

Les violentes protestations qui secouent le Pérou après l'échec de l'auto-coup d'État de Pedro Castillo, remplacé par Dina Boluarte, plonge le pays dans une nouvelle crise d’envergure.
État d'urgence au Pérou pendant 30 jours, mais pas de couvre-feu national
Le gouvernement de Dina Boluarte a déclaré l'état d'urgence nationale et propose d'avancer les élections à 2023 pour apaiser les violentes manifestations qui secouent le pays après l'échec de l'auto-coup d'État de Pedro Castillo. « Il a été convenu de déclarer l'ensemble du pays en état d'urgence en raison du vandalisme et de la violence, du blocage des autoroutes et des routes », a annoncé le ministre de la Défense, Alberto Otárola, bien qu'il ait assuré que la police et les forces armées contrôlent la situation.
Les manifestations et les blocages d'aéroports et d'autoroutes ont fait au moins huit morts et quelque 200 blessés en une semaine, selon le bureau du médiateur.
Les manifestants qui réclament la libération de l'ex-président et des élections immédiates, ont poussé la nouvelle présidente à proposer l’avancement des élections d'abord à avril 2024 puis à décembre 2023. « Légalement, les délais seraient adaptés pour avril 2024, cependant, en faisant des réajustements hier, en parlant, ceux-ci peuvent être avancés à décembre 2023 », a déclaré Boluarte à la presse mercredi.
Le ministre de la Défense, Alberto Otárola, a souligné que l'application de l’état d’urgence dans tout le Pérou ne signifiait pas que les activités commerciales ou économiques seront suspendues à Lima et dans les provinces. Les protestations et les barrages routiers ont forcé le gouvernement à demander aux forces armées et la police nationale de s’occuper de l'ordre intérieur et garantir l'ordre public pour les 30 prochains jours au niveau national.
En raison des manifestations et de l’état d’urgence national, les directions régionales de l'éducation de la métropole de Lima et de Callao ont annoncé que les écoles de la métropole de Lima et de Callao suspendaient les cours les 15 et 16 décembre, précisant que l'objectif de cette mesure est de "sauvegarder l'intégrité de la communauté éducative".
De nombreuses routes bloquées dans 14 des 24 régions du pays
Plus d'une centaine de tronçons d'autoroutes sont bloqués dans tout le pays. La radicalisation des protestations laisse des pertes de quelque 500 millions de dollars par jour au Pérou. Le coût des produits alimentaires augmente, alors que le Congrès débattra aujourd'hui 15 décembre de l'éventuel avancement des élections générales.
À Cusco, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants près de l'aéroport, qui reste fermé. Des centaines de passagers sont bloqués. Dans la ville de Machu Picchu, voisine de la célèbre citadelle inca, quelque 780 touristes de différentes nationalités sont également bloqués en raison de la suspension du service ferroviaire depuis trois jours.
A Arequipa, la deuxième ville du pays, les militaires gardent les places publiques et l'aéroport international - que les manifestants ont tenté de prendre lundi - pour empêcher des actes de vandalisme. A Puno, dans la région d'Aymara à la frontière avec la Bolivie, les autorités ont fermé l'aéroport et le syndicat des transports s'est joint aux protestations et a paralysé ses activités.
À Apurímac, la ville natale de Boluarte, des marches ont opposé la violence de la police à celle des manifestants. Des centaines de personnes demandent la fermeture du Congrès et affrontent la police. « C'est une situation de bouleversement social très grave, nous avons peur que cela ne débouche sur une émeute car il y a même des gens qui appellent à l'insurrection, qui demandent à prendre les armes », a déclaré la Médiatrice, Eliana Revollar.
Plusieurs syndicats agraires et indigènes ont entamé mardi une "grève illimitée" pour réclamer des élections législatives.

Le tourisme en crise, aéroports en état d'alerte : vols annulés, terminaux fermés…
Des centaines de touristes étrangers se sont retrouvés bloqués à Cusco. Les liaisons vers le Machu Picchu et le lac Titicaca sont suspendues en raison des violentes manifestations qui ont débuté lundi à Cusco avec des marches, des attaques contre des lieux publics et des tentatives de prise de force de l'aéroport international.
L'aéroport d'Arequipa restera fermé en raison de dommages causés par les manifestations.
Les protestations contre le gouvernement de Dina Boluarte ont dépassé les rues et les places. Dans des villes comme Andahuaylas, Arequipa et Cusco, des tentatives ont été faites pour envahir les aéroports, ce qui a affecté tout le transport aérien de la région, la plus touristique du Pérou, prenant ainsi en otage des centaines de touristes étrangers.

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