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EXPOSITION - “Une manière d’être moderne” selon José de Almada Negreiros au Musée Calouste Gulbenkian

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 28 avril 2017

L'ensemble de la production artistique intitulée ?Uma maneira de ser moderno? réalisée par José de Almada Negreiros est actuellement exposée au Musée Calouste Gulbenkian, et ce jusqu'au 5 juin 2017. L'exposition regroupe le travail hétéroclyte de cet artiste portugais du XXe siècle, appartenant au mouvement moderniste. Elle comporte à la fois des tableaux, des dessins et des illustrations qui reflètent le style avant-gardiste du peintre.



José de Almada Negreiros, un artiste complet
José de Almada Negreiros est un artiste portugais moderniste né

sur l'île de São Tomé le 7 avril 1893 et décédé à Lisbonne le 15 juin 1970. Artiste polyvalent, il était à la fois peintre, écrivain, poète, dramaturge et romancier. Il présente sa toute première exposition individuelle en 1913 dans l'Ecole Internationale de Lisbonne composée de 90 dessins, puis publie en 1915 ses poèmes dans la revue artistique Orpheu, avec Fernando Pessoa et Mário de Sá-Carneiro. Il édite ensuite le célèbre Manifesto Anti-Dantas e por extenso dans lequel il critique avec humour une ancienne génération trop traditionnelle et bourgeoise. Après avoir travaillé en tant que danseur et ouvrier à Paris entre 1918 et 1920, il revient à Lisbonne et crée deux tableaux pour le célèbre café A Brasileira. On peut encore aujourd'hui admirer les oeuvres dans ce café du quartier Chiado. L'artiste part ensuite travailler quelques temps à Madrid pour plusieurs magazines, puis revient au Portugal avec une collection d'oeuvres prolifique. Il devient alors un artiste clé dans l'art moderne portugais, influencé par les mouvements cubistes et futuristes notamment. Sous le régime autoritaire d'Antonio de Oliveira Salazar, son oeuvre est apparue comme à la fois alignée et provocatrice, mais il n'en est pas moins un agitateur artistique pour la société portugaise opprimée de l'époque.

Une exposition à l'image de son parcours

José de Almada Negreiros a toujours été considéré comme un artiste futuriste, inspiré entre autre par Filippo Tommaso Marinetti. Cependant son style est plus élargi et il est difficile de le restreindre à une catégorie. Au delà de son travail de peintre, il a également imaginé des oeuvres décoratives et extrêmement géométriques, en collaboration parfois avec des architectes et designers. Certains de ses travaux exposés dans des lieux publics expriment un engagement politique non dissimulé. C'est le cas en particulier de la peinture murale réalisée pour la gare maritime d'Alcântara. Il a également travaillé pour des dramaturges et des écrivains en illustrant des scènes de théâtre, des couvertures de roman ou encore des ballets. Son expérience en tant que danseur a d'ailleurs influencé son art, dans lequel il retranscrit avec précision la gestuelle, le mouvement, le corps et ses formes, pour évoquer souvent la notion de spectacle. Une part importante de sa production reste toutefois celle destinée au domaine littéraire, c'est-à-dire ses dessins réalisés au sein de magazine, de journaux et de romans. On retrouve également dans ses oeuvres une notion d'absurde qui rappelle les textes d'Eugène Ionesco, écrivain à la double nationalité franco-roumain du XXe siècle. Il a finalement exprimé une certaine provocation face au régime de Salazar en dénonçant une forme de conformisme à travers ses peintures.

Des oeuvres hétéroclites
L'exposition présente l'ensemble du travail de l'artiste, à la fois ses dessins au crayon extraits de sa collection privée, ses peintures issues de la collection moderne, mais également les journaux, magazines et autres supports où l'on retrouve ses illustrations. Son travail en tant que peintre ne se limite pas à un domaine, il a travaillé à la fois au crayon à papier, à l'encre de Chine, ou encore à la gouache. Il s'est également essayé à de nombreux supports allant du
papier, au bois, au canevas, au papier végétal, au carton, jusqu'au platex. Son oeuvre, aussi diversifiée soit-elle, révèle cependant chaque fois une attention toute particulière aux détails, à la précision, à une géométrie certaine. L'artiste aime jouer sur les formes et les couleurs, ses esquisses et dessins au compas et à la règle sont également visibles au Musée. Le portrait de Fernando Pessoa, ou encore sa réalisation de Prometeu, illustrent bien cette dimension géométrique et cette harmonisation colorimétrique. Il accorde aussi une place importante au monde du spectacle, de la danse et du cirque, en dessinant des scènes de ballet et des portraits de mimes.

L'artiste a finalement tenté à travers ses travaux d'exprimer sa propre vision de la modernité, non pas sous la forme d'une mode, mais comme l'affirmation pour l'artiste de son autonomie, au delà d'une simple appartenance à un style artistique. Son oeuvre a marqué l'époque par des représentations diverses, des expositions publiques, des conférences sur l'art.  Il n'aura cesser de réaffirmer chaque fois sa manière d'être un artiste moderne, sur tous les supports et tous les formats.

Pour plus d'informations sur l'exposition, cliquez ici.

Elise Dubourg (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) vendredi 28 avril 2017

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Publié le 27 avril 2017, mis à jour le 28 avril 2017
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