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L’un des trois Français rescapés du tsunami de Palu témoigne

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Joëlle, Jean-Marc et Pascale rescapés du Tsunami de Palu.
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 5 octobre 2018, mis à jour le 7 octobre 2018

Ils étaient venus passer trois semaines de vacances en Indonésie, leur voyage ne faisait que commencer. Tremblement de terre, tsunami, fuite dans les hauteurs, solidarité indonésienne, aujourd’hui ils ont eu la chance de revenir et ils témoignent. 

Originaire de Grenoble, Joëlle, Pascale et Jean-Marc amoureux de l’Indonésie n’en étaient pas à leur premier voyage sur l’archipel. Ils revenaient cette fois pour découvrir les îles Togian et Wakatobi en Sulawesi. Ils étaient installés seulement depuis une heure à leur hôtel en bord de plage à Palu.

Le tremblement de terre et le tsunami

Jean-Marc nous raconte : « J’étais à la réception de l’hôtel, j’ai entendu comme un bruit de tôle ondulée. J’ai pensé, il y a du vent puis j’ai été projeté à terre par la secousse. On ne pouvait pas tenir debout. C’était d’une force incroyable. Un trou s'est formé à coté de mon épouse, un scooter a volé sur le bord de la plage... Lorsque nous avons pu nous relever avec mon épouse et notre amie, nous avons décidé de reculer derrière la première ligne de bungalows. Les sirènes ont retenti. La mer bouillonnait,  il a dû se passer 10 mn entre la première vague et le tremblement de terre. Ensuite, une deuxième vague plus forte est arrivée, je me suis retourné, j’ai vu un arbre. Nous avons décidé de nous y accrocher. Nous avions de l’eau jusqu'à 1m50, des feuilles de palmier sont venues se prendre dans les branches, tentant de nous emporter avec elles. Nous avons dû rester attachés à l’arbre peut-être plusieurs minutes. L’instinct de survie sans doute nous a fait tenir. La mer s’est vite retirée, il restait 80 cm. Nous sommes retournés vers l’hôtel. Le restaurant construit sur des piliers en bois avait tenu, sur la plateforme le propriétaire et son équipe étaient là. Nous les y avons rejoints. Après les nombreuses secousses qui ont suivi, le propriétaire a décidé qu’il nous fallait atteindre les hauteurs. Nous sommes partis, il faisait nuit ; nous marchions sans chaussures, dans l’eau, la boue, les ronces, peu importe il fallait avancer. Nous avons atteint un plateau où une centaine de personnes étaient là assises et attendaient. Nous avons attendu le lever du jour. Plus d’électricité, la pluie, il fallait gérer le stress… Ce fut la nuit la plus longue de ma vie. »

Le lendemain

« En fait, nous ne savions rien de ce qu’il s’était passé, c’est lorsque je suis retourné avec un employé de hôtel voir si l’on pouvait retrouver nos bagages que j’ai compris. J’ai vu un camion avec des cadavres, tout était détruit. C’était une vision apocalyptique. Le propriétaire nous a emmené chez son beau-frère qui avait une maison plus loin dans la campagne. Il avait un groupe électrogène. Nous avons pu charger un téléphone et contacter l’ambassade. Pascale ne part jamais sans son carnet où les numéros d’urgence sont inscrits. Nous avons pu contacter l’ambassade lundi et notre rapatriement a été organisé.

C’est avec déchirement que nous avons laissé les familles qui nous avaient aidés, nourris, et avec qui nous avions partagé ces journées indéfinissables. Nous nous sommes rendus à l’aéroport de Palu, où des centaines de personnes attendaient un départ. Et lorsque nous sommes arrivés nous, trois européens avec nos sacs à dos et sommes passés devant eux, ce fut très difficile, une mère a voulu me confier son enfant. 

Un avion militaire est arrivé chargé de kits de survie. Nous les avons aidé au déchargement. C’était la panique autour de nous. 200 personnes sont montées à bord, direction Makassar où une personne du consulat nous attendait. »

Retour à Jakarta

Tous trois sont à Jakarta en bonne santé, conscients de leur chance et préparent leur retour à Grenoble. Encore épuisés physiquement et moralement, ils passent par des émotions différentes mais ne cessent de penser à ce qu’ils ont vécu et à ces gens qu’ils ont rencontrés et qui dans ces moments difficiles ont tout partagé avec eux. Le bilan humain ne cesse de s'alourdir 1424 personnes ont perdu la vie. On compte aussi 2500 blessés et plus de 70.000 personnes déplacées.

Jean-Marc souligne l’efficacité logistique du service consulaire, mais aussi l'importance du soutien moral qui leur est apporté.

Il a pu contacter le propriétaire de l’hôtel qui est parti retrouver sa famille à Makassar. Jean-Marc reviendra c’est certain à Palu, pour comprendre et revoir tous ces visages qu’il a croisé ces trois journées.

 

Crédit photo: Lepetitjournal.com Jakarta

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Publié le 5 octobre 2018, mis à jour le 7 octobre 2018