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Melville, le réalisateur "qui est tombé dans la marmite du cinéma"

Jean-Pierre MelvilleJean-Pierre Melville
Écrit par Marc Giraud
Publié le 10 octobre 2017, mis à jour le 5 mars 2024

À l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Jean-Pierre Melville, la Festa du cinéma français 2017 présente une rétrospective de l’incontournable réalisateur français. L’intégralité de ses films sont à l’affiche de la cinémathèque portugaise jusqu’au 18 octobre.

Cette rétrospective a commencé ce samedi 7 octobre 2017 en présence de Laurent Grousset. Grousset est le neveu de Jean-Pierre Melville et président de la fondation qui porte le nom du cinéaste français. "Toute la vie de Jean-Pierre Melville à été réglée par le cinéma", a expliqué Grousset.

Melville : un destin de cinéaste

Melville est né en 1917 sous le nom de Jean-Pierre Grumbach. Il a combattu les Allemands à côté des troupes françaises durant la 2ème Guerre Mondiale, avant de rejoindre la résistance pendant le régime de Vichy (1940-1944). C’est après la guerre qu’il concrétise son destin de cinéaste. En 1947, il présente "24 heures de la vie d’un clown"», son premier film, après avoir dépassé de nombreuses difficultés techniques et financières.

Ce film fait aujourd’hui partie de son histoire, même si Melville n´en a pas aimé le résultat. Il le perçoit comme un projet sans intérêt, un simple brouillon. En 1948, Melville présente « Le silence de la mer », qui inspirera l’apparition de la Nouvelle Vague. En 1953, il réalise "Quand tu liras cette lettre", un projet qu’il a peu aimé mais qui lui a permis de concrétiser son rêve : avoir son studio.

En effet, il monte le studio Jenner en 1955, où il produit bon nombre de ses films, notamment "Bob le flambeur" (1955) et "Léon Morin, prêtre" (1961). En 1967, un incendie détruit une grande partie des installations pendant le tournage de "Le Samurai". Celui-ci est le premier de trois films avec Alain Delon. C’est un des plus connus du réalisateur français et le début d´une relation de complicité professionnelle entre Delon et Melville.

Bob le Flambeur
"Bob le flambeur"

Melville et Delon : une relation de père-fils

Pour le neveu de Melville, la relation entre les deux est proche de celle entre un père et un fils. "Il y avait un énorme amour entre eux. Jean-Pierre aurait aimé avoir Delon comme enfant et Delon aurait aimé avoir Jean-Pierre comme père", raconte Laurent Grousset.

Melville se veut un perfectionniste, un homme délicieux en privé mais qui peut être bien différent en tournage. "Il ne plaisantait pas sur les films. Il était très exigeant", explique Grousset. Pour le film "Le Samouraï", Melville a mis sept heures à faire le plan où Delon ajuste parfaitement son chapeau en regardant un miroir.

Si la relation est parfaite avec Delon, Lino Ventura n’a pas eu la même chance. La relation est tendue avec le protagoniste du "deuxième souffle" (1966) et "L’armée des ombres" (1969). Pendant le tournage, Melville et Ventura "ne s’adressent pas la parole", explique Laurent Grousset, et communiquent par l´intermédiaire des assistants. La tension entre les deux n’a pas empêché que "L’armée des ombres" soit devenue une des grandes œuvres de Melville.

Laurent Grousset
Laurent Grousset

Melville : une fondation au service de son œuvre

Jean-Pierre Melville, considéré le "plus américains des réalisateurs français", est mort à 55 ans (1973). Il meurt peu après le lancement du film "Un flic", un projet qui a été mal reçu par les critiques. "Je suis certains que le manque de succès de ce film a contribué à son troisième infarctus", explique son neveu.

Melville part trop tôt, avec plusieurs projets en tête. Grousset est sûr que Melville aurait fait des films aux États-Unis, avec des acteurs américains, s’il avait vécu plus longtemps. En partant, il laisse un important patrimoine culturel et l’empreinte d’un homme "qui vivait par et pour le cinéma". "C’est un peu comme Obélix. Jean-Pierre Melville est tombé dans la marmite du cinéma", dit Grousset.

Laurent Grousset a créé récemment la fondation Jean-Pierre Melville en mémoire de son oncle. Son objectif est de conserver et montrer le patrimoine du "plus américains des réalisateurs français". "Je veux m’assurer que tous les films de Melville sont vus, vus et revus pendant 1000 ans", explique t-il. Cette mission a d´ores et déjà bien commencé. Jusqu’au 18 octobre, l’intégralité des films de Melville est présenté à la cinémathèque de Lisbonne à l’occasion de la 18ème Festa du cinéma français.

Programmation de la rétrospective  ici

Publié le 10 octobre 2017, mis à jour le 5 mars 2024

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