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Malade à Lima ? Ce qu’il faut savoir pour naviguer le système de santé péruvien

Entre cliniques privées haut de gamme et hôpitaux publics surchargés, comprendre les rouages du système médical au Pérou est essentiel pour les expatriés. Voici nos conseils pour être soigné efficacement, sans perdre pied.

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Crédit : @Kaboompics.com
Écrit par Garance Chassé
Publié le 30 avril 2025

Personne ne prévoit de tomber malade en s’installant au Pérou. Et pourtant, entre une intoxication au ceviche mal conservé, une angine sévère ou une chute sur les trottoirs irréguliers de Barranco, mieux vaut être prêt.

Voici tout ce qu’il faut savoir pour se repérer dans le système de santé péruvien quand on est expatrié à Lima. 

 

Un système de santé à deux vitesses 

Le Pérou dispose d’un système médical mixte, partagé entre un secteur public largement sollicité et un secteur privé souvent plus performant… mais bien plus coûteux.

Le MINSA (Ministerio de Salud), principal acteur du public, couvre une grande partie de la population via le SIS (Seguro Integral de Salud), une assurance gratuite pour les plus modestes. À côté, EsSalud, financé par les employeurs, couvre les travailleurs du secteur formel. En théorie, tout cela fonctionne.

En pratique, les hôpitaux publics sont souvent saturés, les délais d’attente interminables et l’accès aux soins reste inégal, surtout hors de Lima. Les expatriés, eux, se tournent presque systématiquement vers les cliniques privées, réputées plus fiables, plus rapides… et bien plus chères. 

 

« J’ai eu une appendicite aiguë trois semaines après mon arrivée, raconte Clémentine, installée à Miraflores. Heureusement, mon assurance internationale a couvert les 5000 soles demandés par la clinique Ricardo Palma. Sans elle, j’aurais dû payer comptant ou me rabattre sur un hôpital public. » 

 

Assurance privée ou internationale : l’indispensable bouée de secours Pour les expatriés, le choix de l’assurance fait toute la différence. Une assurance santé internationale reste l’option la plus sûre : elle permet un remboursement rapide, voire une prise en charge directe dans les établissements partenaires.

Les cliniques privées de Lima – comme San Felipe à Jesús María ou Anglo Americana à San Isidro – exigent en général un paiement immédiat si votre couverture n’est pas reconnue. 

Autre option : la Caisse des Français de l’Étranger (CFE), que l’on peut coupler à une mutuelle privée. Pratique pour ceux qui veulent rester affiliés au système français, mais attention : la CFE ne rembourse souvent qu’à 50 % les soins réalisés hors d’Europe, sauf si vous avez souscrit une complémentaire adaptée. 

Les assurances locales, quant à elles, peuvent séduire par leur prix, mais elles restent moins couvrantes, avec des plafonds bas et des délais de carence parfois longs. 

 

« Quand ma fille a eu la dengue, se souvient Benoît, expatrié depuis 2021, notre EPS locale a bien couvert les examens, mais pas l’hospitalisation, pourtant indispensable. Depuis, on a tout basculé sur une assurance internationale. » 

 

Pharmacies omniprésentes et automédication facile 

À Lima, pas besoin d’ordonnance pour se procurer la majorité des médicaments. Les pharmacies – InkaFarma, Mifarma ou Boticas – pullulent dans les quartiers résidentiels comme populaires.

Antibiotiques, anti-inflammatoires, corticoïdes : beaucoup s’achètent librement. Ce laxisme, s’il peut dépanner, n’est pas sans risque. 

 

« J’ai vu des gens se soigner seuls avec des médicaments puissants, sans savoir vraiment ce qu’ils prenaient, témoigne Valeria, pharmacienne dans le quartier de Pueblo Libre. Ça fonctionne parfois, mais cela peut aussi masquer des symptômes plus graves. » 

 

En revanche, pour certains traitements chroniques ou spécifiques (antidépresseurs, insuline, contraceptifs injectables), une ordonnance est parfois exigée, surtout dans les grandes chaînes. 

 

Préparer son arrivée : les bons réflexes santé 

Avant de poser ses valises au Pérou, mieux vaut anticiper. Apportez une copie de vos ordonnances, idéalement avec la DCI (dénomination commune internationale) des principes actifs, ainsi qu’une trousse médicale bien fournie : antiseptiques, antidiarrhéiques, antihistaminiques, répulsifs anti-moustiques… 

Pensez aussi à une paire de lunettes de rechange, à vos vaccins à jour (la fièvre jaune est recommandée si vous partez dans la Selva), et à noter les numéros d’urgence, y compris celui de votre assurance. En cas de pépin grave, faites appel à une ambulance privée affiliée à une clinique, bien plus rapide que les services publics. 

 

Une réalité contrastée… à intégrer dans le quotidien 

 

MALADE
@Mirtha Rodríguez Rojas

 

Le système de santé péruvien, s’il peut sembler complexe et inégal, fonctionne à sa manière. Les expatriés y trouvent généralement leur compte en s’appuyant sur le secteur privé. Mais cette réalité quotidienne révèle aussi les profondes inégalités socio-territoriales du pays : selon les données de l’INEI, l’espérance de vie à Lima dépasse 78 ans, contre à peine 69 ans dans certaines zones andines reculées. 

Face à ces écarts, de nombreuses ONG tentent de combler les vides, notamment dans les communautés rurales, où la barrière linguistique (quechua, aymara) et la méfiance envers la médecine occidentale compliquent encore l’accès aux soins. 

 

S’informer, s’assurer, s’adapter...

Vivre au Pérou, c’est aussi apprendre à composer avec un système de santé pluriel. S’informer, choisir la bonne assurance, connaître les adresses fiables, garder ses documents à jour : autant de gestes simples qui peuvent faire toute la différence quand la santé vacille. 

Et surtout, ne pas oublier que derrière les cliniques modernes et les pharmacies éclairées, coexistent aussi des défis structurels profonds. Être expatrié à Lima, c’est bénéficier d’un confort relatif, mais aussi porter un regard lucide sur les réalités de son pays d’accueil.

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