En fin de mission en tant que directrice académique de l’Alliance Française de Lima, Stéphanie nous parle de son parcours et de son poste à forte responsabilité en cette journée des droits des femmes.
Depuis janvier 2000, date de son premier départ (pour le Mexique), Stéphanie Brémaud enchaîne les postes hors de France, principalement en Amérique du Sud. De l’Équateur au Brésil, en passant par le Costa Rica et la Colombie, cette spécialiste de l’enseignement de la langue française à l’étranger, est depuis presque 4 ans en poste au Pérou.
Cette année, cela fait 23 ans que j’ai commencé l’aventure de l’expatriation et quand je regarde dans le rétroviseur, je n’en reviens pas du chemin parcouru !!! J’ai toujours un immense plaisir à découvrir un nouveau pays et une nouvelle culture.
Vous êtes actuellement à la tête de la pédagogie à l’Alliance Française de Lima et quand on regarde votre parcours, on comprend que le continent sud-américain et cette institution sont importants pour vous…
J’ai toujours été passionnée par l’Amérique du sud, sa culture précolombienne, son art, sa littérature… donc après avoir étudié l’espagnol et le FLE (Français Langue Étrangère) à l’Université de Belle Beille à Angers, je me suis naturellement tournée vers ce continent. L’aventure commence pour moi au Mexique, dans une Alliance Française (AF). Je découvre cette belle association à ce moment-là, ses valeurs et ses missions…
Je dis souvent que je suis un produit Alliance Française car depuis 23 ans, à peu d’exceptions près, j’y ai toujours évolué professionnellement, comme professeure, coordinatrice pédagogique et directrice générale. J’y ai grandi, j’ai appris tout ce que je sais de ce métier grâce aux Alliances Françaises. C’est un très beau réseau, j’ai travaillé avec des collègues fabuleux qui m’ont inspirée et avec des équipes locales dont je n’ai pas cessé d’admirer leur engagement pour cette institution.
Parlez-nous de votre mission ici à Lima, au sein de l’Alliance Française la plus grande au monde !
Je suis arrivée en octobre 2019. Après trois ans en Espagne, j’allais retourner en France mais on m’a proposé le poste de directrice académique dans la belle et grande Alliance Française de Lima, ce qui représentait un gros défi puisqu’il s’agit de la plus grande AF au monde en termes de nombre d’étudiants différents, avec plus de 120 professeurs et une équipe administrative d’une vingtaine de personnes, uniquement pour la pédagogie.
Peu d’Alliance m’ont accueilli comme celle-ci, les équipes sont formidables !
À cause (ou grâce) au contexte de pandémie, cette mission a été une véritable aventure, mais aussi une grande opportunité pour exprimer ma créativité et mes idées. J’ai eu la chance d’être bien entourée avec une équipe qui a du répondant et qui a suivi la plupart de mes ambitions.
Avec le COVID-19, il a fallu passer en ligne plus de 400 cours présentiels, former des équipes en un temps record et entrer complètement dans l’enseignement numérique. Notre gestion de la crise a plutôt été réussie et même au-delà car nous avons atteint des chiffres records en 2021. Et puis, en 2022, nous avons dû mettre en place une nouvelle réalité d’enseignement basée sur une offre composée de plusieurs modalités : présentielle, en ligne et bimodale. Tout cela, et bien d’autres réalisations comme des actions de coopération linguistique à grande échelle avec l’enseignement du français pour 1700 élèves du système public dans tout le Pérou.
Toutes les AF où j’ai travaillé m’ont beaucoup apporté, mais cette expérience péruvienne est de loin la plus passionnante, dans la démesure et où la seule frustration a été le manque de temps pour pouvoir réaliser tout ce qu’on aimerait faire.
Mon équipe à Lima, je voudrais l’emmener au bout du monde… Comme à chaque fois, les 4 ans de mission sont passées trop vite et je partirai du Pérou avec beaucoup de nostalgie.
Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits des femmes, comment vivez-vous le fait d’être une femme directrice dans une Alliance Française ?
Le métier d’enseignant est majoritairement occupé par des femmes, les encadrants pédagogiques sont également très souvent des femmes, mais les directeurs beaucoup moins…
J’estime avoir eu beaucoup de chance au niveau professionnel, j’ai saisi les opportunités que l’on m’a données. Pour moi, être une femme qui occupe un poste de direction dans une alliance latino-américaine n’a jamais été un problème, ce qui n’a pas forcement été le cas dans mes expériences professionnelles en Europe.
Quant au fait d’être mère, cela n’a jamais été un frein pour mon travail. Mais il faut bien avouer que sans un mari dévoué qui s’adapte facilement, cela n’aurait pas été possible. C’est en rencontrant des femmes directrices dans les plus grandes AF, menant de front leur carrière et leur vie de famille, que je me suis dit que c’était aussi possible pour moi. Et ce qui est amusant, c’est qu’il y a quelques jours, une jeune collègue directrice m’avouait s’être inspirée de mon parcours pour se lancer elle-même dans cette aventure.
Comment voyez-vous votre futur après Lima ?
Tous les 4 ans, il faut se réinventer, c’est à la fois stressant mais également assez vivifiant. Pour le moment, la suite de l’histoire se déroulera pour quelques années en France, en attendant une nouvelle mission à l’étranger, que j’espère en Amérique du Sud…
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