Pour la 3ème année consécutive les 12, 13 et 14 octobre l´association Castelo d´IF organise à Lisbonne un grand week-end culturel lors duquel elle propose des visites d´ateliers d´artistes. Les artistes qui participent à cet événement font eux-mêmes visiter leurs ateliers au public. C´est là un moment d´échange qui a aussi une dimension international puisque cette année, une des artistes invitées est française, elle s´appelle Alice Gadrey et sera présente dans le cadre d´un partenariat avec la galerie "Plataforma Revólver". Elle se définit comme "une chercheuse, une exploratrice, qui travaille toutes les propriétés de la matière". Elle nous a accordé une interview.
(Photos : A. Gadrey)
Lepetitjournal.com/Lisbonne - Comment vous définissez-vous comme artiste?
Alice Gadrey - Je conçois des pièces qui reflètent le monde sensible de la matière. La sculpture est singulière. Verticales, rondes, totémiques, en orbite, les surfaces s'étendent et affichent un caractère. La posture des éléments, la couleur, la lumière et l'énergie des matières qui se confrontent, déterminent le sens de mes ?uvres pour créer un ensemble connu et abstrait. Un "être lieu" au milieu du désert. Je suis une chercheuse, une exploratrice, qui travaille toutes les propriétés de la matière, rigidité, souplesse, couleur, surface? Je sculpte et conçois des paysages par associations d'objets, de matière et d'image.
Pouvez-vous nous parlez en quelques mots des caractéristiques et de l´évolution de votre travail ?
Les pièces sont le résultat de multiples expériences qui possèdent leurs propres codes, comme si la sculpture était la première, chaque fois renouvelée. Elles impliquent le jeu plastique et scientifique, le maniement de plusieurs outils, archaïques ou techniques, bruts et électriques. Je cherche à créer des "Sculptures paysage" qui comprennent la notion de lieu poétique, d'habitat psychique et d'élément humanisé. Je questionne les fonctions de l'être en tant que tel, dans le temps et dans l'action. Ma source de création est une intention d'association de deux caractères, image / matière, objet / surface, pensée/action qui évolue dans le temps de la conception pour faire advenir une forme synthétique où la structure se nourrit d'elle-même.
En sculpture vous utilisez différentes matières, en existe-t-il une que vous préférez et pourquoi ?
Les matières fétiches de modelage et de construction sont le métal et la céramique mais d'autres composants sont utilisés comme le verre, le plastique et le recouvrement des surfaces par la couleur ou les textures. Le métal et la céramique sont deux matières qui se travaillent avec le feu, c'est deux matières différentes, mais les deux transfèrent une chaleur et font passer un fluide que j'aime associer. Elles sont toutes deux modelables mais le métal est solide et porteur, il est souple et rigide et participe à la structure central, la céramique est molle et devient dure et fragile après cuisson, j'aime se passage et cette transformation des matières par la chaleur.
En dehors de la sculpture vous faites aussi de la photo, établissez-vous une relation entre ces deux expressions artistiques ?
La relation première est déjà fonctionnelle, c'est à dire que j'utilise la photographie pour regarder ma sculpture lorsque je la travaille, car sans cette distance que l'image photographique produit je ne sais pas toujours quel est le meilleurs choix pour finaliser une pièce. Cela me permet de prendre du recul et d'archiver mon travail. Ensuite la photographie est une mise en abîme de l'objet et de l'espace en une surface plane, c'est très intéressant de voir comment on peux créer une sculpture en image, paramètre spatiale, volume, matières, couleurs, objet/sujet, voici comment j'appréhende la photographie.
La photographie inscrit directement le paysage, ma sculpture est une intention de paysage ou de lieux, par la photo je peux rentrer dans le monde narratif et me permettre la figuration, les deux paramètres existe dans mes sculptures mais sont intégré par métaphore.
Est-ce la première fois que vous venez au Portugal ?
Je suis venu au Portugal en bateau il y a longtemps, j'ai découvert Lisbonne par le Tage, mais c'est la première fois que je vais voir et vivre dans la ville.
En tant que recherches plastiques, c'est la continuité de ma résidence à Marseille, seulement je suis accueilli dans un lieu artistique actif pendant un mois pour concevoir et créer des pièces qui seront présentée au public au terme de la résidence, en novembre.
Quelle est la thématique de votre résidence à Marseille et qu´elle sera celle développée à Lisbonne ?
Il n'y a pas vraiment de thématique précise car L'axe de mes recherches est une rêverie clairvoyante face au néant et l'écoute des émotions livrées par l'environnement. La thématique générale possible: «?l'homme au centre de ses origines, visitées par une nature curieuse de science-fiction.» J'arrive à Lisbonne avec des intentions de couleurs et de matière, avec une vision d'ensemble et des directions possibles mais la forme et le thème des pièces que j'ai un peut anticipé se présenterons et se modifierons certainement en fonction de ce que je découvrirais de Lisbonne .
Votre résidence à Lisbonne commencera dans le cadre des "Ouvertures des Ateliers d´Artistes" les 12,13 et14 octobre, avez-vous déjà participé à la même initiative à Marseille et pouvez-vous nous dire comment vous l´avez vécu ?
Organiser des ouvertures d'atelier au public est une très bonne initiative. Cela permet à chacun de découvrir des lieux et de regarder la ville sous un regard différent. Il y a de très belles rencontres et les échanges avec le public sont souvent simples et étonnant, toute personne curieuse à accès à l'art qui se fabrique aujourd'hui, sa place dans la société est rendue concrète et sociale. Parfois les artistes présentent leurs travail en mode "work in progress" parfois ce sont des ?uvres qui sont achevées dans l'atelier, le processus de création est alors mis en valeur et offert au regard du spectateur, ce qui est moins évident dans les salles d'exposition. Ouvrir son atelier, c'est accueillir le
Quels sont les facteurs qui ont motivés votre candidature à cette résidence à Lisbonne ?
J'aime découvrir les cultures et les connaissances artistiques qui en résultent. Voyager est pour moi le facteur principal pour ouvrir et approfondir mes recherches artistiques autour de l'espace, du paysage et de son environnement. J'apprends beaucoup de mes voyages. Ensuite, je suis accueillie dans une structure artistique qui me permet de déployer mes ?uvres et de dialoguer avec les artistes voisins et le public, c'est une très belle chance qui m'est donnée. J'espère profiter au maximum de se changement de contexte pour apprendre plastiquement, théoriquement, humainement, et vous faire partager ce que j'aurais créé comme un beau moment de poésie.
Propos recueillis para Maria Sobral (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) lundi 8 octobre 2012
En Savoir plus : www.assoc-castelodif.pt
Des cartes avec les différents ateliers qui participent à cette initiative sont disponibles sur le site où dans différents endroits : Institut Français du Portugal, Cinéma São Jorge, tourisme de Lisbonne?
- Le 10 octobre à 18H00 aura lieu l´inauguration de l´évènement dans le jardin d´hivers du Théâtre São Luis à Lisbonne,
- Le vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 octobre de 15H à 19H Ouverture gratuite des Ateliers au public.
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