Dans l'oasis de fraîcheur et de verdure qu'est le parc de la Fondation Gulbenkian, une exposition d'art public invite à la rêverie et peut-être plus
(Photos : Léonie Philipp)
Une créature égarée dans le temps
De parc d'attraction qu'il était autrefois, le terrain qui relie la Fondation Gulbenkian et son Centre d'Art Moderne est aujourd'hui un jardin des délices : l'eau y gargouille, les canards cancanent avec bonheur, le vent agite fraîchement arbres et plantes, et l'humain s'y sent bien : il lit, travaille sur son ordinateur, dessine, se repose, flirte, contemple ce qui l'entoure. Peut-être verra-t-il alors une créature égarée dans le temps, une réminiscence du passé de l'endroit, un rappel de l'histoire du Portugal : un rhinocéros. En résine ou fibre de verre certes, mais grandeur nature et harnaché comme il a dû l'être lorsqu'on le montrait dans les foires et les palais au temps des Grandes Découvertes. Extrait de son origine géographique et temporelle par le collectif d'artistes Raqs Media, le bien nommé "However incongruous" est l'une des oeuvres de l'exposition d'art public qui peuplent actuellement le jardin de la Fondation Gulbenkian.
"Próximo Futuro"
Cette initiative s'inscrit dans le Programme de Culture Contemporaine de la Fondation Gulbenkian : "Próximo Futuro", qui a vu le jour en 2009. De fait, certaines des ?uvres offertes au regard et à l'usage du visiteur l'étaient déjà l'année passée : c'est le cas des parasols de l'architecte portugaise Ines Lobo qui déploient sous le ciel de Lisbonne les dessins de quatre artistes : Rachel Korman, Bábara Assis Pacheco, Isaías Correia et Délio Jasse. Dispersés dans le jardin, ces grands champignons plats, tous pareils et tous différents, doivent être appréciés par le promeneur le nez en l'air, une position connue pour être propice à la détente et à la rêverie.
Si cette roulotte est un abri qui invite à l'évasion sur terre, celui conçu par Nandipha Mntambo, artiste née au Swaziland qui vit et travaille en Afrique du Sud, convie lui au voyage mental. Dressé au bord du lac du jardin et construit en osier, "Casulo" sera, selon l'imagination de celui qui y habite, la cabane d'un pêcheur, le nid d'un oiseau, le cocon d'où sortira une libellule, un creuset à fantaisie.
Rêverie, fantaisie, imagination des artistes ont donc rendez-vous avec les vôtres cet été dans un oasis de fraîcheur et de verdure sis au centre de la ville d'où partaient autrefois des marins en quête d'un avenir meilleur. Et si la promenade au jardin que vous propose "Próximo Futuro" était en fait un voyage dans le temps ?Anaé Legrand (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) jeudi 4 août 2011
(anaelegrand@gmail.com)
Jardin de la Fondation Gulbenkian, Av. de Berna, Lisbonne, jusqu' au 30 septembre