Triste record mondial pour le Pérou qui vient de dépasser la Belgique en ce qui concerne le nombre de morts lié au coronavirus par habitants.
Avec près de 86 morts pour 100.000 habitants, le Pérou détient désormais le taux de mortalité par Covid-19 le plus élevé du monde.
Le Pérou qui compte à ce jour 28.944 morts pour 652.037 cas recensés officiellement, est le troisième pays d’Amérique latine le plus endeuillé après le Brésil (209,5 millions d’habitants) et le Mexique (126 millions d’habitants), tout en étant bien moins peuplé (32 millions d’habitants).
Pour le Gouvernement péruvien, l’une des raisons principales de ce taux est le souci de « transparence » des autorités qui s’appuient sur un système de comptabilité qu’il estime parmi les « meilleurs » d’Amérique latine. Reste que le symbole est fort, d’autant plus que la question est posée : Faut-il faire confiance aux chiffres du Covid-19 au Pérou ?
Afin de comprendre pourquoi le Pérou a le taux de mortalité par Covid-19 le plus élevé au monde, de nombreux experts et médecins ont essayé d’expliquer ce record négatif en pointant notamment un système de santé précaire avec de faibles investissements dans le domaine de la santé et une pauvreté omniprésente dans le pays avec de l’emploi informel et de la surpopulation des ménages.
Un système de santé très précaire
« Malheureusement, nous avons un système de santé très précaire. Il nous manque 16.000 spécialistes au niveau national » a déclaré le président de la Fédération des médecins péruviens, Godofredo Talavera. « Nous manquons d’hôpitaux, de centres de santé, de médicaments, de laboratoires... Beaucoup meurent chez eux de peur d’aller à l’hôpital ou parce qu’il n’y a pas de lits ou de respirateurs », se désole-t-il.
La semaine dernière, des milliers de médecins se sont ainsi mobilisés pendant deux jours afin de dénoncer le manque de moyens et d’équipements de protection pour affronter la pandémie, alors que 146 d’entre eux sont morts du COVID-19. « Il y a un manque d’attention porté au secteur de la santé, qui est un problème chronique », déplore M. Talavera.
À ce jour, le Pérou dispose de 1.600 lits dans les unités de soins intensifs, qui fonctionnent sans interruption depuis des mois et le manque de lits gratuits signifie que de nombreux patients ont eu accès trop tard, alors qu’ils étaient déjà dans une condition très grave. Le taux de mortalité en réanimation au Pérou atteint ainsi 50 %, indique sous couvert d’anonymat un expert d’une organisation internationale basée à Lima.
Une pauvreté très présente : Logements surpeuplés et 70% de travail informel
En dépit de la croissance économique qu’a connue le Pérou au cours de la dernière décennie, un cinquième de sa population vit sous le seuil de pauvreté et des millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable. Faute de moyens de subsistance durables, de nombreux Péruviens sortent dans la rue pour travailler. Une grande partie de cette population ne comprend pas l’importance des gestes barrières comme se laver les mains, l’utilisation des masques ou encore la distanciation sociale.
La semaine dernière, une bousculade dans une discothèque de Lima a provoqué la mort de 13 personnes qui tentaient de fuir la police, venue faire respecter le couvre-feu. Environ 120 personnes s’étaient rendues à cette soirée ignorant l’interdiction des rassemblements.