

Nicolas Doyard est Attaché Régional de Coopération Media pour l'Afrique Australe. Impliqué dans l'organisation du Festival du Film Français in South Africa, dont la première édition se déroulera du 2 au 12 février, il revient sur l'origine du projet, son organisation et les difficultés rencontrées
Lepetitjournal.com : Quel est votre parcours jusqu'à l'IFAS ?
Après une maitrise de communication, j'ai commencé à travailler dans l'audiovisuel comme cadreur-monteur pour la télévision en tant qu'intermittent du spectacle. Puis j'ai évolué vers la production documentaire pendant 3-4 ans. J'ai ensuite fait un MBA à
Sciences-Po à Paris pendant un an. Et j'ai fait un bref séjour à France 2 à la direction de l'information avant de partir pour la Namibie où, embauché par le ministère des Affaires Étrangères, j'ai travaillé pendant deux ans en tant que consultant pour la télévision nationale auprès de la direction pour l'organisation et la production.
Enfin, je suis venu en Afrique du Sud il y a deux ans, j'y ai développé mon portefeuille puisque je m'occupe désormais de toute l'Afrique australe.
Quel est l'objectif premier qui a entrainé l'organisation du Festival du Film Français in South Africa?
Le projet est né d'une envie de diffuser plus de cinéma français en Afrique du Sud et de le valoriser à travers un temps fort qu'est ce festival. Le dernier rendez-vous du cinéma français en Afrique du Sud remonte à 2008 mais nous n'en étions pas les organisateurs.
Nous avons basé notre projet sur trois principes forts :
1) Valoriser et faire une place au cinéma français contemporain
2) Lier les industries du cinéma français et sud-africain. Dans cette perspective, nous avons donné carte blanche à un réalisateur sud-africain, Oliver Hermanus, pour choisir l'ensemble de la programmation du festival. A 27 ans, le très talentueux Oliver Hermanus a déjà réalisé un premier long-métrage Shirley Adams qui a reçu de nombreux prix un peu partout dans le monde, dont le prix du meilleur long métrage au festival International du film d'Amiens.
3) Créer un festival du film décentralisé afin de pouvoir le diffuser le plus largement possible. Pour cela, on s'appuie sur les réseaux des Alliances Françaises dans toute l'Afrique du Sud.
Comment se passe la préparation de l'événement ? Rencontrez-vous des difficultés ?
On a été très ambitieux en choisissant ces principes. En choisissant des films contemporains (tous les films à l'exception du Silence de Lorna ont moins d'un an), on a choisi la difficulté car il est très difficile d'obtenir les films très récents. Pour chaque film, il a fallu téléphoner aux distributeurs, aux exportateurs, négocier les droits....
Ensuite on a aussi pris des risques en donnant le choix des films à un non organisateur du festival. Le choix du Silence de Lorna est un clin d'oeil à Oliver Hermanus pour qui les frères Dardenne sont les mentors.
Enfin, la décentralisation du festival dans les différentes villes est très compliquée au niveau de la logistique puisqu'il n'y a qu'un seul jour de décalage entre chaque ville. Mais l'avantage est que ça en fait un festival national. Et le lien avec les Alliances Françaises nous permet d'aller dans des lieux moins évidents comme Port Elisabeth ou Pretoria.
A ces difficultés liées aux principes s'ajoutent l'énorme difficulté financière car les crédits culturels sont très bas. Et trouver des sponsors pour un festival dont c'est la première, c'est pas facile. Mais ce qui a permis de compenser, c'est la dynamique humaine, on a une équipe très soudée. Dans chaque alliance, le directeur et la personne en charge de la culture sont impliquées.
Quels sont les événements prévus en 2011 qui pourraient intéresser nos lecteurs ?
Beaucoup d'événements sont prévus, je peux en citer quelques-uns....
On a un gros projet qui va durer toute l'année avec le compositeur-plasticien François Sarhan, en lien avec des artistes sud-africains comme Wiliam Kentridge. Plusieurs événements seront organisés tout au long de l'année comme une résidence avec des artistes sud-africains en avril, François Sarhan donnera un concert fin avril, il y aura également les ''conférences du professeur glaçon'' qui sont des lectures de textes et beaucoup d'autres choses.
Puis nous avons le projet ''Crossings'', un atelier international de danse qui aura lieu fin juillet-début aout.
D'un point de vue personnel, qu'est-ce que ce projet vous apporte ?
Beaucoup de travail. (Rires). Comme tous les projets ambitieux, c'est très stimulant.
Mais ce projet s'inscrit dans une action plus globale qui est de faire exister le cinéma français et de faire le lien entre le cinéma sud-africain et français. L'enjeu est également de mettre en évidence que le cinéma français est apprécié en Afrique du Sud et de ce fait inciter les distributeurs sud-africains à mettre plus de films français à l'affiche, il y a un vrai enjeu commercial.
Amélie Carissimo - www.lepetitjournal.com/johannesbourg.html - Vendredi 28 Janvier 2011
www.ifas.org.za/filmfestival



