Cela fait maintenant 3 ans que Dominic Arel, directeur du Sofitel Lisbonne Liberdade situé en plein c?ur de la capitale, dirige ce 5 étoiles français détenu par le groupe Accor. Ce jeune dirigeant de nationalité canadienne s´est bien acclimaté au Portugal alors qu´il arrivait du Sofitel Jumeirah Beach de Dubai, une toute autre réalité. Il évoque pour Lepetitjournal/Lisbonne la réalité actuelle du tourisme au Portugal et la façon dont l´hôtel qu´il dirige se place sur l´échiquier à un moment clé pour le groupe Accor. En effet, le groupe vient de prendre un tournant stratégique pour son avenir : il investit dans le segment du luxe.
Le tourisme au Portugal a explosé
Lepetitjournal.com/Lisbonne : Comment se porte le Sofitel Lisbonne en terme de clientèle ?
Dominic Arel : Il est vrai qu´il y a une explosion en terme touristique sur la destination Portugal, et il est aussi exact que les Français sont très présents. Les associations françaises sur place sont aussi un indicateur. En fait, les événements politiques en Afrique du Nord impactent positivement le Portugal.
Pour ce qui nous concerne plus directement, nous maintenons nos cinq grands marchés : la France, l'Angleterre, l'Allemagne, le Brésil et les Etats-Unis. Notre portefeuille clients est constitué de ces nationalités. La France se maintient en premier avec une part très importante.
Nous avons fait, par exemple, un bon mois de mai avec une clientèle française très importante. Les Français ont repris goût aux voyages, nous maintenons notre performance de 2015 même si, il est vrai, nous espérions un accroissement un peu plus important.
(Photo : @Sofitel Lisbonne Liberdade)
Comment expliquez-vous que malgré le fait que le Portugal soit une destination à la mode, vous n´ayez pas connu davantage de croissance ?
Il y a plus d'offres sur la ville, cette croissance qui a continué à augmenter est absorbée par un plus grand nombre de joueurs sur le marché. Sur les hôtels 4 et 5 étoiles ce sont un peu plus de 1000 chambres qui se sont libérées. On a encore la prétention au Sofitel de penser qu'on réussit mieux et que l´on sait aller chercher la clientèle mais la concurrence est plus importante. Puis, il y a le nouveau concept Airbnb qui affecte le domaine. Aujourd´hui, on comprend que cela fera partie du contexte de la nouvelle économie hôtelière, il faut réagir et s´adapter.
On arrive à avoir une politique de prix plus homogène pour éliminer les impacts négatifs d'une guerre des prix parce-que, en fait, ces hôtels font monter les tarifs moyens à la hauteur des prix d'une capitale européenne. On a eu besoin de cette augmentation de l'occupation, c'est à dire de la demande sur la destination pour mieux positionner les prix. Mais, il y a des structures indépendantes qui n´ont qu´une seule arme : casser le marché en baissant les prix car elles ont besoin de remplir leur hôtel. Nous, nous ne créons pas de demande en baissant les prix. Nous avons la force du groupe Accor. En fait, c´est la destination qui souffre même si le client sort gagnant en payant moins cher.
Les prix vont continuer à augmenter, nos indicateurs sont positifs sur la croissance, cependant l´on n´arrivera pas à des niveaux outre mesure élevés.
Dans l'hôtellerie il y a eu différentes étapes, une époque plus traditionnelle avec les agences de voyages, ensuite la distribution internet avec des partenaires en ligne et il a fallu adapter nos modèles pour faire place maintenant a Airbnb qui s'ajoute et qui va perdurer. Cela suppose une adaptation de notre modèle économique par rapport à cette réalité. Certaines destinations sont davantage touchées. Il faudra sans doute une législation plus équitable, ces partenaires ont tous leur place mais il faut revoir la législation.
2016- 2017 : L´ouverture vers le tourisme d´affaire
Comment se présente le second semestre 2016 et l´année 2017 ?
