Le ministre des Affaires étrangères a effectué hier une visite en Indonésie, qu'il a lui-même qualifié de préparatoire à la visite présidentielle prévue à la fin du mois de mars. Durant cette journée marathon, Jean-Marc Ayrault a rencontré son homologue indonésienne, Madame Retno Marsudi ainsi que le ministre de l'énergie et des ressources minérales, Monsieur Ignasius Jonan.
Il a également rendu une visite de courtoisie, pour reprendre le langage diplomatique, auprès du Président Jokowi durant laquelle différents thèmes ont été abordés comme les droits de l'homme ou le dossier de l'huile de palme. Entretien qualifié de « très cordial » par le ministre. L'après-midi a été plus détendue avec une conférence sur les relations internationales actuelles devant un parterre de jeunes Indonésiens captivés, une rencontre en petit comité avec les alumni fort appréciée de ces derniers, une visite en compagnie de bénévoles du PER et enfin l'inauguration de l'exposition de l'architecte Jacques Ferrier. Le ministre a également pris le temps de répondre aux questions des correspondants de presse français basés à Jakarta.
Après le MEDEF et avant la visite de François Hollande, vous voici à votre tour en Indonésie. Pourquoi autant d'intérêt soudain pour l'Indonésie de la part de la France ?
Dans le monde dans lequel nous vivons actuellement, il est essentiel que la France renforce ses relations avec l'Asean. Or l'Indonésie représente un point d'équilibre régional de part son poids au sein de l'Asean (pour mémoire, l'Indonésie contribue pour 40% au PIB de l'Asean). Au-delà du poids économique du pays, nous partageons des préoccupations communes. Et la France recherche des partenaires qui partagent les mêmes valeurs, la même vision des relations internationales basée sur le multilatéralisme dans un contexte de montée des nationalismes. C'est plus nécessaire que jamais. Le monde a besoin de pôles de stabilité et de référence ? tels que l'Asean et l'Union Européenne - qui partagent le souhait d'une mondialisation civilisée.
Mes discussions avec madame Retno Marsudi sont fréquentes et nous travaillons ensemble sur la question israléo-palestienne pour laquelle nous avons les mêmes vues. La question de la lutte contre le terrorisme est également revenue dans tous mes entretiens : l'Indonésie est un modèle de tolérance, dans sa pratique de l'Islam et dans sa façon de respecter les autres religions. Nous devons montrer au monde que l'Islam n'est pas une menace et que l'attitude de Monsieur Trump qui prend en bloc un pays et le bannit, n'est rien d'autre que de la discrimination. Dans ce contexte-là, saluer le modèle indonésien est important.
D'un point de vue économique, les entreprises françaises rencontrent souvent des difficultés administratives en l'Indonésie, ce sujet a-t-il été abordé ?
Les entreprises que j'ai pu rencontrées m'ont en effet fait part de leurs difficultés. Mais aussi de leurs convictions que c'est possible. Les difficultés se surmontent par le dialogue et la coopération. La visite du MEDEF a été une réussite sur ce point. L'Indonésie est dans une période transitoire, avec une simplification administrative qui est en cours vers plus de standards internationaux et une lutte contre la corruption. Le Président Jokowi s'est d'ailleurs félicité de l'accord bois, le « FLEGT », signé avec l'UE et sur le modèle duquel nous pouvons travailler concernant l'huile de palme. J'ai relevé également une forte demande de l'Indonésie sur le tourisme. Le pays souhaite se développer au-delà de Bali et il y a pour cela des besoins importants sur toute la chaîne industrielle touristique. La France avec ses 83 millions de visiteurs en 2016 a acquis depuis longtemps un savoir-faire dans ce domaine qui peut être utile à l'Indonésie.
Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/jakarta) mercredi 1er mars
Crédit photos : Lucie Pech
