Édition internationale

ARBRES - Les Araucarias

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

 

Pour celui ou celle qui se promène dans Lisbonne, il y a des arbres faciles à remarquer, surplombant édifices ou espaces verts. Ce sont les Araucarias, ou plutôt les quatre différentes espèces d'Araucarias que l'on peut rencontrer au hasard dans la capitale portugaise, et pas forcément à l'intérieur d'un jardin public

(Photos : M.J. Sobral -  Araucaria dans les jardins du musée du Traje)

Les origines de l´araucaria
Le naturaliste à avoir découvert cet arbre fut le botaniste français Joseph Dombey (1742-1794), qui travailla au Chili une trentaine d'années pour le compte de la Couronne espagnole. Il fut le premier à le décrire en détail, sans toutefois avoir eu l'autorisation de divulguer ses travaux en dehors d'Espagne, la loi du secret dominant en péninsule ibérique à cette époque-là.

Le nom d'Araucaria provient d'une population indienne du sud du Chili, les Araucans, aujourd'hui totalement disparue et d'une ville de ce pays, Arauco.

Connu par les premiers colons espagnols au Chili, l'Araucaria (l'espèce araucana) fut introduit en Europe après l'expédition du

Araucaria heterophylla
botaniste anglais Archibald Menzies qui ramena quelques noix, en 1795. Ainsi, cinq arbres furent cultivés en Angleterre, au départ, s'adaptant parfaitement au climat, puis leur divulgation fut rapide dans le courant du XIX siècle, avec une mode d'utiliser l'Araucaria comme arbre d'ornement, mode qui arrivera aussi jusqu'au Portugal où toute grande propriété terrienne devait en avoir au moins un, de taille imposante, pour qu'on puisse le voir de loin. En France, c'est plutôt le Cèdre du Liban (Cedrus libani) qui joua ce rôle d'arbre de prestige.

Les araucarias à Lisbonne
La meilleure manière de trouver au même endroit un bel ensemble d'Araucarias, c'est d'aller visiter le Palais Monteiro-Mor, au Lumiar, où se trouve installé le Musée du costume (Museu do Trage), car cette propriété fut l'une des premières des environs de Lisbonne à collecter le plus possible d'Araucarias, provenant de différentes sources et régions, pour ensuite les redistribuer dans les jardins publics et privés de la capitale.

Le plus commun des Araucarias, qui comprend 16 espèces différentes, toutes situées dans l'hémisphère Sud, est sans conteste celui de Norfolk (A. heterophylla), découvert sur l'île du même nom, au large de la côte est australienne et au nord-ouest de la Nouvelle-Zélande, par la première expédition du capitaine Cook, en 1774. Son aspect, de forme pyramidale, le rend facilement reconnaissable dans Lisbonne, comme ailleurs et dans de bonnes conditions (état du sol, fertilité), il peut atteindre les 30 mètres de hauteur. Il supporte aussi bien le vent du large et l'air marin, d'où son implantation fréquente en zone côtière.

Comme autre Araucaria possible d'admirer à Lisbonne, nous avons l'Araucaria de Nouvelle-Calédonie ou de Cook (A. colunaris), dont un exemplaire est classé monument dans le jardin du Principe Real. On peut aussi le trouver au jardin tropical de Belém et à celui d'Estrela. Il se distingue du reste des Araucarias par son port très étroit, en forme de colonne, les branches courtes et le tronc montant comme une flèche pour atteindre facilement les 40 mètres.

Un autre Araucaria, tout aussi facile à reconnaître, c'est celui de Queensland (A. bidwillii) couvert d'une végétation très

Araucaria colunaris
agressive, constituée de feuilles piquantes, raison pour laquelle on l'appelle aussi ?désespoir des singes?, comme pour le faux-Kapokier (Chorisia speciosa). Cet Araucaria peut atteindre une hauteur vertigineuse de 50 mètres, comme c'est le cas pour les deux exemplaires du Tropical de Belem. Son nom scientifique rend hommage au botaniste anglais John Bidwill, qui se chargea de classifier plusieurs espèces australiennes, au XIX siècle. Les aborigènes australiens, eux, l'appellent ?bunia-bunia?, le vénérant pour la grande valeur alimentaire de ses pignes, qui peuvent peser jusqu'à 5 kg et contenir 80 à 100 graines très nutritives. A la ?bunia-season?, les clans laissent de côté leurs divergences pour se réunir en de grandes fêtes et consommer ensemble les fruits de cet arbre généreux.

Enfin, quatrième Araucarias qui fréquente Lisbonne, celui du Parana (A. cunnighamana), originaire donc du Brésil et qui est reconnaissable aux nombreuses ?boules? de végétation situées au bout des branches. D'un port également imposant, il est toutefois plus rare, deux exemplaires se trouvant au Tropical de Belém.

Reliques d'une végétation très ancienne

Araucaria heterophylla - 1842
Ces quatre espèces d'Araucarias sont certainement les plus représentatives de la famille des Araucariaceae et sont de véritables reliques d'une végétation très ancienne, puisqu'elles sont sur terre depuis la fin de l'ère Primaire, début du Secondaire (230 millions d'années), ayant trouvé leur trace fossile dans les deux hémisphères de la planète, prouvant ainsi une extension géographique maximale au Jurassique, du temps des fameux dinosaures, au même titre que les Ginkgo biloba.
Ce sont aussi des conifères résineux, avec la particularité d'avoir une végétation constituée d'écailles minuscules qui s'emboîtent et disposées de manière compacte, végétation adaptée à survivre aux gelées et à la neige tout comme aux fortes chaleurs. Les Araucarias sont des plantes monoïques, c'est-à-dire que l'on trouvera sur un même arbre des fleurs mâles et des fleurs femelles, comme pour les Séquoias ou les Pins.

Les Araucarias font partie intégrante du paysage de Lisbonne, leur aspect restant toujours égal à n'importe quelle époque de l'année, donnant cette impression d'élégance et de sérénité à la ville toute entière.

André Laurins (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) vendredi 8 juillet 2011
Technicien agronome (maria.friesen@sapo.pt)

logofblisbonne
Publié le 8 juillet 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
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