Lepetitjournal.com a eu le privilège de rencontrer Monsieur David MARTINON, Ambassadeur de France en Afrique du Sud, au Lesotho et au Malawi, pour un entretien portant sur le rôle de l’Ambassadeur, ses activités et plus généralement sur l’actualité


Propos recueillis par Philippe PETIT
Lepetitjournal.com : Monsieur l’Ambassadeur pouvez-vous présenter votre parcours aux lecteurs de « Lepetitjournal.com » ?
Monsieur David Martinon : J’ai commencé ma carrière de diplomate en 1998. En 2002, j’ai rejoint le ministère de l’Intérieur où j’étais le conseiller diplomatique de Nicolas SARKOZY. J’ai poursuivi dans la même fonction au ministère des Finances, puis à nouveau à l’Intérieur quand il y est revenu. J’ai ensuite été porte-parole et directeur de la communication à la Présidence de la République.
Je suis revenu dans la carrière diplomatique en 2008, en étant nommé Consul Général à Los Angeles, où j’étais responsable pour la Californie du Sud, le Nevada du Sud, l’Arizona, le Nouveau Mexique et le Colorado.
J’ai ensuite été ambassadeur pour le numérique et la cybersécurité pendant plus de cinq ans. Je représentais la France dans toutes les négociations internationales concernant ces sujets.
En 2018, j’ai été nommé ambassadeur de France en Afghanistan, où je suis resté 33 mois, jusqu’à la chute de Kaboul.
LPJ : Cet épisode de la fermeture de l’Ambassade et de l’évacuation des ressortissants français et d’un certain nombre d’Afghans menacés a dû être une épreuve difficile à vivre ?
DM : Cela a été une épreuve difficile et extraordinaire à la fois. Je vous invite à regarder le documentaire produit par Canal +, « Kaboul chaos », tiré du livre que j’ai écrit : « Les quinze jours qui ont fait basculer Kaboul ».
Ce documentaire est le récit d’un échec géopolitique majeur qui se déroule sous nos yeux. » Justine SEBAGG
LPJ : Vous représentez la France en République d’Afrique du Sud, auprès du Royaume du Lesotho, et en République du Malawi depuis mai 2023. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette mission et quel est votre rôle auprès des Français de l’étranger installés dans ces trois pays ?
DM : La mission d’un ambassadeur est d’être le représentant du Président de la République et de chacun des ministres. Ma première mission est donc de soutenir les intérêts de la France dans ces trois pays, pour l’ensemble des champs gouvernementaux.
Mon plan d’action consiste à poursuivre trois objectifs généraux.
Le premier est un objectif politique, qui vise à renforcer nos relations avec ces trois pays, et notamment avec l’Afrique du Sud. Ce pays est le seul membre du G20 en Afrique, il est membre des BRICS, et c’est la première économie du continent.
Le second est de promouvoir les échanges entre nos pays et de soutenir l’économie française représentée ici par une communauté d’affaires très dynamique, qui est composée de 480 entreprises employant directement plus de 50 000 personnes. Les fleurons de l’industrie française sont actifs en Afrique du Sud. Nous avons d’ailleurs été en soutien de la récente opération de Canal+. Et nous suivons l’implantation du Club Med qui ouvrira son premier club en 2026 sur la Dolphin Coast, dans le KwaZulu-Natal.
Le troisième volet est la mise en œuvre de l’agenda transformationnel, décidé par le Président de la République et qui consiste globalement à transformer nos relations avec l’Afrique.
Deux consuls généraux sont présents dans le pays, sous mon autorité, Mme Sophie BEL à Capetown et M. Samuel DUCROQUET à Johannesburg.
LPJ : Comment la communauté française a-t-elle évolué ces dernières années en Afrique du Sud, au Lesotho et au Malawi ? Et quels sont ses besoins et ses spécificités ?
DA : La communauté française est active et dynamique. Après un ralentissement à cause de la Covid, il y a eu une reprise progressive du nombre de Français établis en Afrique du Sud. Aujourd’hui, ils sont 3 500 à Johannesburg et 3 000 au Cap. Ces deux communautés sont différentes dans leur composition. A Johannesburg, ce sont majoritairement des expatriés qui s’installent quelques années, employés par leur entreprise. Au Cap, ce sont plutôt des Français qui se sont implantés à plus long terme.
Au Lesotho et au Malawi, ils sont moins nombreux, et seules quelques entreprises françaises sont présentes. Mais les communautés sont actives. L’Alliance Française de Maseru au Lesotho est extrêmement dynamique. Elle représente le cœur de la vie culturelle dans le pays. Celle de Blantyre, au Malawi, est aussi un centre culturel de référence.
LPJ : Pourtant, dans ces pays, la proximité avec la France ne semble pas être évidente ?
DM : Détrompez-vous ! L’histoire des liens de la France avec le Lesotho est extraordinaire. Je vous recommande d’ailleurs de regarder le film The kingdom in the sky, produit par l’Ambassade de France à l’occasion du bicentenaire du royaume.
En 1833, le roi MOSHOESHOE Ier a fait chercher des jeunes missionnaires protestants français qui traversaient son territoire et il les a accueillis. L’un d’eux, Eugène CASALIS est devenu son conseiller et son ministre des Affaires Étrangères, et a contribué à la pérennisation de ce royaume.

LPJ : Comment décririez-vous la relation actuelle entre la France et l’Afrique du Sud sur les plans politique, économique et culturel ? Quels sont les secteurs où la coopération est particulièrement active ?
DM : Les présidents des deux pays sont proches et s’apprécient. Ils échangent et se consultent régulièrement, notamment à propos des crises actuelles et des conflits dans plusieurs parties du monde. Ils ont des positions communes dans la plupart des cas.
La France est très engagée avec l’Afrique du Sud pour l’accompagner dans sa transition énergétique. La France aura engagé 1 milliard d’Euros d’ici la fin de l’année dans ce domaine, principalement sous forme de prêts souverains.
Nos partenaires Sud-Africains se rendent compte aujourd’hui de la valeur de leur relation avec la France ainsi qu’avec l’Union européenne.
LPJ : Le Sommet du G20 va se tenir prochainement en Afrique du Sud. Quel est le rôle de l’Ambassade de France dans la préparation et dans la tenue de ce sommet ?
DM : Le rôle de l’Ambassade et de l’Ambassadeur est d’assurer le suivi de toutes les réunions ministérielles et des réunions des groupes d’engagement. Actuellement, en l’absence des ministres, mon rôle est de les représenter à chaque réunion ministérielle.
Cela a été le cas pour les réunions sur le tourisme, la recherche, le numérique, l’intelligence artificielle. Viendront ensuite le climat, la culture, etc…
Je serai également présent aux rencontres « Women 20, Business 20, Forum Social ». Les collaborateurs de l’Ambassade suivent et participent aux négociations des groupes de travail thématiques.
Nous préparons actuellement la venue du président de la République au sommet du G20, les 22 et 23 novembre à Johannesburg.
LPJ : Avez-vous un message à adresser aux Français expatriés résidant dans les trois pays où vous êtes le représentant de la France ?
DM : J’ai deux recommandations à transmettre à nos compatriotes.
D’abord, et c’est important, enregistrez-vous au Consulat, pour que nous soyons informés de votre présence dans le pays, en particulier en cas de crise.
Par ailleurs, pour ceux qui souhaitent voter, inscrivez-vous sur les listes électorales, pour participer aux élections présidentielles, législatives, et pour l’élection des Conseillers des Français de l’Étranger.
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