Édition internationale

Expo Amazónica 2025 : un salon pour l’Amazonie Péruvienne et ses producteurs

Du 2 au 5 octobre, l’Expo Amazónica a fait son grand retour à Tarapoto, berceau de la première édition en 2011.

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Écrit par Émilie PIEL
Publié le 14 octobre 2025

Dans cette ville du nord du Pérou, producteurs, artisans et institutions ont célébré la diversité culturelle et économique des territoires amazoniens.

Pendant quatre jours, les visiteurs se sont promenés dans un vaste espace aménagé par thèmes et par régions : stands de producteurs, zones dédiées à l’artisanat, à la gastronomie ou encore aux innovations technologiques. Entre les étals, des spectacles de danse traditionnelle faisaient résonner les tambours d’Ucayali, tandis que des ateliers de peinture et de dégustation invitaient petits et grands à participer.

Entre valorisation culturelle et ouverture économique, l’Expo Amazónica fait dialoguer les territoires amazoniens, offrant à la fois une scène à leurs traditions et un espace de soutien aux producteurs, artisans et communautés locales.

 

@ EXPO AMAZONIA
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Valoriser les communautés et les petits producteurs : des racines pour dessiner l’avenir

 

Il faut s’imaginer l’Expo Amazónica comme le “Salon de l’Agriculture” en version amazonienne : plus de 600 stands ont réuni près de 200 producteurs et entrepreneurs régionaux, venus présenter le meilleur du café, du cacao, du miel, du chocolat ou encore de la cacahuète. Une vitrine d’exception pour les produits emblématiques et les savoir-faire natifs de l’Amazonie péruvienne - des plantes médicinales aux artisanats communautaires, en passant par les initiatives écologiques et les projets de commerce équitable.

L’événement permet aux petits producteurs et artisans de rencontrer un marché de consommateurs, de rendre leur entreprise plus visible et de créer du lien avec des acteurs publics ou privés tels que des banques de développement, des institutions et des stands consacrés à l’innovation. Tulio, gérant de Garza Viva, une entreprise qui soutient les communautés amazoniennes de Loreto en vendant leurs créations artisanales, le confirme :

 

« Ce type d’événement nous aide beaucoup, c’est très important pour nous », confie-t-il. « Mais sans le soutien d’une ONG ou d’un ministère, il est presque impossible de participer. Il faut des ressources que les petits producteurs n’ont pas. Nous, par exemple, nous ne pouvons venir que grâce à l’appui de l’ONG Amazon Ecologic. »

Plus loin, la coopérative Shakaim, fondée par la communauté Achuar dans le Loreto, présente des huiles naturelles aux propriétés curatives, ainsi que des cosmétiques à base de plantes comme l’aguaje ou la sangre de Dios. L’organisation promeut une exploitation durable des ressources forestières tout en améliorant les revenus des familles Achuar, à la frontière avec l’Équateur.

La valorisation sociale passe aussi par la mise en avant de producteurs reconvertis après la culture de coca, soutenus par la Commission nationale pour le développement et une vie sans drogues (Devida). Dans ce secteur, les visiteurs découvrent des produits issus de ces reconversions - cacao, café ou fruits tropicaux - ainsi que des stands d’information et de sensibilisation animés par le dispositif Habla Franco et la Direction antidrogue de la police nationale (Dirandro).

 

A côté, un secteur entier est consacré à la promotion économique des femmes amazoniennes, où entrepreneuses et artisanes exposent leurs créations. Ces initiatives témoignent d’une Amazonie où la reconnaissance économique passe par la mise en réseau et la valorisation du travail local.

Si vous entendez un vacarme de moteurs et d’applaudissements, c’est que vous êtes arrivés dans le secteur des entreprises agro-industrielles. Là, les visiteurs testent du matériel dernier cri ou assistent à des démonstrations spectaculaires. On y parle d’efficacité, d’innovation, mais aussi de durabilité.

Mais la conversation est soudain interrompue par une troupe de danse traditionnelle, tambours à la main, qui serpente entre les stands et invite le public à les suivre.

 

Mémoire et identité : le patrimoine amazonien à l’honneur

Au-delà des affaires, l’Expo Amazónica est aussi une grande célébration du patrimoine amazonien. Danses, musique, gastronomie, artisanat : chaque région met en avant son identité et ses traditions, révélant une diversité souvent méconnue du grand public.

 

C’est ce que remarque Ana, installée depuis peu à Tarapoto et venue découvrir l’Expo Amazónica pour la première fois : « Descubrir la autenticidad también de cada región es interesante. »

Au stand de PromPerú, les visiteurs repartent les bras chargés de brochures et de petits souvenirs à l’effigie de chaque territoire. Un peu plus loin, le stand “Prestiños Huanuqueños” attire les curieux avec une dégustation de ses célèbres gâteaux au miel.

 

« On ne les trouve nulle part ailleurs au Pérou ! » s’exclame fièrement le vendeur.

À quelques pas, la librairie “Tierra Nueva” expose les ouvrages d’auteurs de Iquitos. Sa représentante, Patricia G. Morales Rengifo, explique qu’elle souhaite « valoriser la culture, la mémoire et aussi les langues locales ». Parmi les livres présentés, Los relatos de Fidel (Pidir Llinsercha’su’), du poète Fidel Lomas Chota, propose une édition bilingue shiwilu-espagnol. Patricia insiste sur l’importance de publier des ouvrages en langues natives, pour garder cet héritage qui risque de se perdre aujourd’hui. Elle évoque également des récits sur l’histoire du caoutchouc à Iquitos, « un thème très important, il faut que les gens en sachent plus ». Elle ajoute que la maison d’édition soutient aussi la création parmi les jeunes : une fillette de 11 ans vient par exemple d’y publier son premier livre.

 

EXPO AMAZONAS
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Entre deux stand, l’air embaume le cacao et le café fraîchement moulu. Dans l’auditorium n°1, le concours de dégustation du meilleur café capte toute l’attention, tandis que les plus audacieux s’affrontent à un jeu de culture générale sur les régions amazoniennes pour tenter de repartir avec une pâte de cacao 100 % offerte ou un pot de miel d’Oxapampa. Autour, le public les encourage en dégustant glaces et refrescos achetés par-ci par-là.

 

Janley, habitant de Tarapoto venu pour la troisième année consécutive, résume cette édition en trois phrases : « Más grande. Nuevo stands. Más cosas que ver. »

Une dynamique que l’on devine déjà prête à se poursuivre. « Être présents à la foire, c’est une manière de soutenir nos petites coopératives, nos artisans, et de montrer notre culture locale », confie Isabel Ccemte, promotora de negocio du gouvernement d’Ucayali.

C’est dans cette région, à Pucallpa, que se tiendra l’Expo Amazónica 2026.

 

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