Elu en mai 2012 député des Français établis hors de France pour la 5e circonscription (Espagne, Portugal, Andorre), le candidat socialiste originaire de Lille partage son emploi du temps entre les sessions à l'Assemblée nationale à Paris et ses déplacements dans la circonscription. Sa candidature en tant que tête de liste dans la commune d'Andernos les Bains, en Gironde, pour les municipales de mars prochain, en aura surpris plus d'un. Dans un communiqué adressé à la presse vendredi dernier, Jean-François Berte, délégué UMP Espagne, exprime son indignation concernant cette candidature. Contacté par nos soins, Arnaud Leroy a accepté de répondre à nos questions.
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous revenir sur votre présence en tête de liste des municipales d'Andernos les Bains ?
Arnaud Leroy (Photo DR) : Ayant récemment acheté un pied-à-terre sur la commune avec mon épouse, j'y ai été contacté par la liste PS qui était en train de se constituer et qui m'a dans un premier temps demandé d'intégrer ses files, pour faire poids face à la liste UMP. Après la démission de la tête de liste annoncée, on m'a de fil en aiguille demandé d'assurer sa relève et j'ai accepté. Il faut savoir que nous sommes partis à l'assaut d'une véritable citadelle de la droite, avec un maire UMP sortant, Philippe Perusat, élu avec près de 62% des voix lors du dernier suffrage. Mon engagement pour ce défi fait partie d'une logique politique, certes peut être pas toujours compréhensible depuis l'étranger, mais qui doit être comprise à travers le prisme de l'action socialiste pour ces Municipales, avec un engagement sur la commune qui s'inscrit dans la structure de notre stratégie en Gironde.
COMMUNIQUE - De l'UMP Espagne à propos de la candidature d'Arnaud Leroy aux municipales d'Andernos les Bains Impudence, désinvolture ou cynisme? Je crains malheureusement que ces trois épithètes ne doivent se cumuler pour décrire l'attitude inqualifiable de notre député pour la péninsule ibérique, j'ai nommé Arnaud Leroy, qui n'éprouve aucune vergogne à se présenter aux élections municipales à Andernos les Bains. Si nous disions, il y a à peine un mois dans un entretien au Petit Journal de Madrid, que le statut et les missions des députés représentant les français de l'étranger mériteraient, de notre point de vue, une redéfinition qui prenne en compte leur spécificité, nous n'aurions même pas pu imaginer un scénario comme celui qui nous est proposé !... Lire la suite |
Dans quelle mesure cet engagement prendra-t-il sur votre temps dédié aux Français de la 5e circonscription ?
Si nous emportons cette élection, sachant que les probabilités de l'emporter restent faibles compte-tenu de l'implantation du maire sortant, il n'y aura pas de différence pour les Français de la 5e circonscription. Je continuerai à défendre leurs intérêts, à être disponible, à l'écoute, et aider les gens quand je peux. Par ailleurs, ayant voté en faveur du non-cumul des mandats, qui doit rentrer en vigueur à partir de 2017, si je suis élu maire je ne me représenterai pas en tant que député, aux prochaines échéances.
Si vous êtes élu maire, le temps que vous dédiez à Andernos-les-Bains sera bien à décompter du temps total disponible pour vos autres fonctions.
C'est une question d'organisation. D'autant que j'ai mangé mon pain blanc, à l'Assemblée, avec la rédaction de mon rapport sur la compétitivité des services et transports maritimes. On n'est pas constamment sollicités pour ce type de besogne, très chronophage, et je devrais à l'avenir compter sur une charge de travail en moins, et donc gagner en disponibilité. Aujourd'hui j'assure régulièrement des permanences dans la circonscription, comme dernièrement à Malaga, puis début février à Porto et Madrid. Je continuerai donc à me déplacer dans la Péninsule, outre le temps dédié aux débats à l'Assemblée nationale.
Dans une récente interview, Jean François Berte, délégué UMP Espagne, estimait justement qu'étant constamment requis pour conduire des missions spécifiques qui n'ont aucun lien avec les Français de l'étranger, vous ne remplissiez pas le rôle pour lequel vous avez été élu. Qu'en est-il ?
Les 11 députés des Français de l'étranger, de droite comme de gauche, gravitent au sein de l'Assemblée nationale dans un environnement qui est lié à la vie des Français en général, et qui ne concerne la vie des expatriés que dans une mesure très limitée. Soit on fait le choix de n'intervenir que sur les questions des Français des l'étranger et l'on risque d'être considéré comme un lobbyiste par ses collègues, soit, et c'est le choix que j'ai personnellement fait, on s'investit à leurs côtés, sur des sujets plus transversaux, afin d'être reconnu et surtout crédible lorsque l'on aborde des problématiques propres aux Français de l'étranger. Il ne faut pas se leurrer, seul 10% de mon temps de travail en tant que législateur concerne les Français de l'étranger. Mais encore une fois, c'est lié au fait que les thématiques abordées au sein de l'Assemblée nationale sont souvent très éloignées des thématiques propres à l'expatriation. Enfin, je tiens par ailleurs à souligner que je suis épaulé par deux assistants au sein même de la 5e circonscription, l'une à Madrid, l'autre à Lisbonne, chargés d'assurer le lien et de traiter les affaires courantes.
Le statut des députés des Français de l'étranger doit-il évoluer ?
Le statut des députés de l'Assemblée nationale est le même pour tous, qu'ils soient de métropole, des DOM TOM ou d'ailleurs. Il faut arrêter de fabuler : il n'y aura pas de statut différent pour les députés des Français de l'étranger. On ne veut de toutes façons pas à nouveau d'un super-représentant des Français de l'étranger, sinon on sera encore cantonnés aux limites de l'AFE, avec tous les problèmes de compétences que cela suppose, l'AFE étant une chambre à caractère uniquement consultatif. Il est important de conserver la complémentarité actuelle. Si on veut une représentativité qui fasse poids, il faut des élus dans les chambres. C'est démontré.
L'avenir des députés des Français de l'étranger est-il en jeu ?
Il y a une vague de leaders politiques qui estime qu'il faut réduire le nombre de députés. A partir de cela trois options : soit leur nombre diminue effectivement et cela affectera les députés des Français de l'étranger, soit introduit une dose de proportionnelle, comme certains le recommandent, et là encore cela devrait affecter le nombre de députés des Français de l'étranger, soit rien ne change...
Votre propre avenir politique est-il en France ou à l'étranger ?
Je ne sais pas. Cela dépendra de comment les choses se passent ici, en métropole, mais aussi de ma vie familiale et personnelle.
L'UMP Espagne commente votre engagement à Andernos les Bains de façon assez critique. Quelle est votre réaction à cet égard ?
Jean-François Berte agit dans son rôle de leader de l'opposition. Cela dit, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver au sein même des files de l'UMP, un député des Français de l'étranger qui a conservé son poste d'élu local, en la personne de Frédéric Lefebvre (élu de la 1ere circonscription, ndlr). L'UMP s'étant positionné contre le principe même du non-cumul de mandat, je relativise beaucoup l'indignation de la section Espagne.
Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Reprise du Lundi 20 janvier 2014