Créateur d’une marque de vêtements 100% éco-responsables et éthiques en 2020, Jean Guillaume Thyere met en avant le savoir-faire et les fibres naturelles du Pérou, tout en s’engageant socialement.
Franco-péruvien, Jean Guillaume a grandi à Paris avec cette double culture. Sa mère est originaire d'Arequipa dans le sud du Pérou. Début 2020, il fonde Pitumarka, une marque de mode éthique, avec le soutien de sa compagne Yasmine, une architecte écolo.
Cette aventure commence en réalité à la fin de l’année 2013. À l’époque, Jean Guillaume habite à Lyon mais il décide de tout plaquer pour aller s'installer au Pérou. Il y restera deux ans.
Je voulais en savoir un peu plus sur le pays d'origine de ma mère
Formé en marketing, il trouve du travail dans une entreprise, à Arequipa, qui fabrique des vêtements en alpaga. Ce sera ses premiers pas dans le monde de la mode éthique. Au bout d’un an et demi, il démissionne pour voyager à travers le Pérou. « Je voulais aller dans le nord du pays et voyager pendant plusieurs mois pour découvrir des lieux que je ne connaissais pas du tout ».
« En voyageant, je me suis vraiment rendu compte de la réalité péruvienne. Je suis allé dans des endroits très éloignés, je suis monté en altitude jusque dans des petits villages à 3.800 m. où les gens n'ont ni confort ni ressources, mais ils sont malgré tout extrêmement heureux en vivant très simplement ».
« J'ai fait la connaissance de communautés de tisseurs qui travaillent l’alpaga dans la région de Pisac à côté de Cusco. Ils m'ont hébergé pendant deux semaines et je me suis lié d’amitié avec eux, nous sommes devenus très proches ».
De retour en France en 2015, après deux ans passés au Pérou, Jean Guillaume garde en tête de vouloir aider ces communautés de tisseurs. « C'est comme ça qu’a mûri le projet de Pitumarka, avec aussi d'un autre côté, la volonté de faire connaître les nombreuses fibres naturelles péruviennes comme l’alpaga. Je suis très fier de mon côté péruvien, je parle souvent autour de moi de la culture péruvienne, des Incas, du pays... donc ce projet était aussi l'opportunité de montrer que le Pérou a le meilleur coton du monde, le coton de Pima ».
Une prise de conscience à la fois professionnelle et écologique
Le déclic arrive en 2019 pour Jean Guillaume, quand il prend conscience qu’il veut faire quelque chose de plus centré sur ses valeurs humaines et écologiques. Il décide alors de quitter le salariat.
« J'avais un CDI en France, j'étais dans ma zone de confort, le salaire qui tombe tous les mois, mais mon quotidien n'avait plus de sens. Je trouvais que ce que je faisais n'avait pas d'intérêt. Je n'avais pas d'impact sur la planète, sur les gens, je voulais faire plus à mon niveau sur le plan environnemental et social. J'étais en décalage par rapport à mes valeurs, à ce que je voulais faire et à comment je voulais dépenser mon énergie ».
Lors de cette phase de réflexion et d’introspection, Jean Guillaume s’aperçoit rapidement que l'industrie textile est l’une des plus polluante au monde. Pour essayer de changer ce constat, il décide de lancer sa propre marque de mode éco-responsable et éthique. Fin 2019, il annonce à son employeur qu’il part pour se consacrer au projet Pitumarka.
À mon niveau, je voudrais avoir un peu d'impact sur cette industrie en sensibilisant les gens
« Début 2020, je suis retourné au Pérou. J'ai posé les premières briques du projet en rencontrant les fournisseurs et en visitant des ateliers. J'ai pu retourner dans les communautés de tisseurs pour passer du temps avec eux, c'était génial ! J'ai travaillé pendant deux mois sur place pour lancer le projet ».
« Je suis rentré en France fin février, juste avant la crise, et comme nous avions fait quelques prototypes avec les fournisseurs, j'ai pu les tester en conditions réelles en France. Mais avec la pandémie, les usines ont été fermées pendant trois mois. Les entreprises textiles ont commencé à rouvrir fin mai avec des protocoles sanitaires très stricts. Nous avons recommencé à travailler avec un nombre limité de vêtements. Nous avons sélectionné une petite gamme de vêtements et l’activité a repris petit à petit ».
L’engagement éthique et social de Pitumarka
Le premier des objectifs éthiques du projet de Jean Guillaume est de faire travailler les péruviens dans de bonnes conditions. Il travaille donc avec des fournisseurs d’alpaga et de coton bio certifiés GOTS (Global Organic Textile Standard). Ce label certifie que la matière textile ne pollue pas l’environnement et qu’elle n’est donc pas toxique pour ceux qui la manipulent, mais aussi que les travailleurs reçoivent une rémunération juste.
Ensuite, l’engagement social de Pitumarka se définit en deux axes. Le premier prend la forme d’un soutien financier direct puisque la marque reverse 2% de son Chiffre d’affaires sur un pot commun servant à aider la communauté Amaru. « J'ai décidé d'allouer une partie de mes ventes pour aider les communautés de tisseurs du village d’Amaru. Nous reversons entre 1 et 5€ sur chaque vente pour aider cette communauté dans l’achat de biens de premières nécessités ».
Par ailleurs, Pitumarka s’est également engagé auprès de l’association « ANDES » qui soutient un groupement de six communautés d’environ 200 habitants chacune, situées près de Pisac, dans les environs de Cusco.
« Ces personnes vivent à la fois du tissage, mais aussi de la pomme de terre parce que c'est d’une part leur alimentation principale et d’autre part, parce qu’ils sont devenus les protecteurs de ce tubercule grâce à leur action avec le parc de la pomme de terre (« Parque de la papa »). Il s’agit d’une banque génétique alimentaire de plus de 1.300 variétés de pommes de terre, la plus grande au monde, qu’il est possible de visiter ».
« L'association « ANDES » fait monter en compétence les communautés à travers la formation de personnes référentes et ensuite, elle les aide à être autonome et à s'organiser pour qu'il y ait des échanges de savoir-faire et de la solidarité entre les six communautés. Elle soutient ces communautés et leur savoir-faire en essayant de promouvoir des techniques ancestrales de culture et de tissage ».
Cliquez ici pour en savoir plus sur l’association « ANDES »
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