Édition internationale

DIAMANTS – La vente en ligne bouleverse le marché des diamantaires

Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2014

Depuis un an, le site Bluedax, créé par deux frères israéliens Guy et David Harari, bouleverse le marché très confidentiel de la vente de diamants bruts. Des mines de Culinnan aux bagues des jeunes fiancées européennes ou asiatiques, les transactions des fameuses pierres restaient jusqu'à maintenant très secrètes.

Six diamantaires se rencontrent pour sceller une vente de 1.5 millions de $ de diamants bruts, ils ne sont ni à Anvers ou à Tel Aviv, mais simplement sur le cloud ! Le site Bluedax permet aux négociants de vendre et d'acheter des diamants directement sur internet, et depuis le mois de novembre, le site propose une véritable salle des ventes pour réaliser des enchères en ligne sur le modèle d'Ebay.

C'est une véritable révolution dans le secteur, où les transactions avaient l'habitude de se passer dans le plus grand secret à Anvers, New York, Tel Aviv ou Delhi. On discutait discrètement, puis on scellait l'affaire en se serrant la main. Maintenant, c'est avec quelques clics de souris que les transactions peuvent se réaliser.

Depuis sa création au printemps 2013, le site Bluedax compte environ 1000 clients et recense environ 50 millions de $ de vente de pierres brutes chaque mois selon Blomberg. L'avantage pour les professionnels, c'est que les prix sont connus et fixés à l'avance. Mais le site a décidé de lancer depuis le début du mois une véritable salle des ventes en ligne, qui va certainement encore ébranler le marché traditionnel du diamant brut.

Interrogé par le magazine spécialisé dans le secteur, JCK, le co-fondateur de Bluedax raconte comment l'idée lui est venue après 20 ans de courtage dans le diamant brut : « Comment se fait-il que je ne puisse pas me connecter à mon ordinateur et voir ce qui se passe sur le marché du diamant brut ? Pourquoi dois-je parcourir le monde entier, appeler toutes sortes de gens ? Je peux trouver le prix d'un hôtel au Zimbabwe, mais je ne peux pas trouver celui d'un diamant. »

L'opacité qui existait jusqu'alors sur ce marché du diamant brute devenait aussi un frein pour les investisseurs, banquiers ou états qui n'arrivaient pas à évaluer les retours sur investissements des projets de cette industrie, ou du montant des taxes gouvernementales à prélever.

« L'industrie diamantaire et tous ses acteurs avaient besoin de donner plus d'informations sur les valeurs de ces pierres brutes »déclare Jeremy Wrathall, Directeur de la branche ressources naturelles à Investec Bank à Londres, « nous avions besoin de plus de clarté sur ce marché, afin de rassurer nos investisseurs et actionnaires sur ce secteur ».

D'après certains analystes, il existerait de 12 000 à 16 000 prix différents pour le diamant brut, qui n'a pas aujourd'hui comme les autres ressources minières des prix établis mondialement. Le groupe minier De Beers, qui produit et vend plus de 40% de diamants bruts extraits sur la planète, ne publie pas les prix des pierres précieuses de ses dix ventes aux enchères, les « sights » qu'il organise annuellement dans ses bureaux de Gaborone (Botswana).

Environ 80 acheteurs mondiaux ont accès à ces « ventes privées ». Chaque participant se retrouve devant une boite avec plusieurs petits sachets plastiques contenant différentes diamants bruts. Il est invité à avoir fait une offre avant le début de la vente sans savoir le contenu ou avoir vu les produits, il connait simplement le montant qu'il a fixé pour cet achat, très souvent en dizaine de millions de $.

Quel que soit le contenu de sa « boite », l'acheteur peut simplement l'accepter tel quel ou bien quitter la vente. Si il l'accepte, il est ensuite libre de revendre le contenu de sa boite aux différents intermédiaires du secteur en valorisant son privilège de faire partie des acheteurs autorisés à ces « sights ». S'il refuse, il risque de perdre ce précieux privilège auprès de De Beers.

L'un des buts du site Bluedax est de capter ces acheteurs privilégiés et de leurs proposer de mettre en vente le contenu de leurs boites sur le site internet, mais aussi de permettre à d'autres acteurs du marché d'accéder à plus de clients potentiels, notamment pour les diamants du minier russe OAO Alrosa.

« Les mentalités qui entourent le marché du diamant sont vieilles de plus de 100 ans, et il faudra plus de temps que dans d'autres secteurs pour les faire évoluer » déclare Guy Harari, « mais nous croyons que la nouvelle génération apportera ce changement à notre industrie. »

Richard Simonnet (www.lepetitjournal.com/johannesbourg.html) Jeudi 13 novembre 2014

 

 

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Publié le 12 novembre 2014, mis à jour le 13 novembre 2014
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