Édition internationale

Héritage vivant : l’héritage et la force de la culture afro-péruvienne

La culture afro-péruvienne est un pilier fondamental de l’identité nationale du Pérou, un héritage vivant qui s’exprime avec force dans la musique, la danse, la gastronomie et une histoire de résistance.

AFROAFRO
@ Eze Joshua by Pexels
Écrit par Liliana Mayorga
Publié le 14 mai 2025

Malgré des siècles de marginalisation, la communauté afrodescendante a préservé et revitalisé son patrimoine, le transformant en un symbole de fierté culturelle et en une source inépuisable de créativité.

 

La présence afro-péruvienne remonte au XVIe siècle, avec l’arrivée des premiers Africains réduits en esclavage dans la vice-royauté du Pérou. Au fil du temps, ils ont affronté l’oppression coloniale, tout en tissant une identité collective toujours vivante. Cette histoire de lutte se reflète dans des expressions culturelles telles que le cajón, déclaré Patrimoine Culturel de la Nation en 2001, ainsi que dans les danses comme le festejo, la zamacueca et l’alandaluz.

 

Musique et danse : l’âme du peuple afro-péruvien

Des figures telles que Nicomedes Santa Cruz et Victoria Santa Cruz ont joué un rôle clé dans la renaissance de la culture afro-péruvienne au XXe siècle. Nicomedes, par sa poésie et sa musique, a donné une voix à l’histoire et aux émotions de son peuple ; Victoria, quant à elle, a revendiqué l’esthétique afro-péruvienne à travers le théâtre et la danse, avec des œuvres emblématiques comme On m’a crié noire (Me gritaron negra).

Aujourd’hui, des artistes contemporains comme Susana Baca, lauréate d’un Latin Grammy et ancienne ministre de la Culture, ont porté la musique afro-péruvienne sur la scène internationale. Son œuvre fait le lien entre les racines traditionnelles et les nouvelles générations.

 

Gastronomie aux saveurs afro

L’influence afro-péruvienne se savoure également dans la cuisine nationale. Des plats comme les anticuchos, la chanfainita ou le tacu tacu trouvent leurs origines dans l’ingéniosité culinaire des esclaves africains, qui transformaient les ingrédients les plus modestes en véritables délices.

 

Éducation et identité

Le ministère péruvien de la Culture a lancé ces dernières années des campagnes pour rendre visible l’histoire et les droits du peuple afrodescendant. Le 4 juin est célébré comme la Journée de la culture afro-péruvienne, une date qui rend hommage à la naissance de Nicomedes Santa Cruz et vise à promouvoir l’égalité ethno-raciale.

Cependant, les défis persistent. La discrimination structurelle, le manque de représentation politique et les inégalités en matière d’éducation et de santé touchent encore de nombreuses communautés afrodescendantes, en particulier dans les régions rurales de Piura, Lambayeque et Ica.

 

Un avenir enraciné

À travers l’art, la mémoire et l’organisation communautaire, la culture afro-péruvienne reste vivante, se réinvente et contribue à la construction d’un Pérou plus divers et inclusif. Reconnaître et valoriser cet héritage n’est pas seulement un acte de justice historique, c’est aussi une affirmation de ce que nous sommes en tant que nation : un pays forgé dans la diversité.

« Je ne suis pas l’esclave. Je suis la descendante d’un peuple qui lutte », disait Victoria Santa Cruz. Et cette phrase résonne encore avec force dans chaque battement de cajón, chaque vers et chaque pas de danse afro-péruvienne.

 

liliana mayorga
Publié le 14 mai 2025, mis à jour le 14 mai 2025
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