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Entretien avec Gilles PERINET, nouveau proviseur du Lycée Français de Johannesburg

Gilles Périnet est le nouveau proviseur du Lycée Français de Johannesburg, où la rentrée scolaire vient d’avoir lieu. Il était, depuis 2020, le proviseur du Lycée Français René Descartes de Phnom-Penh, au Cambodge. Lepetitjournal.com/Johannesburg s’est entretenu avec lui, à l’occasion de son arrivée en Afrique du Sud.

Gilles PÉRINET, proviseur du Lycée Français Jules Verne de JohannesburgGilles PÉRINET, proviseur du Lycée Français Jules Verne de Johannesburg
Écrit par Philippe Petit
Publié le 17 septembre 2025, mis à jour le 27 octobre 2025

Propos recueillis par Philippe PETIT

 

Lepetitjournal.com : Monsieur Périnet, parlez-nous de vous. Quel a été votre parcours avant de poser vos valises à Johannesburg ?

Gilles Périnet : Je suis originaire de Charentes–Maritimes, et j’ai vécu une partie de mon enfance à Londres, où j’étais élève au Lycée Français.

Je suis marié et nous avons trois enfants. J’ai vécu dix ans, dans les années 1990, à La Réunion où nous avons des attaches familiales très fortes.

J’ai successivement été professeur d’Éducation physique et sportive dans plusieurs collèges et lycées. J’ai également été coordonnateur de la formation à l’agrégation dans les académies d’Orléans Tours et de la Réunion, et responsable de formation des jeunes enseignants d’EPS.

A partir de 2006, j’ai occupé des postes de proviseur dans divers établissements scolaires en métropole.

En mai 2020, j’ai été nommé Proviseur du Lycée Français René Descartes à Phnom Penh, une école prestigieuse et très renommée au Cambodge. Le roi Norodom Sihamoni est d’ailleurs un des anciens élèves du Lycée. Je suis resté cinq ans à la tête de cet établissement de plus de 1200 élèves.

Et après ces cinq années, au moment de choisir une nouvelle affectation, mon premier choix était celui de l’Afrique du Sud. Et il a été validé.

 

Lpj : Quels aspects de vos diverses expériences vécues ailleurs pensez-vous utiliser ou mettre en pratique au Lycée Jules Vernes ?

GP : Diriger un lycée Français à l’Étranger, ce n’est pas uniquement mettre en œuvre un enseignement en Français conforme aux programmes français.

C’est aussi contribuer à représenter la France dans le pays d’accueil.

Cela s’insère dans la mission d’influence de « l’Équipe France », en totale synergie avec les instances officielles - l’Ambassade, Le Consulat Général -, avec les autres acteurs chargés de la diffusion de la culture française - l’Institut Français et l’Alliance Française-, et aussi avec les associations qui œuvrent pour les Français résidant dans le pays, comme Jo’Bourg Accueil, WITC et d’autres.

 

Café d'accueil au Lycée Français Jules Vernes de Johannesburg

 

Je rencontre actuellement tous ces partenaires, pour les connaître et envisager avec eux les pistes de collaboration et d’actions conjointes.

J’insiste beaucoup sur la nécessaire collaboration de tous ceux qui, comme le Lycée Français, ont pour mission de représenter la France.

« La qualité de l’enseignement que nous dispensons, l’image de l’établissement, c’est l’image de la France. Nous sommes une École Française en Afrique du Sud. Et cette identité est essentielle. »

Notre mission repose sur trois principes :

  • Recevoir dans notre école des enfants des familles françaises expatriées dans ce pays,
  • Permettre à nos élèves d’être scolarisés selon le système français et d’y être intégrés, même si leur famille est mobile, ce qui est souvent le cas pour les expatriés,
  • Accueillir des élèves du pays hôte ou d’autres pays, qui seront un jour les témoins de l’éducation à la française et les porteurs de la francophonie et de la francophilie dans la société Sud-Africaine ou dans les autres pays d’origine des élèves.

Par ailleurs, être à la direction du Lycée Français de Johannesburg, c’est également être un acteur important dans la formation des enseignants puisque c’est ici qu’est basé l’Institut Régional de Formation (IRF) qui couvre 19 établissements de pays d’Afrique australe et orientale. Nous sommes le support de cette structure. La formation des enseignants est primordiale pour garantir la qualité des enseignements. C’est là une des grandes forces du réseau AEFE.

Comme pour toute nouvelle mission, je souhaite dans un premier temps prendre connaissance de ce qui existe, observer et rencontrer l’ensemble du personnel, les membres des instances avec qui je serai amené à collaborer, comme le comité de gestion du Lycée, les représentants des parents.

J’écoute, j’échange, je questionne, je m’imprègne, ce qui permet de commencer à dessiner des perspectives.

Mes expériences antérieures m’ont permis d’élaborer une méthodologie de prise d’information dans un nouveau poste, et des habitudes de management. J’ai une idée assez claire de ce que doit être un établissement français à l’étranger. Il faut affiner ces éléments au regard du contexte local, et en partageant les analyses avec les différents acteurs.

La direction d’un établissement scolaire à l’étranger doit être fondée sur une vision systémique de son fonctionnement, de ses problématiques et des éventuelles stratégies de développement, car tout est lié. Pour le faire évoluer efficacement, il faut partager cette analyse du système avec tous les acteurs.

