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Ruben Alves et Alexandre Wetter–Le film Miss sort en salle au Portugal

Ruben Alves MissRuben Alves Miss
Alexandre Wetter et Ruben Alves
Écrit par Zadig Paloyan
Publié le 25 novembre 2020, mis à jour le 1 décembre 2020

Miss, le film de Ruben Alves réalisateur franco-portugais qui a, avec succès, ouvert le bal lors de la 21ème Festa du cinéma français qui débuta le 8 octobre à Lisbonne et qui a pris fin le 4 novembre à Porto sort ce jeudi 26 novembre dans les salles de cinéma au Portugal.

Après La cage dorée en 2013, film à succès de Ruben Alves qui témoigne de ses racines franco-portugaises, il revient en force avec un film drôle, poignant et émouvant. Lepetitjournal.com a eu l'occasion de s'entretenir avec Ruben Alves et Alexandre Wetter, personnage principal de Miss.


 
Lepetitjournal.com : Qu'est-ce que cela représente pour vous d'ouvrir la 21ème Festa du cinéma français au Portugal ?
 

Ruben Alves : Ça me touche particulièrement car on parle de mes deux pays la France et le Portugal. C´est une saveur particulière. En tant que réalisateur, faire l'ouverture d'un festival c'est toujours plaisant, mais le faire au Portugal pour un festival français c'est encore mieux !
 
A. Wetter : Je suis honoré de présenter ce film. C'est toujours un honneur d'ouvrir le bal, même s'il y a toujours un peu de pression. En plus, ce sont les racines de Ruben donc c'est un grand challenge pour moi, j'en suis très fier !
 

Quelle importance attachez-vous au fait de vous présenter en tant que réalisateur« franco-portugais » ?
 

R. A. : Mon premier film, La cage dorée, avec lequel j'ai été connu est lié à mes racines et à cette double culture. Mes racines sont très fortes donc je suis fier de pouvoir les mettre en avant à travers mon travail !

 

Comment vous est venue l'idée de Miss ?


R. A. : Cela fait longtemps que je voulais faire un film autour de l'identité et du genre, j'écrivais beaucoup mais je ne trouvais jamais le bon angle. C'est lorsque j'ai rencontré Alexandre que j'ai directement pensé à faire ce film car je l'ai trouvé très inspirant. La première fois que je lui ai parlé du projet de Miss, il a explosé de rire et m'a dit « fait de moi une Miss France ».

 
Qu'avez-vous souhaité dénoncer au-delà des codes des concours de beauté ?
 

R. A. : Tout d'abord, choisir le concours Miss France ce n'était pas anodin. Alex est un personnage qui ne veut pas se ranger dans l'une des cases de la société, il se sent différent des autres mais il va quand même se présenter à un concours normatif et bourré de codes. Cette ambivalence est vraiment intéressante.
Avec les personnages qu'incarnent Isabelle Nanty et Pascale Arbillot on a l'image de deux féministes totalement différentes sur la forme mais avec de nombreuses similitudes sur le fond. Cela reflète les débats autour de la place de la femme aujourd'hui.
Pour moi, tout le monde a de la féminité en soi, tout le monde a de la masculinité. On a tous les deux, certains développent ce côté-là plus que d'autres.

 

 

Qu'est-ce qu'a apporté la présence de Sylvie Tellier (présidente du comité Miss France) et Vaimalama Chaves (Miss France 2019) ?
 

R. A. : Cela a apporté de la crédibilité à notre propos. Je n'ai pas voulu singer ni caricaturer le concours Miss France. On a voulu recréer cela au plus proche de la réalité. Sylvie Tellier a directement adhéré au projet, et ce qui est super avec Vaimalama Chaves c'est qu'elle est très engagée sur la question du genre et de la féminité donc ce n´était que du bonus !

 

Pourquoi faut-il aller voir Miss ?
 

R. A. : Je pense que ce film fait réellement du bien car on parle de fraternité, d'amour de soi, du courage d'être soi-même dans une société de plus en plus violente. Assumer qui on est avec ses différences aujourd'hui c'est une vraie preuve de courage ! Il faut toujours oser et ne pas reculer. On a besoin de liberté, on n'est pas des moutons, pour se sentir bien il faut s'exprimer comme on le souhaite, toujours avec civisme bien évidemment.
Aller voir Miss pour replonger dans vos rêves d'enfances !

 
Un dernier mot sur vos projets à venir ?
 

R. A. : Je suis en train d'écrire avec un scénariste espagnol sur un film que j'ai envie de tourner ici avec des acteurs portugais. Ce sera un projet « assez européen », le Covid-19 m'a un peu retardé mais j'espère le faire assez vite. J'ai hâte car Lisbonne m'inspire beaucoup. J'ai déjà fait un documentaire sur le fado donc voilà j'ai vraiment hâte de revenir filmer ici !

 

Miss film de Ruben Alves


 
Quelle a été votre première réaction quand Ruben Alves vous a proposé ce projet ?
 

A. W. : Ça s'est passé comme un conte de fée. Au départ, il faisait un casting sauvage et il m'a découvert sur Instagram pour un autre projet qui n'avait rien à voir. Quand j'ai vu son film La cage dorée, je l'ai appelé pour lui dire qu'il fallait qu'on fasse un film ensemble. À force de se voir, l'idée de Miss est venue comme ça, on était vraiment connectés. Notre rencontre a fait naître ce projet en quelque sorte. Je n'avais jamais imaginé faire ça un jour !

 
Avez-vous rencontré des difficultés importante pour incarner le personnage d'Alexandra ?
 

A. W. : Incarner un rôle c'est toujours compliqué car il faut être dans une vérité qui ne nous appartient pas, mais c'est vrai que là il y a eu quelques difficultés physiques avec les talons et les corsets, ça demande beaucoup d'endurance. Mais étant donné que j'étais très bien entouré, j'ai rapidement compris ce qu'était le métier d'acteur. Aujourd'hui je me souviens uniquement des bons souvenirs !
 

Avez-vous souhaité faire passer un message personnel à travers ce film ?
 

A. W. : Avec Ruben on était sur la même longueur d'onde donc je dirais que c'est un message plus universel que personnel. Aller au-delà de soi, diffuser du respect et de l'amour c'était le but principal. Ce n'est pas uniquement de la tolérance que je voulais faire passer. Il faut avoir de l'amour pour soi, et savoir accueillir la différence des autres.

 

Avez-vous l'espoir que le personnage d'Alexandra devienne un jour une réalité dans un concours tel que Miss France ?
 

A. W. : Pourquoi pas... il y a des institutions qui sont compliquées à changer immédiatement. Il faut prendre le temps de voir si la société est prête ou non à un tel changement. Car ça ne sert à rien de mettre en avant quelqu'un si la société n'est pas prête à l'accueillir correctement, cela peut être contre-productif. J'en serais ravi, je ne comprends pas comment on peut être contre tant que personne ne fait de mal à l'autre.

 

C'était vos premiers pas dans le cinéma, comptez-vous continuer dans cet univers ?
 

A. W. : Je souhaite vraiment continuer dans le cinéma. Je ne pensais pas que ma vie allait autant changer. Le cinéma est un espace de liberté, tout est possible, il n'y a pas de limite. On ne se rend pas assez compte à quel point le cinéma est une expérience : on est tous au même endroit devant le même film, au même moment mais chacun interprète ce qu'il voit à sa manière.
 

Un dernier mot sur le Portugal ?


A. W. : C'est ma première fois ici, j'adore Lisbonne et j'aimerais bien visiter le Portugal ! La météo est superbe. Je vous envie !

 

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