et dans l'ensemble de l'UE en 2018, parmi elles "La Grande Marche européenne" conduite par LaREM, le "YES - Young European Survey" conduit simultanément par les mouvements de jeunesse de différents partis politiques progressistes, libéraux et humanistes dans 12 pays de l'UE, et les consultations citoyennes sur l'Europe organisées par des institutions publiques, parapubliques et associatives dans tous les Etats de l'UE.

Si notre programme détaillé n´a été dévoilé que le 9 mai -jour de l'Europe-,  ses grandes lignes sont connues depuis le 5 mars dernier, dans l'appel du Président Macron pour une Renaissance européenne , et s'articule autour de trois ambitions : la liberté, la protection et le progrès. Il vise ainsi à refonder l'Union européenne pour mieux défendre nos libertés face aux menaces nouvelles qui pèsent sur notre continent, à mieux protéger nos citoyens et notre modèle de société, et à retrouver l'esprit de progrès partagé.
 

Quel est votre message pour les Français résidant au Portugal ? Comment les motiver pour ces élections européennes ?
 
Nos concitoyens établis au Portugal font partie des 17 millions d'Européens (4% de la population active) qui résident dans un autre Etat de l'UE, et qui par conséquent vivent et font l'Europe au quotidien. Ils sont sans doute parmi les mieux placés pour prendre conscience non seulement des avantages de l'UE mais aussi (et peut-être surtout) des efforts qu'il reste à produire pour que l'intégration européenne puisse se manifester également dans des domaines où elle n'est pas assez présente aujourd'hui (notamment parce que les Etats membres n'ont pas souhaité déléguer certaines compétences au niveau européen). Je pense en particulier à la coordination des systèmes de sécurité sociale et de retraite, aux permis de conduire et à l'ensemble des démarches administratives, à la convergence de certaines règles fiscales ou sociales...
 
A titre personnel, je note d'ailleurs que si ces millions d'Européens qui vivent dans un autre pays de l'UE formaient un Etat membre, ils auraient droit à 27 députés européens pour les représenter et donc soulever les problématiques qui se posent quotidiennement à cette population. C'est notamment la raison pour laquelle Emmanuel Macron et d'autres leaders politiques européens ont souhaité instaurer en 2018 la possibilité d'élire 27 députés européens sur des listes transnationales aux élections européennes 2019. Cette proposition a malheureusement été torpillée par une alliance de circonstance entre conservateurs du PPE (dont la plupart des eurodéputés français LR) et parlementaires eurosceptiques et anti-européens.


La configuration du Parlement européen et donc aussi de la Commission européenne risque de changer. Quel est votre point de vue ? Y a-t-il des craintes à avoir ?
 
Il y a fort à parier que les groupes conservateurs (PPE) et socialistes (PSE) qui verrouillent le Parlement européen depuis son élection au suffrage universel, en 1979, n'auront plus la majorité suffisante pour poursuivre leur "business as usual" ayant conduit la construction européenne à s'ankyloser et à la panne que nous connaissons depuis une quinzaine d'années. L'ambition de La République En Marche est de constituer un groupe central, suffisamment fort au sein de l'échiquier politique européen pour qu'il soit indispensable à la constitution de majorités réformistes et à la conduite de politiques susceptibles d'apporter des réponses concrètes aux problèmes des Européens. Je suis confiante dans notre capacité à incarner cette ambition réformatrice et à la mettre en œuvre au Parlement européen, même si je vois effectivement avec beaucoup d'inquiétudes les tendances populistes et nationalistes à l’œuvre dans plusieurs pays en Europe.
 

Comment qualifier le modèle actuel de l'UE ?
 
L'UE est un projet d'intégration original et unique entre des Etats qui ont décidé librement de déléguer une partie de leur souveraineté pour atteindre un certain nombre d'objectifs, parmi lesquels : une paix durable et une prospérité partagée. De ce point de vue, au regard de l'histoire et du reste du monde, l'UE est un immense succès que nous envie - nous avons tendance à l'oublier - la quasi-totalité des pays globe. Le fait est que ce début de 21ème siècle ne ressemble plus aux années 50, ni même aux années 80, que nous faisons face à des défis d'un type nouveau, et qu'il convient donc de réformer et d'adapter l'UE pour la rendre opérationnelle dans ce monde nouveau.
 
En somme, je qualifierais donc l'Europe de "chantier démocratique, politique, économique, social et culturel", et l'édifice qui émerge peu à peu de ce chantier ressemble davantage à une maison d’architecte qu'à un pavillon standardisé. C'est innovant, c'est compliqué, c'est long, ça change en cours de route... mais ça en vaut la peine !

 
Quel avenir pour l'UE alors qu'un Brexit est en cours et que dans l'Union plusieurs voix s'élèvent remettant en cause son fonctionnement actuel ?
 
Le défi pour l'avenir de l'UE est qu'elle puisse agir sur les sujets où l'attendent les citoyens européens. Or le paradoxe c'est justement que les sujets d’inquiétudes principaux des citoyens européens sont précisément dans des domaines qui relèvent d'abord de la compétence des Etats membres, ce qui aboutit fréquemment à une incompréhension du fonctionnement de l'UE et à des questions du genre : "Mais que fait l'UE ?", " à quoi sert l'Europe ?" etc. alors que l'UE ne traite que de sujets que les Etats membres ont accepté de lui déléguer. Par conséquent blâmer l'Europe pour une absence de coordination fiscale ou sociale, pour l'absence de procédure unifiée en matière de titre d'identité, de sécurité sociale ou de permis de conduire, pour l'absence de politique migratoire commune n'a pas de sens. Il est temps que les Etats transfèrent à l'Europe les compétences pour lesquelles l'attendent les citoyens européens. Notre rôle est donc déterminant. N'attendons pas une meilleure Europe, changeons-là !

 

En savoir plus : Élections européennes 2019 : mode d’emploi pour les Français résidant à l’étranger

Propos recueillis par Custódia Domingues

 

logofblisbonne
Publié le 12 mai 2019, mis à jour le 16 mai 2019

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