Au final, l’important pour moi, c’est la transparence dans les décisions et la confiance partagée.

Le rôle du chef d’établissement, c’est de donner le cadre, la direction, et d’arbitrer 

Le Lycée Français Jules Vernes de Johannesburg
                                                 Photo : LJV

 

Lpj : Le LFJV est un important établissement, accueillant pour cette rentrée 2025/2026 976 élèves de la maternelle à la terminale, de 76 nationalités différentes. Quelle est votre vision, à votre arrivée ? Quels sont vos priorités et objectifs pour ces établissements ?

GP : Je viens d’un lycée AEFE qui accueillait 1300 élèves, et j’ai pu également diriger des établissements de taille importante en France. Je pense avoir acquis une bonne connaissance des structures scolaires complexes. Je viens donc avec des repères et des idées. Je dois cependant d’abord les confronter à l’existant, et en discuter avec les acteurs concernés avant d’en faire état.

L’un des objectifs de mon mandat sera de contribuer au développement de cette école, sous toutes ses formes. Notamment pour lui permettre d’offrir les moyens de remplir ses missions de façon plus complète et visible.

L’identité de l’école, son projet éducatif français, ses parcours linguistiques méritent d’être structurés et clarifiés.

Les effectifs du secondaire doivent être à terme plus étoffés, pour répondre aux exigences liées à la réforme du Bac qui donne aux élèves des choix multiples. Le lycée doit dépasser son seuil critique actuel pour pouvoir avoir à la fois plus de souplesse d’organisation et une offre pédagogique et éducative riche.

Ce qui peut évoluer également, c’est l’amélioration des conditions d’accueil, par exemple pour les salles de science, et les installations sportives.

 

Le Lycée Français Jules Vernes de Prétoria
                                                   Photo LJV

L’amélioration de l’offre pour l’établissement de Prétoria est aussi une piste de réflexion car cette implantation est stratégique pour l’influence de la France.

Nous aurons aussi à travailler sur les activités extra-scolaires qui méritent d’être développées et diversifiées, en particulier pour le secondaire et notamment dans le domaine culturel, avec des activités comme le théâtre en français.

 

Lpj : Vous avez eu une carrière bien remplie en France, et avez choisi l’expatriation pour la poursuivre. Constatez-vous une grande différence ?

GP : Il y a bien sûr des points communs entre un proviseur exerçant en France et un proviseur expatrié à l’étranger.

Mais diriger un établissement hors de France est différent sur certains points, par exemple :

  • Le système de cogestion avec le comité de gestion et avec l’Ambassade qui est la règle pour les établissements conventionnés de l’AEFE, (Agence pour l’Enseignement du Français à l’Étranger)
  • Les missions propres, beaucoup plus variées qu’en France, comme le recrutement des personnels, la gestion directe des budgets. Cela donne une plus grande liberté et des leviers d’action plus nombreux.

 

Lpj: Qu’apporte de plus, ou de différent le Lycée Français Jules Vernes aux parents et aux élèves, par rapport au système scolaire local ?

GP : Il ne faut pas nous comparer aux grands établissements Sud-africains, avec leurs énormes installations sportives et leurs campus démesurés. Ce n’est pas notre identité. Nous sommes une école Française, qui enseigne en Français la culture française dans un cadre plurilingue et multiculturel. Notre particularité est d’enseigner, en plus du Français, la langue anglaise, allemande et espagnole.

Par ailleurs, nous préparons nos élèves à passer le Bac français qui est un des seuls diplômes de fin d’études secondaires reconnu dans le monde entier. Et il conduit vers le système universitaire français qui est l’un des plus performants du monde, tout en étant financièrement accessible pour les familles.

Nos enseignants sont très qualifiés, nous contribuons à les former de façon continue. Et cette spécificité est reconnue ici.

 

Lpj : Le LFJV est un élément important pour la communauté des Français de Johannesburg. Comment envisagez-vous vos relations avec les associations de Français à Johannesburg, comme Jo’bourg Accueil, dont de nombreux membres sont aussi parents d’élèves au LFJV ?

GP : J’ai commencé à rencontrer des responsables de ces groupements ou structures qui aident les Français à bien vivre leur expatriation. Le Lycée continuera à collaborer avec eux, car comme je le disais, notre mission est commune.

De plus, nous sommes implantés dans un quartier où vivent beaucoup de nos compatriotes. Nos locaux sont à la fois bien situés, et ils sont sympathiques et agréables.

Ce sont de bonnes raisons pour accueillir leurs activités ou leurs permanences.

 

Lpj : Connaissiez-vous l’Afrique du Sud avant de venir ici en tant que proviseur ?

GP : Non, je ne connaissais pas l’Afrique du Sud. Je vais la découvrir, avec mon épouse, au fil du temps.

 

Lpj : Le fait que le rugby - que vous avez pratiqué pendant de nombreuses années - soit un sport national dans ce pays a-t-il eu une influence dans votre choix d’affectation ?

GP: Non, cela n’a pas eu une grande influence dans mon choix. C’est la cerise sur le gâteau ! Et j’irai voir les matchs autant que possible. Après 32 ans de pratique du rugby, on ne se refait pas …

 

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