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HUGO GÉLIN - “Cette avant-première à Lisbonne compte énormément pour moi”

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 avril 2017

Le film français ?Demain tout commence? est sorti dans les salles portugaises le 6 avril sous le nom de ?Dois e uma família?. C´est l´histoire d´un jeune père, interprété par Omar Sy, qui se trouve confronté à la paternité du jour au lendemain. Le réalisateur, Hugo Gélin, s'est rendu à Lisbonne pour présenter ce long métrage qui a fait succès en France, le second qu'il réalise après "Comme des frères". Lepetitjournal.com/Lisbonne l'a rencontré, en exclusivité, à l'occasion de l'avant-première de son film.

Synopsis
"Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu'il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu'à ce qu'une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s'occuper d'un bébé et bien décidé à rendre l'enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille?"
 
Lepetitjournal.com/Lisbonne : Comment vous est venue l'idée du film ?
Hugo Gélin : Je venais de terminer l'écriture de mon deuxième long métrage quand des producteurs m'ont proposé ce scénario mexicain, qui avait déjà été adapté en français. Ils adoraient l'histoire mais le texte ne leur plaisait pas, alors ils m'ont proposé de me le réapproprier. Je  l'ai donc lu et j'ai aussi adoré l'histoire, je me suis projeté dedans. Toutefois il fallait effectivement changer le texte, le moderniser et l'adapter à l' acteur  Omar Sy. Le projet m'a immédiatement intéressé, je n'avais que six mois pour tourner puisque Omar Sy n'était pas disponible au-delà. Nous avons donc travaillé très vite, et ce film est finalement plus une adaptation qu'un remake, nous avons gardé l'histoire, la base, pour en faire un film qui parle au public européen, dans lequel il peut s'identifier.
 
Qu'avez-vous modifié par rapport au film d'origine ?


En écrivant j'ai visionné le film original et cela m'a aidé à m'en éloigner davantage car il était extrêmement marqué par la culture sud-américaine, que ce soit dans la manière de raconter l'histoire, dans la caractérisation des personnages, mais aussi dans le ton, l'humour, l'émotion... J'ai trouvé une vraie légitimité à raconter cette histoire aux Français et  aux européens en général, car ce film était très connu en Amérique du Sud mais il n'est jamais sorti en France. J'ai voulu raconter cette histoire en diminuant la dimension dramatique, en y intégrant plus de comédie et en trouvant une manière joyeuse de montrer ce drame. J'ai voulu que le public reste sur une note positive, une lueur d'espoir.
 
L'histoire repose sur une famille recomposée quelque peu atypique, et sur la manière dont elle peut fonctionner malgré les difficultés qu'elle rencontre. Quel sens avez-vous cherché à donner à cette fiction ?
L'idée était de raconter une famille improbable mais qui finalement offre ce qu'il faut à cette petite fille. On a Omar, un homme noir, qui n'est pas prêt à être père, et Clémence Poésy, une maman, blanche, qui abandonne sa fille. A ce couple mixte s'ajoute le parent de substitution, Bernie, l'ami homosexuel de Samuel, qui a aussi une importance dans l'histoire et apporte une dimension comique. On se rend finalement compte que tous ces personnages, même s'ils n'ont à priori rien à faire ensemble, offrent pourtant à Gloria tout ce dont elle a besoin, à savoir l'amour. Le message serait donc de dire qu'il n'y a pas de mère parfaite ou de père idéal, chacun s'adapte et fait de son mieux. Je considère qu'on est tous des mauvais parents, mais les meilleurs pour nos enfants. Dans le film, Samuel juge Kristin, qui représente alors la mère qui abandonne son enfant, et le public la juge aussi. Mais au final en prenant du recul, l'important semble être le bonheur de l'enfant.
 
Pourquoi avoir choisi Omar Sy pour le rôle de Samuel ?
J'avais très envie de tourner avec lui, je trouve qu'il a un charisme incroyable, c'est un acteur extrêmement drôle, expressive, et pour qui on a vite beaucoup d'empathie. J'avais aussi envie de le montrer autrement que comme un noir ou un gars issu de la banlieue, et c'est la première fois que sa couleur de peau n'est pas le sujet du film. Il a joué dans Intouchables, Samba, Chocolat, Tellement proches, des films dans lequel ses origines sont clairement mises en avant. Ce qui m'intéresse dans Demain tout commence c'est qu'il ne joue pas un papa français, mais simplement un papa, quel qu'il soit. Ça aurait pu être n'importe quel autre acteur français, mais c'était important pour moi de l'avoir lui. Et puis je voulais aussi faire tomber un peu les masques, notamment dans la deuxième partie du film, le montrer plus profond, plus torturé, et non plus seulement en tant qu'acteur comique comme on a l'habitude de le voir.
 
