Édition internationale

VOLVO OCEAN RACE - Le tour du monde du quatorzième homme

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 20 novembre 2012

La terrible bataille vient de s'achever sur l'Atlantique. Groupama4 en sort grand vainqueur en franchissant en première position la ligne d'arrivée à Lorient de la 8ème étape de la Volvo Ocean Race et conforte avec 219 points sa place de leader au classement général de ce tour du monde à la voile en équipage.

Team Telefonica, son concurrent le plus menaçant - et favori depuis Alicante -  est le grand perdant de cette étape où la flotte a rencontré des conditions de mer et de vent très dures. Ces derniers jours, le bateau espagnol a en effet subi trois avaries graves, endommageant successivement un safran (gouvernail), puis celui de secours; enfin, à la tombée de la nuit, ce dernier ainsi que l'autre safran n'ont pas résisté à une indispensable mais risquée man?uvre effectuée dans la mer déchaînée. Pratiquement privé de direction, il a rallié la terre à petite vitesse, où il est arrivé 5ème.

A bord des VOR 70, il y a onze marins, mais l'équipage se compose au total de quatorze hommes.

 

(Photo : C. Sims)

Rencontre à Lisbonne avec le quatorzième homme de Groupama 4: Sébastien Marsset.
Brun de poil, baraqué comme une armoire normande (alors qu'il est Nantais) avec un regard couleur d'océan qui donne à apercevoir, par moments,  les immenses espaces qu'il a déjà parcourus, Sébastien paraît moins jeune qu'il n'est: 26 ans.

Lepetitjournal.com/Lisbonne : Cette année, dans une logique de transmission générationnelle, l'organisation de la Volvo a imposé d'avoir 3 équipiers de moins de 30 ans à bord de chaque bateau. Tu comptes participer à la prochaine édition ?

Sébastien Marsset : Oui, je le souhaite. J'espère. C'est un  peu ce que visais. Oui, c'est ce que je souhaite, faire la Volvo, embarquer.

Pour cette édition, quelles sont tes fonctions ?
En dehors du fait que je suis marin remplaçant, je m'occupe de l'entretien technique du bateau. J'arrive, avec le reste de l'équipe technique, 5 jours avant l'arrivée du bateau et on repart deux jours après. Donc on a cinq jours pour mettre en place la base, tout préparer; on a une joblist pour l'arrivée du bateau, donc on a une idée de ce qu'il va y avoir à faire. Si on a besoin de pièces spécifiques, on les fait venir.

Ce n'est pas un peu frustrant, de voir le bateau repartir et de rester toi, à terre ?
C'est sûr que d'un point de vue navigation, je n'ai jamais aussi peu navigué que depuis le départ de la Volvo. C'est assez paradoxal. Mais en fait, j'ai beaucoup navigué quand on s'entraînait; quand on préparait la Volvo à Lorient, aux Canaries, à Alicante, j'ai beaucoup navigué sur cette période-là. Là je le fais moins, c'est forcément un peu frustrant, mais je me plais dans ce que je fais pour le bateau d'un point de vue technique.
J'ai aussi la sensation de progresser par les briefings, débriefings, les journées d'InPort (ndlr: régate en baie qui compte pour le classement) qu'on peut avoir, par le retour de ce qui s'est passé sur les étapes. Je sais ce qui s'est passé à bord, je sais ce qui a bien été ou moins bien été, comment on fait évoluer les man?uvres du bateau, comment on fait évoluer la vie à bord, quels ont été les points clefs des étapes, les décisions stratégiques. Je fais partie de l'équipage, même si je ne suis pas embarqué.

Au delà de la frustration ... ?
Oh, il ne faut pas le faire passer comme ça, j'avais accepté dès le départ!

? au delà des aspects techniques, que retires-tu de ce tour du monde ?
Le bon côté des choses, c'est que par rapport à la dernière édition, ils ont raccourci les escales d'une semaine. Du coup, on a autant de travail, mais en plus condensé. De plus, l'organisation s'est un peu mal débrouillée sur le temps estimé des étapes; c'est à dire que le bateau arrivait toujours un peu plus tard  que ce qui avait été estimé. Donc, nous, ça nous a laissé du temps entre les escales pour préparer, mais aussi pour visiter. Et ça c'était assez chouette. Ça a été super. Tu es quinze jours en Afrique du Sud; après Abu Dhabi, je suis allé m'initier au Kitesurf en Égypte. Ensuite je suis allé à Sanya et  après je suis rentré, parce qu'on a aussi une vie de famille. Par la suite, j'ai eu quinze jours géniaux en Nouvelle Zélande.

A cette place du quatorzième homme, as-tu le sentiment que ton "sacrifice" soit aussi important que ceux que font les embarqués ?
Ah, on se donne tous à un moment. Pas forcément au même moment, pas forcément dans les mêmes domaines, parce que la Shore Team va devoir être très active à certains moments: quand le bateau est arrivé à Abu Dhabi, que le fond de coque était délaminé, quand on a cassé l'étrave en arrivant à Auckland, quand on a cassé le mat, tout le monde dans l'équipe est sollicité à un moment donné. Même s'il faut aussi que chacun prenne du repos, pour pouvoir être efficace quand il a à être efficace. Les marins ont besoin d'être reposés quand ils partent en mer.

Tout le monde parle de la "fragilité" des bateaux. Je crois cependant, qu'en fait, vous les poussez la plupart du temps au

  PAUL TODD/Volvo Ocean Race
maximum. Et du coup, on oublie les hommes...Il devrait y avoir une fatigue accumulée sur l'équipage assez conséquente ?
C'est sûr. Tu pars dans un certain état physique, qui diminue pendant l'étape et tu récupères un peu pendant l'escale mais tu ne repars pas au top. C'est sûr que les gars, physiquement, ils sont fatigués.
Les bateaux sont plus rapides, plus puissants, plus exigeants. Les bateaux évoluent, ils sont de plus en plus performants; l'être humain évolue aussi, mais plus lentement. Déjà, on est moins nombreux qu'à la dernière édition, Il faut s'adapter à tout ça, quoi.

Pour la fin de la course, d'un point de vue sportif, tout est possible ?

Il reste 3 régates InPorts et deux étapes. Groupama4 a trois points d'avance sur le second (ndlr: après sa victoire à Lorient, 23 points). C'est assez serré. C'est sûr qu'il n'y a pas beaucoup de place pour l'erreur. Je ne sais pas si au départ de Lorient, ni même à l'arrivée à Galway, on pourra dire qui a gagné la Volvo Ocean Race. Ça se jouera peut-être sur la dernière régate à Galway.

As-tu regardé la météo pour la prochaine étape ? Vent fort d'ouest.

Nous on est plutôt bons quand il y a du vent, on sera plutôt à l'aise.

La suite des évènements aura donné raison à Sébastien Marsset. Groupama4 est donc arrivé premier à Lorient après une étape d'anthologie où les bateaux ont rencontré les conditions de navigation les plus dures de ce tour du monde. L'atlantique Nord et le Golfe de Gascogne peuvent être aussi terribles que l'Indien ou le Pacifique Sud.

Christophe Sims (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) lundi 18 juin 2012


Lire aussi :

VOLVO OCEAN RACE A LISBONNE - Jours étranges pour Groupama 4

VOLVO OCEAN RACE - Tour du Monde à la voile: le second arrive premier!

DIAPORAMA ? La 8ème étape de la Volvo Ocean en images

En savoir plus : www.volvooceanrace.com

logofblisbonne
Publié le 18 juin 2012, mis à jour le 20 novembre 2012
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos