Les mois de mai et de juin se caractérisent dans les régions andines du Pérou par leurs nombreuses fêtes et célébrations religieuses qui marquent la dernière ligne droite avant le Inti Raymi.
Un de ces événements des plus importants mais également un des moins connus en dehors de sa région d’origine est le pèlerinage du Qoyllur Rit’i qui a lieu chaque année dans le département de Cusco et qui débute le jour de l'Ascension (qui correspond cette année au 9 mai) et qui se poursuit jusqu’à la fin de ce mois.
L’histoire du Qoyllur Rit’i
Qoyllur Rit’i (qui signifie en langue quechua “l’étoile de neige”: Quyllur (étoile), Rit’i (neige)) s’inscrit dans un lignée historique de croyances et pratiques religieuses qui remontent aux temps avant l'arrivée des européens dans cette région, la célébration telle que nous pouvons l’observer aujourd’hui est bien plus récente que ce que l’on peut imaginer.
Les formes modernes de ce pèlerinage remontent aux années 20 du siècle dernier. Néanmoins, la création du sanctuaire du Seigneur de Qoyllur Rit’i, situé au sommet de la montagne Sinakara, entre le Nevado sacré de Qullqipunku et de l’Ausangate, à plus de 5 000 mètres au dessus du niveau de la mer et dans le district de Ocongate dans la province de Quispicanchis, est plus ancienne et date du XVIII siècle.
Le pèlerinage
Le pèlerinage vers le sanctuaire du Seigneur de Qoyllur Rit’i, débute le jour de l'Ascension et se poursuit pendant plusieurs semaines jusqu’aux 4 jours après le dimanche de la Trinité, se divisant en plusieurs étapes (et donc en plusieurs processions). C’est pour cela que le plus adéquat serait de parler des pèlerinages du Qoyllur Rit’i.
Ainsi, au mois de mai près de 90 000 personnes venant de diverses communautés (connues comme “nations”) de la région de Cusco et qui sont les suivantes: Paucartambo, Quispicanchis, Canchis, Acomayo, Paruro, Anta, Urubamba et Chumbivilcas.
Néanmoins, ces nations se divisent en deux grands groupes qui rassemblent d’un côté les quechuas venant des régions plutôt agricoles (les Paucartambo) et de l’autre les quechuas qui viennent de régions d’élevages (les Quispicanchis).
Le pèlerinage en lui-même est organisé chaque année par le Conseil des Nations Pèlerines du Qoyllur Rit’i qui fixe les règles et distribue la nourriture.
Le maintien de l’ordre est encadré par les “Pablitos” qui portent des habits faits avec de la laine d'alpaga et portant des masques d’animaux et qui durant l’ensemble des célébrations réalisent de nombreuses danses.
En effet, les danses sont au cœur même de cette tradition puisque les membres des nations pèlerines exécutent plus de 100 danses différentes, propres à chaque communauté pendant les processions.
L’importance de la tradition du Qoyllur Rit’i
Même si les célébrations du Qoyllur Rit’i ont été inscrites sur la liste du Patrimoine Culturel de la Nation Péruvienne en 2004 ainsi que sur la liste du Patrimoine Immatériel de l’UNESCO en 2011, elles sont aujourd’hui menacées par le réchauffement climatique.
Ce phénomène est responsable de la fonte des glaciers, qui non seulement rend difficile l’accès à certaines zones mais qui impacte directement les habitudes prisent au fil du temps par les pèlerins, comme le fait de pouvoir transiter de nuit grâce à la lumière des rayons de la lune qui se reflètent sur la glace, or, en l'absence de glace, les pèlerins doivent recourir à des lampes de poche pour réaliser le même parcours.
Mais la fonte des glaciers a un effet beaucoup plus marquant pour les populations locales. En effet, ces derniers ont une connexion spéciale avec cet environnement si rude mais à la fois si particulier.
Il existe donc une perte de sens et de repères pour les habitants de ces régions de haute montagne, pour qui, les sommets sont des divinités protectrices.
Par conséquent, il est important de rappeler que la lutte pour la préservation de l’environnement doit être accompagnée par des efforts substantiels pour protéger ces traditions centenaires.