La vie d'Aline Gauguin, mère du peintre Paul Gauguin et fille de la féministe Flora Tristán, est celle d’une femme émotionnellement piégée entre ces deux personnages, égoïstement possédés par le génie.
MADAME GAUGUIN est un roman biographique -basé sur des événements, des personnages et des situations réels- qui recrée l'existence de cette femme blessée et renfermée par les circonstances, parmi des gens de renom et de pouvoir, alors qu'elle cherche le chemin de son propre épanouissement. Aline Gauguin règle ses comptes avec son passé familial dramatique et paie, sans le savoir, la naissance tardive mais fascinante de la vocation d'artiste de Paul Gauguin. Dans son livre, dont l’histoire se déroule dans la seconde moitié du XIXe siècle entre la France et le Pérou, la journaliste, écrivaine et critique d'art péruvienne résidant en Espagne depuis 1984, Fietta Jarque Krebs, met en lumière un personnage qui a vécu dans l'ombre de l'histoire.
La vie d'Aline Gauguin méritait un roman
Bien qu'elle ait décidé de faire profil bas tout au long de sa vie, éclipsée par sa mère Flora Tristán et par son fils, Paul Gauguin, Aline méritait que l’on raconte son histoire, c'est précisément le sentiment qui a poussé Fietta Jarque à écrire ce livre, pour lequel il lui aura fallu 18 ans. Si la timide figure d'Aline Gauguin trouve sa place dans l'histoire de « Madame Gauguin », c’est parce que l'auteure du roman a voulu répondre à des questions qui lui semblaient être restées sans réponses, toutes dirigées vers le personnage d'Aline, comme par exemple : Pourquoi Paul Gauguin ne savait-il rien de sa grand-mère ?
Aline Chazal, plus tard Aline Gauguin, est la quasi-inconnue qui unit deux icônes de l’époque : la penseuse féministe Flora Tristán, sa mère, et le peintre Paul Gauguin, son fils. Née en 1825 à Paris, elle meurt dans la même ville 44 ans plus tard. Elle a été abusée sexuellement par son père, le lithographe André-François Chazal, et lorsque sa célèbre femme, Flora Tristán, a porté plainte et a demandé la garde de leur fille, il a répondu en lui tirant dessus à bout portant. Aline a échappé à la révolution à Paris en 1948, s'embarquant pour Lima avec son mari, Clovis Gauguin, qui ne survivra pas au voyage. Avec ses enfants Marie et Paul, elle arrivera veuve dans la capitale péruvienne, pour vivre pendant quatre ans au milieu de l'instabilité politique de la jeune république.
Aline Gauguin, le lien fragile entre Flora Tristán et Paul Gauguin
Sans rien enlever à son dévouement, Flora Tristán avait une personnalité dominatrice et capricieuse. Il était difficile d'être avec elle et encore plus d’être sa fille. Cela explique pourquoi Aline était une femme discrète, qui voulait passer inaperçue. Flora était une personne avec une mission sociale si absorbante que les dommages collatéraux ont été nombreux : l'abandon de ses enfants, la manipulation d'Aline lorsqu'elle s'est séparée de son mari… ce qui a largement affectée sa fille.
A la mort de sa mère, c’est George Sand, la grande dame de la littérature française, qui devient sa protectrice. Aline a grandi dans les cercles intellectuels les plus fermés de Paris, et lorsqu'elle est arrivée au Pérou, sa famille de Lima était composée entre-autres du beau-père du président de la République. Elle s’est donc retrouvée au cœur des cercles les plus riches de la société péruvienne où elle se sentait toute petite. Aline a dû vivre parmi des gens célèbres, très puissants, les génies de son temps. Et tout cela a laissé des séquelles importantes en elle.
Dans la vie d'Aline, les premières années passées au Pérou ont été déterminantes également pour son fils Paul et l’évolution de son art. Il est en effet fascinant de voir l’influence de l’histoire préhispanique comme avec la présence de céramiques précolombiennes dans les premiers tableaux de Gauguin.
Comme pour toute la famille, Paul avait aussi une relation difficile avec sa mère. La terrible relation d'Aline avec son père a fini par se projeter sur son fils, qui à son tour a quitté sa femme et ses 5 enfants pour poursuivre sa vocation. Cette frustration avec sa mère a conduit Paul Gauguin à faire un seul portrait d'Aline. Mais la façon dont il la dépeint est presque un préambule aux femmes qu'il recherchera en Polynésie.
« Aline Gauguin n'aurait certainement pas pu imaginer que quelqu'un puisse écrire un livre sur sa vie. Mais je pense qu'elle représente toutes ces personnes blessées ou déplacées par le génie des autres, des personnes exceptionnelles qui avec leur passion font avancer le monde, mais qui laissent des victimes en chemin » explique Fietta Jarque.
Pour acheter le livre, rendez-vous sur le site de la maison d’édition : Fondo de Cultura Económica del Perú (Prix : S/ 45).