On va terminer l´année avec un budget de 82% d'occupation en moyenne. Une progression entre 10 et 15% entre 2013, 2014 et 2014-2015, des années exceptionnelles. On est plus sur la qualité des segments auxquels on s'attaque pour avoir une meilleure marge de progression.
2017 devrait être globalement une bonne année. On va maintenir et renforcer ce que l´on a fait jusqu´à présent. Ce sera une bonne année en terme de calendrier d'événements culturels et sportifs pour le Portugal et aussi en terme de tourisme d´affaire.
Le web summit qui va avoir lieu en novembre est très important et continuera à l'être, on commence à avoir une réelle compétitivité entre Lisbonne et d'autres capitales du point de vue du tourisme d´affaire.
Je pense que la visibilité que le tourisme de loisir a donnée au Portugal à l'international a maintenant des retombées pour le tourisme d´affaire. On est en compétition avec Paris Londres, Barcelone, Madrid. Autrefois, on ne pensait pas à Lisbonne mais depuis 2014 ça a commencé à changer. On verra cette tendance continuer pour les années à venir.
(Photo : @Sofitel Lisbonne Liberdade)
Sofitel Lisbonne Liberdade : une marque qui soigne la clientèle
L´hôtel va-t-il encore se rénover pour être chaque fois plus au goût de la clientèle ?
Oui, on va encore rénover ! On avait déjà fait la façade il y a quatre ans, maintenant on va toucher à l´'intérieur. Les espaces publics, les chambres, les salles de réunion également. L'idée c'est de maintenir un produit de qualité et garder une belle notoriété.
Nous possédons deux grandes forces qui sont la localisation et la qualité du personnel de l'hôtel. 90 salariés permanents plus une vingtaine de collaborateurs, selon les besoins.
Il faut aussi maintenir un produit à la hauteur de la marque et c'est pour ça qu´on investit en continu dans l'hôtel. On sera en travaux pour quelques mois et de façon à minimiser l'impact sur les clients on a choisi de le faire en fin d'année.
Une restauration et des événements culturels "à la française"
Votre restaurant "Adlib" est-il aussi en progression ?
Nous développons très bien la restauration depuis surtout l'ouverture de la terrasse et, nous faisons trois ou quatre quinzaines thématiques par an. Ça permet à la marque de faire connaître son savoir-faire et aussi de développer d'autres destinations. Nous attirons ainsi une clientèle locale et aussi des touristes. 
En effet, entre 16 et 18h tous les jours de la semaine, nous proposons un goûter à la française c'est à dire composé de pains au chocolat, de chocolat chaud. C'est très abordable et les gens aiment bien. Nous avions auparavant l'afternoon tea pour le goûter, maintenant nous faisons place au goûter à la française. Nous avons aussi l'apéro chic et mettons ainsi en scène en soirée, une dynamique au moment de l'apéritif avec la création de cocktails ayant une signature du Sofitel. Nous avons des animations sur la terrasse et ce sera aussi le cas lors des prochaines Olympiades de Rio !
(Photo : M.J.Sobral)
Les événements culturels font aussi habituellement partie de l´agenda du Sofitel. Pourquoi ?
C´est exact, c´est un choix et une volonté. Nous sommes présents et continueront à l´être auprès de la communauté française et francophone au Portugal. Nous sommes avant tout un groupe français et c´est aujourd´hui très important de miser sur ce savoir faire et de s´en servir. C´est notre identité, nous en sommes fiers, partout dans le monde.
Nous aurons, par exemple, en novembre et décembre prochain une exposition-concert thématique. Nous organiserons un événement culturel de fin d´année et ne laisserons pas de côté les acteurs français présents avec qui nous travaillons en partenariat.
Un certain optimisme est donc de mise, à l´heure actuelle, au Portugal ?
En terme touristique, l'avenir est très prometteur encore pour quelques années sur le Portugal. Et le pays est en train de créer des bases solides pour ce futur.
Custódia Domingues (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) vendredi 29 juillet 2016
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