Comment avez-vous trouvé Gloria Colston pour jouer le rôle de l'enfant ?

J'ai d'abord lancé un casting, j'étais paniqué à l'idée de ne jamais trouver la bonne personne. Je cherchais une petite fille entre huit et douze ans, métisse, capable de parler couramment le français et l'anglais et surtout bonne actrice, parce que Gloria est quand même l'un des rôles principal en tête d'affiche avec Omar. On a lançé un casting aux Etats-Unis, en Angleterre, en France et au Canada, et sur internet également. Deux heures après, on recevait un mail avec un lien  d'une vidéo de Gloria. Elle était rappeuse et DJ, elle avait déjà  sorti son album de rap et elle mixait régulièrement. J'ai tout de suite vu l'artiste en elle, et j'espérais qu'elle soit aussi bonne actrice. Le temps qu'elle vienne en France, j'ai rencontré d'autres filles et aucune ne convenait pour le rôle. Puis Gloria est arrivée et j'ai immédiatement su que le rôle était pour elle. Elle a un charisme, un regard, quelque chose de lumineux, comme Omar, qui fait qu'on a envie de l'aimer. Il a ensuite fallu qu'elle apprenne à jouer pendant le tournage, elle avait une coach et on travaillait beaucoup avec elle en amont. Le dernier jour de tournage elle avait déjà tout compris aux techniques du cinéma, c'était impressionnant comme elle était brillante.
 
Quelles sont les réactions du public en général ?
J'ai fait une grosse tournée province en France avant la sortie du film, ensuite je l'ai vu en salle avec le public, puis en Allemagne et en Espagne notamment. Les gens sortent de la salle à la fois avec les larmes aux yeux et le sourire. Je me suis inspirée pour ce film Le Kid de Charlie Chaplin que j'adore, et qui est l'histoire d'un homme seul avec un enfant abandonné par sa mère, de la même manière que Demain tout commence. Ce film débute avec un carton noir sur lequel est écrit en anglais ?Un film avec des rires et peut être une larme?. Je trouvais cette combinaison d'émotions assez forte, et j'aime que l'on sorte du cinéma profondément touché mais avec des souvenirs de joie, de rires. Une simple comédie offre un bon moment, il n'y a rien de plus fort que le rire, mais il reste selon moi éphémère. Alors que l'émotion forte suscitée par le cinéma est toujours présente lorsque l'on rentre chez nous, et parfois même plus tard. J'ai vu des gens sortir de la salle et prendre leurs parents ou leurs conjoints dans les bras. Je trouve ça drôle que les gens ressentent le besoin de s'aimer après avoir vu le film.
 
Diriez-vous que le message que transmet ce film, finalement, serait de revenir aux fondamentaux, à l'amour ?
Oui, et c'est plutôt basique, l'originalité se situe davantage dans la manière de faire passer le message que dans le message lui-même. J'aime l'idée de partir d'un scénario très particulier, pour raconter finalement quelque chose d'universel. Je me rends compte lorsque j'assiste aux projections du film à l'étranger que malgré nos différences, il suscite la même réaction chez tous les téléspectateurs, qu'ils soient allemands, espagnols ou même russes. Quelque part on touche l'être humain en général, comme un retour à la pureté.
 
Qu'est-ce que cela signifie pour vous de présenter votre travail à Lisbonne ?
Je connais très bien le Portugal, mon ami d'enfance habite à Lisbonne donc je suis souvent venu ici quand j'étais jeune. Depuis je m'y rends régulièrement, je connais peu le nord mais je vais surtout en Alentejo où je loue une maison. Je comprends le portugais sans jamais l'avoir appris, ce qui est improbable, et le Portugal est mon deuxième pays de coeur. J'ai d'ailleurs insisté pour venir ici puisqu'à l'origine aucune avant-première n'était organisée. Je venais deux semaines en vacances au Portugal alors je me suis arrangé pour que le film sorte à ce moment là, et pour organiser un événement à cette occasion, donc cette avant-première à Lisbonne compte énormément pour moi.

Elise Dubourg (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mardi 11 avril 2017

 

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logofblisbonne
Publié le 10 avril 2017, mis à jour le 11 avril 2017
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