

Quelle capitale peut se vanter de posséder en plein centre un château-fort du Moyen âge? Siégeant sur une colline dominant les vieux quartiers de Lisbonne qui ont pour nom Alfama, Mouraria et Encosta do Castelo, les plus pittoresques et les plus authentiques, on peut y jouir d'une vue panoramique exceptionnelle.
(Photos : M.J. Sobral)
Un peu d´histoire
Ce château est aussi une mémoire vivante d'épisodes marquants de l'Histoire du Portugal; au long de ses murailles imposantes défilèrent Maures, Berbères, Arabes, Croisés de différentes nationalités du monde chrétien, Espagnols et Français, envahisseurs ou libérateurs qui restèrent plus ou moins longtemps à occuper les lieux.
On peut d'ailleurs supposer qu'à son emplacement si stratégique, perché en haut d'une colline et dominant l'un des plus beaux fleuves du monde, le Tage, s'érigea à l'époque romaine un site fortifié (Oppidum) du temps ou Lisbonne s'appelait Olissipio, "Felicitas Julia". Des peuples barbares, tels les Suèves et les Wisigoths, héritèrent de cette présence civilisatrice avant de la transmettre au monde musulman. Ces derniers édifièrent, au Xº siècle, cette construction militaire de grande sobriété, comme ils le firent à Sintra, Sesimbra, Montemor ou Monsaraz, en récupérant les fortifications déjà existantes.

Après le tremblement de terre de 1531, le jeune roi Dom Sebastião, qui se perdra au Maroc en 1580, le reconstruira et le choisira comme l'une de ses résidences préférées. Le château servira ensuite de caserne pendant l'occupation espagnole jusqu'en 1640, date de la Restauration de la souveraineté portugaise.

Une partie des édifices existants en son sein seront détruits par le tremblement de terre de 1755, au même titre que toute la partie de la ville érigée au pied de sa colline (a Baixa). En 1788, du temps des Lumières, une tour de l'Observatoire sera érigée dans son enceinte, lieu privilégié pour admirer les étoiles. Sous l'occupation militaire française de 1808, au cours de la première invasion napoléonienne, ce sera de nouveau une caserne avec le drapeau tricolore hissé sur l'une de ses tours, provoquant l'ire d'une grosse partie du peuple de la capitale portugaise.
Curieusement, le château sera laissé à l'abandon après cet épisode, bien que servant sporadiquement de caserne.
Un urbanisme croissant s'édifiant sur ses contreforts le fera presque disparaître au cours des années 1920, de nombreux édifices d'habitations effaçant complètement sa silhouette et typologie d'architecture militaire médiévale. Le château avait pourtant été classé comme Monument national, en 1910. Il faudra attendre 1938 pour qu'ait lieu des prospections archéologiques et la démolition des maisons ayant envahi les murailles.

Dans les années 1940, un gros travail de requalification se mettra en place, en s'appuyant surtout sur une valorisation historique, artistique et archéologique dans le cadre des Commémorations centenaires de la Fondation et Restauration de la Nationalité (1947), sous l'autorité de la dictature salazariste.
Déjà à partir de 1942, la Mairie de Lisbonne était devenue responsable de la gestion et de l'entretien du château São Jorge et assurera, dès 1944, la plantation d'une végétation improvisée et établie sans aucun projet paysagiste qui l'oriente. Cependant, au cours de la décennie suivante, le projet de l'architecte-paysagiste Gonçalo Ribeiro Telles (le même professionnel qui s'occupera du jardin de la Fondation Gulbenkian) se concrétisera en mettant en place sur les deux hectares que cernent les murailles un milieu recréant le plus fidèlement possible le biome méditerranéen auquel la végétation endémique de la moitié sud du Portugal appartient et plus particulièrement Lisbonne.
Cette végétation se caractérise par des forêts de "petits arbres", à feuilles souvent persistantes, épaisses, de petite taille, restant toute l'année verte malgré la sécheresse estivale; oliviers sauvages (Olea oleaster), micocouliers (Celtis orientalis), pin-maritimes (Pinus pinea), caroubiers (Ceratonia siliqua) ou chênes-lièges (Quercus suber) seront plantés de manière judicieuse pour offrir l'ombre nécessaire où des bancs et des tables pourront offrir au visiteur un espace propice au repos et à la convivialité.

Le château São Jorge est sans nul doute l'endroit le plus visité par les touristes de passage à Lisbonne. On l'apprécie pour la vue sans pareille qu'il nous offre, véritable belvédère sur une bonne partie de la ville et du fleuve, mais aussi pour sentir que c'est aussi un jardin chargé d'histoire qui peut nous faire voyager dans un passé lointain.
André Laurins (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) lundi 27 janvier 2014
Technicien agronome (maria.friesen@sapo.pt)
En Savoir plus : www.castelodesaojorge.pt
Activités tous les dimanches pour les plus petits.
Horaires : ouvert tous les jours
De novembre à Février de 9h à 18h
De mars à Octobre de 9h à 21h
Accès bus 37, Tramway 12 et 28
Parking : Portas do Sol / Chão do Loureiro, accès par la rua da Madalena









